David Keenan : Irlande, mon amour

COUP DE CŒUR – On peut toujours compter sur l’Irlande en cas de coup dur musical. Elle nous a offert récemment Fontaines D.C, Murder Capital. Dans un registre folk, elle nous offre David Keenan. Merci.

Cheveux bouclés, barbe naissante. Une coupe de cheveux à la Peaky Blinders. Un look de dandy débraillé, poète romantique du 19è siècle. Look accentué par ces petites lunettes rondes qu’il porte parfois. Dans ses yeux, tu peux lire le spleen de l’artiste. Une mélancolie – ni heureuse, ni malheureuse – au songwriter. C’est David Keenan. Il est Irlandais et chanteur folk.

En matière de folk, tu en conviendras, on est un peu dans le creux de la vague. La mode est passée, diraient les plus cyniques. Chez nous, en tout cas. Dans les pays anglo-saxons, chez qui cette tradition fait partie du patrimoine génétique musical, c’est toujours là. La source ne se tarit jamais. Du coup, il y a pléthore d’artistes folk. Le risque, c’est qu’ils se ressemblent tous un peu. Mais, de temps en temps, il y en a qui sort du lot. Il y a lui.

Les profondeurs de l’âme

David Keenan ne réinvente pas le style. Si on devait comparer, parce qu’on le fait toujours, même si on ne le veut pas, on dirait qu’il se situe dans la lignée d’un Glen Hansard, d’un Damien Rice. Comme ses illustres grands frères, c’est un conteur. C’est un garçon qui parle, chante, écrit avec le cœur. Et le cœur ne ment jamais. On le sait tout de suite quand un artiste ne croit pas en ce qu’il raconte et David Keenan est un troubadour irlandais dans sa tradition la plus pure.

On insiste sur “irlandais”, parce qu’on sent l’Irlande dans sa chacune de ses chansons. Dans la façon dont il a de jouer de sa guitare délicate, dans ses mélodies pleines de sensibilité, dans les montées en puissance intelligente. Dans cette poésie qu’il met en musique. Des textes lyriques aux tournures alambiquées comme seuls les poètes savent le faire. Des paroles qui viennent au plus profond de l’être de l’Irlandais.

La poésie, dans son état pur, n’a pas besoin d’un apport musical

Comme Damien Rice, comme Glen Hansard, ses chansons sont des exutoires. Cathartiques. Libératrices. Cela expliquerait la diction parfois rageuse, le ton qui monte parfois. Ça vient des tripes. Dans Rolling Stones, le songwriter confie: “J’ai exploré les profondeurs de mon âme dans A Beginner’s Guide to Bravery. Ce n’était pas dans mon intérêt de cacher quoi que ce soit ou de me mentir. S’il y a un traumatisme à exorciser, il faut le coucher sur le papier“. Les vertus thérapeutiques de la musique. Ou simplement de l’écriture. David Keenan se considère d’abord comme un écrivain, avant d’être un auteur-compositeur et interprète.

Parce qu’avant d’être chanteur, il est poète. Serge Gainsbourg disait : “La poésie, dans son état pur, n’a pas besoin d’un apport musical“. On pourrait écouter David Keenan déclamer ses textes sans guitare acoustique, sans piano, sans rien. Brut. Il n’y aurait que les mots, sa sensibilité et cet accent irlandais qui est un instrument à lui-seul. Cela suffirait.

David Keenan sera en concert au Pop-Up du Label le 19 mars prochain.