On y était : Midlake et Caveman à la Rock School Barbey

Je m’étais préparée à l’idée que j’allais être déçue. Qu’ils n’allaient pas être à la hauteur de mes attentes. Que j’allais regarder souvent ma montre. Qu’ils allaient être distants. J’apprendrai à ne pas écouter mon pessimisme à l’avenir.

Car non, les texans, pardon, mes nouveaux chouchous de texans barbus, ne m’ont pas déçue. Ils ont été bien au-delà de mes attentes. Ils m’ont surprise, ont été sur un terrain que je n’osais même pas espérer : Midlake est un groupe de rock, et non de folk.

Début de concert. La salle, plongée dans le noir, entend résonner les premières notes de «Ages». Des flashs de lumière soulignent les premiers rugissements de la guitare électrique. Pas le temps de réfléchir, on entre directement dans le vif du sujet.

Puis s’enchaînent au total dix sept chansons, dont plus de la moitié extraites de leur dernier album, Antiphon, et seulement deux de The Courage Of Others. D’où peut-être ce côté davantage rock psyché que folk du set.

Ce set, justement, est rodé. Les chansons jouées sont les mêmes depuis des mois. La voix est claire et juste. Et puis, dix ans de carrière laissent forcément des traces. Tout ça aurait pu enlever au plaisir ressenti dans le public. Mais en vrai, rien de tout cela. Au contraire, ils sont là, au bon endroit, au bon moment, et déroulent. Ils sont pro, connaissent les attentes du public assez bien pour délivrer la bonne intensité au bon moment. Aucun temps mort dans le concert (ce qui n’arrive, en y réfléchissant bien, pas si souvent …). Les mots adressés au public ne sont pas rares, mais pas non plus envahissants, et le plus souvent, ce sont des «merci» sincères et chaleureux. Un équilibre parfait, pour un concert parfait ?

À en croire les réactions à la sortie (propos dithyrambiques, ou achat compulsif des trois vinyles du groupe), tout le monde a pris sa petite claque en ce lundi soir. La virtuosité des texans n’a laissé personne indifférent. Notamment lors du premier sommet de ce concert : l’enchaînement “Antiphon“//”Vale“. Antiphon, c’est l’un des singles tiré de leur dernier album. Leur «tube» en quelque sorte, dont j’ai frôlé l’overdose. Vale, c’est un instrumental. Et pourtant, les deux réunis, c’était un feu d’artifice. J’étais passée à côté de Vale, sur l’album. Quelle erreur ! Ce crescendo, cette ligne de basse digne d’obscurs groupes psychédéliques américains, cette Gibson qui devient folle … C’était génial. Point.

Et le deuxième sommet, c’était «Head Home», chanson de clôture du concert. Que dire, si ce n’est que j’ai redécouvert cette chanson, et que le solo monstrueux de guitare électrique en a cloué plus d’un.

Toute petite mini-déception tout de même : «Roscoe», peut-être l’une de mes chansons préférées de la galaxie galactique, a été jouée un peu «par dessus l’épaule». Mais un tout petit peu, hein, pas de quoi hurler au scandale. Mon petit coeur a quand même fait tudum très fort pendant cinq minutes.

Une seule phrase me vient à l’esprit : dans un mois, c’est Beauregard. Dans un mois, je revois mes chouchous. Joie.

P.S. : on ne dira ici rien des petites habitudes du «nouveau» chanteur, Eric Pulido aka Les Yeux Bleus. Porte bouteille accroché au pied de micro, guitares passées au chiffon et réaccordées entre chaque chanson, petites fioles d’élixirs aux plantes arborant fièrement «singer’s extra strength» à ses pieds … Non, on ne vous en dira rien. Promis.

Mais avant Midlake, c’était au tour des New Yorkais de Caveman d’occuper cette scène de la Rock School Barbey.

Comme d’habitude, il y avait beaucoup moins de monde présent que pour le groupe principal. À croire que les gens ne sont pas curieux, et encore moins renseignés. Car oui, ce groupe est l’auteur de l’un des meilleurs albums de l’année passée, et leur premier album, paru en 2011, est une petite pépite. Ce second essai donc, typiquement indie, a séduit par sa fraîcheur, sa composition fine et son atmosphère vaporeuse. “In The City“, son single le plus connu, a tout d’un tube. C’est dit.

Mais devant une foule aussi clairsemée que la chevelure de Barthez (on avait dit pas le foot … ), ce n’est pas évident évident de mettre l’ambiance. D’où les “houuuaaaaaay” ironiques du chanteur, se retournant vers son groupe entre les chansons, mimant une foule en délire. Ils en ont fait pourtant, des efforts. Musicalement, leur set était bon, sans grande envolée, mais bon quand même. Mais cette distance avec le public a vraiment tout plombé.

On se consolera donc en écoutant leurs deux sublimes albums.

 

Merci à la Rock School Barbey et à [PIAS].