On a écouté : Post Tropical de James Vincent McMorrow

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Janvier. 15 degrés. Il ne fait pas assez chaud pour déclarer cet hiver tropical. Mais presque. Post Tropical, c’est le nom du deuxième album de James Vincent McMorrow. Voilà bientôt deux mois que j’ai l’album dans le casque (ouais, je suis une connasse de blogueuse, t’as le droit de le dire) et je n’arrive toujours pas à écrire en des termes justes et précis ce que je pense exactement de cet album. Il me donne du fil à retordre, sans doute parce qu’il est étrange et saisissant. Je suis certaine, que s’il avait été l’oeuvre d’un autre, je l’aurais sans doute détesté, parce qu’il est loin, très loin du folk simple et délicat qui m’avait littéralement envoûté, il y a maintenant trois ans.

L’Irlandais disait avoir peur de se voir enfermer pour le reste de ses jours dans la case “chanteur folk”. Il le dit lui-même : “je ne suis pas folk-singer qui joue tout seul avec ma guitare“. Bien sûr que non. Alors pour Post Tropical, James le coquin, a pris tout le monde à contre-pieds. Il est parti dans l’exacte direction opposée de Early in The Morning. D’ailleurs, si on pouvait aisément dire que le premier effort était folk, le deuxième est, lui, inclassable. En écoutant l’album, j’ai immédiatement pensé à Bon Iver. Oui, il voulait échapper à la comparaison, mais je trouve des similitudes à leurs parcours respectifs. Justin Vernon ne voulait pas, lui non plus, être associé toute sa vie au folk mélancolique. Avec son deuxième album, il innove, il étoffe, il se dirige vers des terrains plus minés et ouvre la voie du post-folk. Plus léché, plus difficile d’accès, plus complexe. Plus moderne. Comme Bon Iver, James s’aventure sur les plaines électroniques, des plaines jonchées de claviers, de beats et de synthés. Il y ajoute d’autres influences, plus R’n’B pour sa part. C’est drôle de savoir, d’ailleurs que le rap et le r’n’b sont les deux musiques que James Vincent McMorrow écoute principalement. Drake a d’ailleurs changé sa vie, m’a-t-il dit. On est loin du folk, même si évidemment, il le répète toujours, c’est son premier amour.

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Avec Post Tropical, certains disent qu’il suit les traces de James Blake. Je trouve que c’est un peu excessif même si je confesse que parfois, il y a quelques similitudes, notamment avec Cavalier“. On découvrait avec ce titre le James Vincent McMorrow nouveau, avec ces sonorités radicalement différentes. Le reste de l’album est dans la même lignée. On s’en rendra compte avec le brumeux “Red Dust“. Post Tropical oscille entre le sombre et le lumineux, le soul, la chaleur et le spleen. Il est intime et fragile, minimaliste par moment grandiose par d’autre. Il est aussi bien organique (on attend parfois des clappements de mains) autant qu’il est électronique. Cependant, le folk n’est jamais loin. “Il est partout. La guitare-voix reste la base de l’album, mais c’est plus discret sur cet album”. Les touches folk apparaissent ici et là (“Gold“, “The Lakes“), délicatement et subtilement pour donner un côté spirituel (“Red Dust“) et apaisant. La mandoline et surtout la harpe s’ajoutent aux autres instruments apportant leurs doses de douces mélancolies, comme sur l’immense “Glacier“. Et puis, il y a cette voix. Ce falsetto unique capable de faire fondre n’importe quel cœur gelé, n’importe quel glacier, justement. Une voix qui s’affirme, qui vacille parfois mais surtout une voix bouleversante. La plus belle voix de la décennie ? Oui, on ose le dire. Post Tropical, quant à lui, et sans doute, déjà le meilleur album de 2014. Oui, ça aussi on ose le dire, si tôt dans l’année.

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