Live report : Rock En Seine 2013

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À peine remis de nos émotions de ce weekend, il est l’heure de faire le bilan de cette 11ème édition de Rock En Seine. Mais cette fois, ce n’est pas un live report comme les autres, puisque c’est sous l’oeil avisé de ces vieux routards de la musique, ceux-là même qui ont vu passer Pink Floyd et Depeche Mode sous leurs yeux, j’ai nommé : mes parents, que je vais vous livrer toutes nos impressions. Des déceptions, des grosses surprises, des claques, allez, on note :

Vendredi :

  • Big Black Delta : bonne surprise ! Plutôt années 80, on a reconnu quelques mashups (New Order, Enya, …). Ils sont deux sur scène : batterie et ordi / chant. D’ailleurs, le chanteur saute partout, il donne de sa personne le p’tit. 14/20
  • Skaters : l’urgence des Strokes, avec aussi ce sens des mélodies que l’on retrouve dans leur ancienne formation, The Dead Trees (très bon ça). Moyenne d’âge du public proche de la majorité, donc c’était n’importe quoi. Pas beaucoup de communication avec le public. 13/20
  • Belle And Sebastian : une belle et joyeuse troupe (ils sont plus de neuf sur scène) qui déroule leur set, en bons pros. Le public suit allègrement et a l’air de vraiment apprécier la pop de ces écossais. Malheureusement, pour nous, ça se répètera un peu trop, même si c’est très plaisant à voir et entendre. Mais mention spéciale à I Want The World To Stop, qui est toujours aussi bonne. 15,5/20
  • Team Ghost : on a tenu une chanson. Trop prise de tête. 10/20
  • In The Canopy : ce groupe fait partie des jeunes talents auxquels la région Ile de France a offert un showcase en guise de tramplin. Et dans leur cas, on comprend, et on se dit même qu’ils sont vraiment prometteurs. La voix à la Local Natives qui monte très, très haut, guitares cristallines, petite inspiration Radiohead par moments, belle énergie, on ne peut qu’aimer. Leur prochain EP doit sortir dans quelques jours si j’ai bien compris, on les suivra de près. 17/20
  • Tame Impala : c’est le genre de groupe qui t’envoie dans une autre galaxie. Le choix des chansons était parfait, oscillant entre anciens albums (mon cri de joie à l’écoute des premières notes de Half Full Glass Of Wine) et le nouveau (avec son fabuleux Elephant). Tout le monde est d’accord pour dire qu’ils sont vraiment tops, même à 100m de la scène. 18/20
  • Alt-J : ah les fameux. J’avais préparé un paragraphe pour les détruire, après avoir regardé une de leurs prestations via Youtube (chant faux, aucune énergie). Mais malheureusement pour moi, les 3/4 du set étaient très bons. On aurait bizarrement dit qu’ils étaient contents de venir en face de nous. Le public chantait de partout, même dans les allées du parc. Quant à la setlist, leur album y est presque entièrement passé, mais on a eu la chance d’entendre la magnifique Buffalo (issue d’une B.O.) et une inconnue, qui figurera sûrement sur le prochain album. On regrette l’absence d’envolée à la fin de chansons qui en auraient admirablement supporté. Obligés de partir avant la fin (pour avoir une bonne place pour Franz Ferdinand, forcément), voilà pas donc qu’il commence à chanter faux sur Breezeblocks. Toute une euphorie qui tombe à l’eau ! 15/20
  • Franz Ferdinand : que dire … un set parfait, pas de temps mort, la foule en délire. Un dancefloor géant (mais de bon goût) à ciel ouvert. Règle de base : j’te connais pas, mais on danse ensemble, on chante, on s’époumone. On sent qu’ils ont une sacré expérience, c’était comme une communion. Tous les tubes y sont passés : No You Girls pour commencer, Michael, l’énorme Take Me Out et j’en passe, mais on a eu aussi les quatre nouveaux singles issu de l’excellentissime Right Words, Right Thoughts, Right Action, dont Stand On The Horizon et Evil Eyes, qui sont passés comme une lettre à La Poste, signe d’une composition toujours au top. Ils ont même osé la reprise de Donna Summer, I Feel Love ! Pour résumer : une prestation excellente, dont on ne voulait pas qu’elle s’arrête. On attend avec impatience une tournée française, mais pour se consoler, on peut regarder le replay : http://culturebox.francetvinfo.fr/rock-en-seine/live/franz-ferdinand-a-rock-en-seine-2013-140483 20/20
  • !!! (Chk Chk Chk) : ces gars là sont venus pour nous faire danser, et ils l’ont fait. Nic Offer, légendaire chanteur au caleçon, nous a offert (jeu de mot du jour) avec ses comparses un set tout en puissance, en groove, en guitares funky. Beaucoup de morceaux du dernier album (la moitié y est passée), mais aussi du plus ancien comme Yadnus qui est venu entamer de très belle manière le concert. Ça bougeait au premier rang, ça bougeait tout derrière, et ce jusqu’à l’épique Slyd. On a adoré. 20/20

Samedi :

  • FI/SHE/S : barbant, déjà entendu, les Local Natives font beaucoup mieux. Quand même bien réalisé. 13/20
  • Hola A Todo El Mundo : la bonne petite surprise du Samedi. Des compositions super fraîches, travaillées, des belles mélodies, des envolées à la fin de chaque chanson, on en a même oublié d’aller voir In The Valley Below ! Petit bémol pour le chanteur qui n’a pas encore assez d’assurance et qui cache sa voix derrière quelques effets … Affaire à suivre ! 17/20
  • Black Rebel Motorcycle Club : du rock, du blues, de la tension, des coudes dans le nez, beaucoup de coudes dans le nez, des mouvements de foule, tout pour bien apprécier le concert (merci les fans de NIN qui campaient pour être aux premieres loges pour leurs héros. Neanmoins, ils ont fait leur boulot, la clope bloquée entre les cordes de la guitare, ils ont déroulé leurs chansons devant un public qui ne les connaissait pas vraiment … Bon concert, sans plus. 15/20
  • Patrice : la surprise qui fait du bien. Le monsieur sait mettre l’ambiance. Raggae, ragga, ballade, tout y passe, on chante en yaourt (sur les conseils de monsieur) et on en redemande ! 17/20
  • Nine Inch Nails : c’était le jour des surprises en fait. On arrive là, on se dit «regarde, c’est le zoo, ils sont tous à fond», on déconne, on y jette une oreille, on écoute un peu plus attentivement, et on kiffe. C’est du bon rock, bien fait, propre (légion d’honneur obligatoire pour leur ingé son pour la très, très grande qualité de son travail).  On a quand même vu un monsieur dormir debout à côté de nous, mais on n’a pas compris comment il pouvait faire. Très bon concert. 16/20
  • Phoenix : arrivée une heure avant pour pouvoir être devant, c’est un peu le collé serré du weekend. M-10, une musique stressante s’installe, de plus en plus forte, la pression monte, ils savent se faire attendre. 23h, l’écran géant retransmet l’arrivée en voiturette de golf des 4 versaillais (et du batteur), ça hurle de partout, hystérie collective. Bam, Entertainment commence, ça pousse, ça saute, ça chante, ça danse, ça enchaine les tubes (Consolation Prizes, Rally, Lisztomania, Run Run Run, If I Ever Feel Better), Thomas Mars vient se faire tripoter dans le public, «Christiiiaaaaaaaaaan» fait le boulot à la guitare, et 1h20 plus tard, ces messieurs s’en vont, sous la pluie, dix minutes avant l’heure de fin de concert, et pas un rappel, rien. On reste sur notre faim. Trop grande faim d’ailleurs. Je crois qu’il ne fallait pas avoir vu Franz Ferdinand Vendredi soir, sinon, la comparaison est trop flagrante : Phoenix est un bon groupe, un très bon même, mais tout est trop calibré, trop «bien fait», trop calculé. On ne sent pas la spontanéité dans le show. Les fans auront été comblés, les autres un peu moins. Beaucoup moins d’ambiance passé les 30 premiers metres devant la scène. Petite déception pour ce groupe dont on attendait beaucoup, pour ne pas dire énormément. 15/20

Dimanche : 

  • Temples : merci la pluie, on n’est arrivés que pour la fin du set. On a quand même pu apprécier l’aisance de ces bébés musiciens et leur psyché plus nerveuse qu’à l’accoutumée. 14/20
  • Surfer Blood : on poursuit avec les bébés rockeurs, ceux ci sont à mi-chemin entre les Beach Boys pour les mélodies simples mais efficaces, Wavves ou Weezer pour les guitares saturées et même Orchestral Manoeuvre In The Dark dans la voix (on sent les spécialistes des années 80). Au milieu de la foule de personnes en bas âge qui jonche les premiers rangs (et même plus, car il leur faut de la place pour se déhancher à ces choses), on a hoché la tête sur les très bon Floating Vibes et Swim issus de leur premier opus, le seul que l’on connaissait d’ailleurs. Un set énergique, dont on ressort rafraîchis (et pour une fois, c’est pas la faute à la pluie). 15/20
  • Wall Of Death : on se laisse facilement emporter par la musique de ces trois français, trois très bons musiciens (mention spéciale au batteur). La voix, presque monocorde, nous évoque Dave Gahan. Petits protégés des Black Angels ? Aucun doute là dessus. On a beaucoup aimé leur psyché sombre sous tension. 17/20
  • MR MS : je les avais mis dans les possibles surprises de cette édition dans un précédent article. Mea culpa ! Remuer les fesses, c’est dans leurs cordes. Fournir un live intéressant et chanter juste, beaucoup moins. 9/20
  • EeLS : Monsieur E a su jouer avec le public, entre les «fausses» fins de chansons, les blagues, les gros câlins à ses musiciens, et le tout en distillant ses chansons tout naturellement. Public qui bouge, public conquis. 17/20
  • Major Lazer : bon, on ne va pas se mentir, on n’est restés devant seulement pour répéter «t’appelles ça de la musique, toi ?» ou encore «mais quelle horreur». Et on l’a fait. Jusqu’à ce que l’on entende Papaoutai. Mais attends, c’est le vrai Stromae qui chante là … Bah oui, le voilà sur scène pour un titre enrichi en basses. S’en suit le fameux Watch Out For This qui a du faire danser une bonne moitié présentes dans le parc de Saint Cloud. Enfin, Get Free achève le set qui n’avait en définitive pas grand intérêt. 12/20
  • Chvrches : c’est pas mauvais, mais c’est pas excellent non plus. Très ancrée dans les années 80, leur musique est sans doute plus agréable à écouter sur CD qu’en live (on a quelques soucis dans la famille avec les voix féminines). 13/20
  • Lianne La Havas : sûrement le plus gros coup de coeur de cette édition. On est tombés sous son charme. Très bien accompagnée (musiciens et Rihanna la choriste), elle nous envoûte de bout en bout, dès sa première chanson, seule sur scène avec sa guitare, jusqu’à son Is Your Love Big Enough. Sa soul teintée de jazz et de pop met tout le monde d’accord. On a pleuré, tapé des mains, aimé sa musique. 20/20
  • System Of A Down : on a adoré … FAUX ! C’est inhumain des trucs pareils. Oreilles non averties, s’abstenir. 5/20
  • Tricky : pour le dernier concert de ce weekend, l’Anglais a préféré un jeu de lumières très sombre, hypnotique, totalement en rapport avec son univers. Côté musique, rien à redire,  des chansons qui s’étirent à la façon de longs jams, un univers à part. Beaucoup de chansons du dernier album. Côté public, c’était le festival des danseurs à trois grammes à l’arrière, tandis que devant on fait monter tout le monde sur scène. À deux reprises. Joyeux bordel, dont l’issue était prévisible : des jacks sont arrachés par les piétinements. Étants postés aux barrières entourant la régie son, on n’a pu que constater l’état de panique dans lequel se trouvaient les ingé son, qui ne savaient plus quoi faire pour réduire les dégâts devant leur console. Dix minutes plus tard, plus de lumière sur scène. On en vient davantage à se préoccuper de se qui se passe derrière nous que devant. Puis on regarde l’heure. Monsieur Tricky a bel et bien dépassé l’horaire limite d’une demi-heure et a terminé par, sans doute, la chanson la plus longue de ce weekend, tous artistes confondus. Bien joué l’ami ! 16/20

En résumé, on peut dire que l’on se remet à peine de l’enchainement Franz Ferdinand / !!! (Chk Chk Chk), que l’on est toujours charmés par Lianne La Havas, que l’on bouge encore notre coprs au son de !!! (Chk Chk Chk), que l’on a aimé Patrice, Tame Impala et Belle And Sebastian. On a été cueillis par Nine Inch Nails avant d’être (un peu) déçus par Phoenix. Là où Hola A Todo El Mundo, In The Canopy, Wall Of Death et Tricky nous ont surpris, Team Ghost, FI/SHE/S, MR MS et Chvrches n’ont pas comblé nos attentes. Mention “peut mieux faire” à EeLS, Black Rebel Motorcycle Club, Alt-J et Surfer Blood.

Le gros WTF de cette édition est atribué à Major Lazer et ses danseuses qui remuent leurs postérieurs sous le nez d’un monsieur sorti d’on ne sait où et qui fait venir Stromae sur scène.

P.S. : Petit big up aux amandes caramélisées du petit stand entre la grande scène et la Cascade. Divin.

P.S. 2 : photos iPhone, désolée pour la qualité et l’éloignement des scènes 😉