Eivør, l’art de sublimer la culture nordique et féroïenne.

VIDÉO – Compositrice pour The Last Kingdom, pop-folkeuse multi-récompensée, Eivør publiera le 18 septembre “Segl”, un album qui pourrait la faire éclore en France.


L’Islande possède JFDR, la Norvège Ane Brun, la Suède Nina Kinert et le Danemark Agnes Obel. Porte-étendards de la musique féminine nordique, ces chanteuses ont toutes commencé par des albums très acoustiques, avant de se lancer dans une pop plus onirique et vertigineuse. Tel est aussi le cas d’Eivør Pálsdóttir, moins connue en France que ces consœurs. À tort.

Eivør, une dualité musicale

Hormis Teitur (que les admirateurs de Nolwenn Leroy connaissent), rares sont les artistes féroïens arrivant dans nos oreilles françaises. La culture nordique peine à émerger en France et reste cantonnée à Björk ou Abba. Impossible, dès lors, d’imaginer la culture d’un pays, composée de 50 000 habitants et situé entre le Royaume-Uni et l’Islande, éclore en France.

Pourtant, à seulement 36 ans, Eivør Pálsdóttir n’a aucunement à rougir au regard de sa carrière, longue déjà de 20 ans et récompensée à de multiples reprises : au Danemark (pays où elle vit), en Islande ou aux Îles Féroé (son pays natal). Après plus de dix années à composer des albums assez minimalistes et acoustiques, navigant entre folk et jazz, Eivør publia en 2015 deux albums : Bridges et Slør. Telle Agnes Obel avec Citizen of glass, elle intégra à sa musique une dimension plus électronique.

Malgré ce changement de cap en douceur, ses albums ne sont pas encore des plus connus en France. Néanmoins, sa voix vous est familière, du peu que vous aimiez la pop-culture. Son aura dans les pays nordiques, sa singularité vocale et surtout son amour pour la musique folklorique lui permirent en 2015 de participer à la bande-son de la série The Last Kingdom et en 2018 du jeu vidéo God of War.

C’est ce pan culturel qui lui donne une plus-value. Eivør se veut être, en quelque sorte, le porte-drapeau de la musique traditionnelle nordique, telle que le Joïk : chant traditionnel sami, issus des traditions chamaniques, exécuté a cappella et accompagné d’un tambour traditionnel.

Cette dualité musicale, entre musique moderne et traditionnelle, entre chant en féroïen et anglais, est sans aucun doute la grande force d’Eivør. Tout en enrichissant sa musique de nouvelles sonorités modernes, elle arrive sur un même album à garder contact avec ses origines féroïennes. Et c’est cette dualité, qui sera encore présente sur son prochain album.

Let me sleep on it

À l’aube de la publication de Segl, Eivør nous offre des extraits témoignant déjà de son éclectisme. Après “Patience” (titre sur lequel la mélancolie des cordes et du piano se font écho), elle nous offre aujourd’hui le clip de “Sleep on It”.

Pop assumée, mais pop sombre. Quand bien même le titre se veut optimiste, le clip en est tout autre et dépeint un voyage morose. “Le monde court à sa perte depuis des années et seuls quelques survivants sont restés sur notre planète. Coincés dans une boucle de fêtes et festins depuis aussi longtemps qu’ils se souviennent, ceux-ci cherchent désespérément une solution. Ils croient alors qu’Eivør est leur seule clé de survie et décideront de la sacrifier. Ce faisant, ils tomberont pour toujours dans leur sommeil.” explique l’artiste.

Néanmoins, malgré ce visuel ténébreux, Eivør ajoute : “Il n’est jamais trop tard pour changer, quelles que soient nos habitudes passées ou anciennes. Et parfois, le mauvais choix est le seul moyen, au fil du temps, de faire le bon choix.”

En attendant la sortie de son neuvième album studio, faites le bon choix en vous laissant charmer par la musique d’Eivør.

Eivør Pálsdóttir

Segl, sorti le 18 septembre 2020.
1. Mánasegl
2. Let It Come
3. Sleep On It
4. Hands
5. Nothing To Fear
6. Truth
7. Skyscrapers 
8. Only Love Feat. Ásgeir
9. This City
10. Patience
11. Stirdur Saknur feat. Einar Selvik
12. Gullspunnin

Suite au report de sa tournée, Eivør sera en concert le 19 octobre 2021 à La Maroquinerie (Paris) et le 20 octobre 2021 à l’Aéronef (Lille).