Will Samson, l’autre Bon Iver

Ma période préférée de l’année : l’automne. Il commence à faire froid, mais quelques rayons de soleil arrivent encore à percer les nuages. La bonne occas’ pour sortir plaid et sachets de verveine. C’est également à cette période que fleurissent les albums folk. Le hasard fait bien les choses. En ce mois de septembre on a eu le droit à Jason Molina (Songs:Ohia), Bob Dylan, Calexico, Grizzly Bear, Evening Hymns mais aussi Will Samson. Will Samson c’est un Anglais installé à Berlin, et comme tous les Anglais, il a un talent inné pour la musique. Sauf que sa musique à lui prend plutôt ses racines du côté américain. A la racine folk pure. En ce mois de septembre il publie Hello Friends, Goodbye Friends. Un album de huit chansons d’une beauté à pleurer. En vrai, c’est l’album qu’aurait dû sortir Bon Iver, en lieu et place de l’affreux album qui lui a ouvert les chemins de la gloire et des Grammys Awards.  D’ailleurs, les deux hommes se ressemblent. Vocalement parlant, le timbre de voix haut-perchée est assez similaire si bien qu’à la première écoute il est difficile de faire la différence. Et, les deux ont comme sujet de prédilection, la solitude et les grands espaces. Si Bon Iver est désormais un homme comblé et heureux, on ne peut dire la même chose de Will. Et comme je craque toujours pour les songwriters torturés…j’ai craqué pour l’album de Will Samson.

Hello friends, goodbye friends, n’est pas un recueil de titres qui sentent bon la joie de vivre. Loin de là, c’est une collection de chansons un peu tristes qui parlent d’amour perdues et de vie rêvée, fantasmée. La galette baigne en effet dans une nostalgie ambiante, favorisant le repli sur soi et l’introspection. Cet album, disons qu’il pourrait être la bande-son de notre voyage intérieur. Les états d’âme de l’anglais nous bercent, et la délicatesse des guitares (sèches ou électriques) nous caresse doucement les tympans.  Presque pas de retouche c’est du brut. Pas d’arrangements inutiles. On est transporté par la voix cristalline de Will mais surtout par son chant aiguë et plaintif. Huit titres aussi envoûtants les uns que les autres. Des chansons murmurées (Find Me in the Ocean), ou accompagnés d’un piano planant (Panda Bear) pour une ambiance plus onirique, des titres dépouillés au maximum (My Broken Mirror) pour finalement gardé un album beau et simple à la fois. Nul besoin de forcer les expérimentations sonores et autres instruments vintages. Will Samson a réussi là où Bon Iver a échoué : garder la pureté de la voix qui pour le coup ne se retrouve pas noyer sous une galaxie de son.

Non, ce n’est pas un album heureux. C’est une ode à la solitude. Et on ne me retirera pas de la tête que les chansons les plus tristes sont les plus belles.

A écouter sur bandcamp

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