Night Shop et Kevin Morby : quand “Oh My God” résume bien la soirée

LIVE REPORT – Sur sa plus longue tournée “régionale” hors États-Unis, Kevin Morby s’est arrêté à La Laiterie. Un concert entre amis qui prouve que la guitare suffit.

Quand Kevin Morby part en tournée, il amène toujours ses amis avec lui. Et quels amis… Ceux qui le suivent depuis ses débuts le savent. L’entourage du musicien est aussi talentueux que lui : Anna St-Louis, Meg Duffy aka Hand Habits, Justin Sullivan aka Night Shop… Tous sont capables d’écrire de magnifiques pépites à la guitare. Et c’est Night Shop qui avait l’honneur d’ouvrir pour son ami sur cette date à la Laiterie. Pour notre plus grand bonheur.

La magie Night Shop

L’album de Night Shop, In The Break, sorti en 2018, était déjà une excellente surprise. Le découvrir bon songwriter à travers des titres mi-folk, mi-pop, sincères et lumineux, faisait de cet album un de ceux qu’on aime écouter, oublier, et redécouvrir continuellement. Mais son set s’est trouvé bien différent. Parce que sur cette grande scène de la Laiterie, c’est tout seul avec sa guitare et un ampli qui grésille qu’il s’est présenté. Et ça, on ne le répètera jamais assez, c’est le test ultime.

  • Night Shop
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La sincérité et la simplicité de son album sont soudain devenues une force calme mais implacable. Ce genre de truc qui provient d’un crooner en veste en jean, qui gratte quelques cordes sous la lumière d’un spot, en te racontant des histoires qui vont droit au cœur et qui te laissent sans voix. Ce genre de truc qui tout d’un coup te transforme une grande salle en salon intime, au point d’être persuadé que si le micro se coupait, que si l’ampli rendait l’âme, alors tout cela serait encore plus beau. Ce genre de truc qui te fait monter les larmes et te fait du bien. Qui te rappelle pourquoi t’es là malgré tout. Parce que la musique, tout simplement.

Costume blanc et trompette au programme

Cet instant suspendu passé, et la salle un peu plus remplie, c’est Kevin Morby qui arrive et s’installe aux claviers. À la base prévue comme un set solo, puis duo, on a vite découvert que tout cela était réducteur pour un artiste qui a toujours tracé son propre chemin. D’abord à deux avec le trompettiste Hermon Mehari, puis seul, puis à trois avec Hermon et Justin à la batterie, puis à deux avec Justin, puis seul avec sa guitare électrique , puis de nouveau à trois… Peu importe la configuration, le noyau central restait la marque de fabrique de Morby : sa voix et sa guitare électrique.

  • Kevin Morby
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Moi qui avait gardé le souvenir daté d’un mec à chemise toute simple, au regard un peu fuyant, j’ai redécouvert un Kevin Morby en costume blanc floqué de signes évocateurs de son dernier album Oh My God, assumant totalement son statut de leader d’un folk-rock indépendant. Et il a bien raison. Parce que tantôt sublimées par la trompette, tantôt rythmée par la batterie, chaque chanson des différents albums qui défile prouve un peu plus le pouvoir de Kevin Morby. Celui de mettre tout le monde d’accord sur son talent.

Kevin Morby : le set impeccable

Voix et style à la guitare, reconnaissables entre mille, font remonter les souvenirs. Comment ne pas marquer le rythme avec un sourire entendu, et se dire que tout ça est tout de même assez parfait, quand on regarde Kevin Morby devant soi ? Je crois que tout le public est déjà d’accord sur ce point quand résonne “Parade”. Cette chanson (la meilleure de l’artiste non ?), d’une classe magnifiée par la présence de cette trompette, sera l’occasion pour le public de jouer les chœurs sans se faire prier. Et, encore une fois, de transformer la Laiterie en petite assemblée entre amis.

Mais une heure s’est déjà écoulée et Kevin Morby n’est pas un habitué des concerts interminables. Il décide de clôturer son set avec une chanson qu’il trouve parfaite pour rassembler les gens, peu importe la folie du monde dehors. Hermon et Justin quittent la scène et “Beautiful Strangers” résonne alors. Choix indiscutable pour cette chanson écrite en réaction aux nombreux attentats du tournant 2015-2016. Merci.

Rappel en apothéose

Tout aurait pu s’arrêter là, et cela aurait déjà été parfait. On aurait pu se quitter un sourire aux lèvres, singing oh my God, oh my lord. Mais c’était sans compter le rappel, à l’orgue, puis à la guitare. Le public s’est mis à réclamer des titres (quelle horrible habitude). Mais plutôt que de se lancer dans un “medley de tous ses titres qui durerait plus que le concert lui-même”, Kevin Morby avait bien entendu décidé d’avance. “Harlem River” retentit pour le plus grand bonheur de tous. Un “Harlem River” très électrique, qui finira en véritable apothéose. Débauche de trompette, de riffs presque grunge et de cheveux secoués. En résumé, comme tout le concert : parfait.