On y était : Monogrenade + Dear Criminals à La Flèche d’Or

LIVE REPORT – On attendait cette soirée de pied ferme. Pour Monogrenade bien sur, de retour en France pour leur première date parisienne après la sortie de leur deuxième album Composite Mais aussi pour dear criminals qui faisait la première partie, et qu’on a découvert avec émerveillement récemment. Une soirée comme on en voudrait tous les jours.

Lançant le concert sur les coups de 20h avec “Lover’s suicide”, les trois Canadiens de dear criminals fédèrent très vite le public arrivé à l’heure autour de leurs compos électroniques sombres et lancinantes. Chacun derrière sa table de mixage on aurait pu croire à un set froid de dj individualiste. Pas du tout. Le trio se fait plus duo entre Frannie et Charles à la voix, Vincent au milieu accompagnant en retrait les échanges tantôt passionnels tantôt hostiles des deux chanteurs qui interprètent les titres de leur dernier EP Crave, et de Weapons qu’on vous conseille vi-ve-ment. De gros beats viennent parfois rompre les douces mélodies espiègles et délicates nous entraînant dans une spirale de sentiments contradictoires, un vrai ascenseur émotionnel qui vient nous achever sur “Took It From Me”. Énorme coup de foudre fusionnel, bliss total.

À LIRE AUSSI >> Dear criminals, noirceur et volupté

Ah Monogrenade. Si je veux être vraiment honnête avec vous, je vous dirais que je n’avais pas aimé Composite plus que ça. Pas de coup de cœur immédiat si vous préférez. Mais ça, c’était avant de les voir en live. C’est là que je me suis dit que le studio portait souvent préjudice à certains artistes, Monogrenade fait définitivement partie de ces groupes lésés par les enregistrements studio. Parce qu’en live, franchement, ça pète comme pas possible, et comme diraient nos cousins outre-Atlantique “stie qu’c’est bon là”. Je ne peux pas dire mieux.

Les six Québécois forment un groupe plutôt original, puisqu’on retrouve pour moitié un trio de corde (deux violons, un violoncelle) qui apportent une touche lyrique et mélodique aux sonorités habituels (basse, synthé, guitare, batterie). C’est un set dense et complet, le groupe alternant leurs nouvelles chansons à leurs précédents succès de “Tantale“. Et cette bonne humeur ! Un set à l’extrême opposé de celui de la placide Haley Bonar juste avant. Jean-Michel Pigeon tel un chef d’orchestre n’a de cesse de sourire à ses bandmates et de remercier le public venu en assez grand nombre les écouter, il n’a pas l’air d’y croire. On sent une grande fierté à livrer ce live bien travaillé et cela se voit. À côté des “Métropolis”, “Labyrinthe”, “Composite”, “Cercles et Pentagones” et “L’Araignée” on aura aussi le droit à une cover très surprenante de Louise Attaque, largo au piano, “J’t’emmène au vent” avant de finir en beauté avec “Ce soir”. Que vous dire de plus ? Allez les voir en live c’est vraiment quelque chose d’incroyable : sans exagérer c’est franchement très bien, on ne voit pas le temps passer et ce qui nous semblait terne à l’écoute rayonne, irradie et révèle un somptueux ensemble céleste.

À LIRE AUSSI >> Monogrenade : “Je veux juste défendre la langue française !” (interview)

Photos : Emma Shindo