Merci Santa Kills !

CHRONIQUE – Feu d’artifice du côté des Kills pour clôturer cette lamentable année 2020. Un double album de miscellanées à glisser sous le sapin, et rien que pour nous avoir permis d’écrire ce mot désuet mais tellement beau, on dit merci Santa Kills ! 

Voilà 20 ans que nous sommes amoureux des Kills. 20 ans que nous disons “quand je serai grande, je serai Alison Mosshart”. Bon, en vrai, c’est ma jumelle à un jour près, donc hélas, nous sommes devenues grandes, et elle seule est devenue une sublime rock star.

Flanquée de Jamie Hince, ils forment The Kills, un des groupes de rock les plus sexy que l’union d’un Britannique et d’une Américaine n’ait jamais produit. On vous a déjà tout dit sur eux, voilà pour les présentations.

20 fucking “Little Bastards”

Ce recueil de raretés, faces B, démos, reprises, lives, jamais sortis auparavant et remasterisés, se prénomme Little Bastards. Rien que pour ce titre, cela vaut le coup de se le faire offrir à Noël, histoire de punkiser un peu l’ambiance famille plan-plan du réveillon.

20 ans, 20 titres. Si vous connaissez bien The Kills, ces titres inconnus au bataillon sonneront pourtant bien familiers à vos oreilles. Et ce n’est absolument pas un reproche ! Dès les premiers instants de “Superpowerless” c’est la guitare grinçante au son métallique de Jamie qui vous accueille. On sait immédiatement “chez qui” nous sommes. 

Les titres sont trop nombreux pour tous les évoquer, ceux qui ont raisonné un peu plus sont notamment les suivants : 

“Half of us” qui est du pur The Kills, le mélange des voix de Jamie et Alison, la rythmique comme une horloge n’est pas sans rappeler l’utilisation du bruit du rebond des balles de ping pong dans “Blood Pressure”. 

Oh le bonheur suscité par “London Hates You”… Son gimmick rythmique est identique au morceau d’intro “Be My Baby” de The Ronettes dans Dirty Dancing. L’ado en nous fond immédiatement. Alison y est une femelle en chaleur, pas d’autres moyens d’exprimer la chose ! Les fêlures dans sa voix, la langueur et le sourire désabusé, on la visualise cachée derrière sa crinière blonde, Jamie et elle partageant amoureusement le micro en se frôlant les lèvres. 

“I Call It Art” titre hautement Gainsbourien. Si Serge avait rencontré Alison, LA femme par définition et son dandy de Jamie, nul doute qu’une collaboration de ce type aurait pu naître.

Pour le côté dansant on retiendra “Magazine” et pour la douceur mélodique dont sait nous ravir Mosshart, “Baby’s Eyes”.

Un vide abyssale

Après avoir enchaîné quelques titres, c’est tout à coup une espèce de vertige qui vous saisit. Cette guitare, ce feulement d’Alison, c’est en live qu’ils nous ont fait vibrer, tant de fois. Les concerts des Kills font partie de nos plus violentes, sensuelles et délicieuses expériences. Depuis combien de temps n’avons nous pu expérimenter cette sensation ?

Cette vibration dans le ventre quand le volume est trop fort et donc trop bon. Cette chaleur tant intérieure que physique qui se transmet entre spectateurs et du groupe vers ses fans. Comment arrivons-nous à nous en passer ?! Écouter cet album, c’est se rendre compte du manque. Du vide, du gouffre que l’on a dans les tripes. C’est arrêter de courber l’échine avec résilience pour hurler “fuck j’en peux plus, rendez-moi ma came !”.

Ce que les terroristes du Bataclan n’ont pas réussi à nous voler, notre liberté, notre insouciance, notre religion musicale, ce putain de virus aura lui réussi. Nous sommes sevrés de force, et en avoir une conscience aussi aiguë est extrêmement douloureux.

Et puis, au fil des écoutes, la mémoire fait son travail et le souvenir de ces concerts nous dessine un léger sourire sur le visage, force nos hanches à se dérouiller. Le cerveau est un organe bien fait et à défaut de cocaïne il se contente de Subutex, ou en tout cas, il tente de nous redonner espoir en puisant dans nos émotions heureuses passées.

C’est néanmoins dur de seulement se contenter de la reconnaissance d’avoir “connu cette époque”. Oui c’est bon de le porter en soi, d’y puiser de l’énergie pour continuer à attendre des jours meilleurs, mais qu’est-ce que le manque est violent… Acceptons donc de ne rien maîtriser et offrons nous ce shoot proposé par The Kills. Il demeure un cadeau d’une générosité rare en ces temps frileux pour les ventes et qui en ont découragé plus d’un avant eux. Thank you Santa Kills, we do appreciate