On a vu : “Selma” de Ana DuVernay, le biopic sur Martin Luther King

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J’ai vraiment hésité à placer le terme “biopic” dans le titre de ce billet. Si j’ai finalement décidé de le faire c’est que pour moi, Selma, est à 100% un biopic à l’américaine sur Martin Luther King Jr plus qu’un film historique-documentaire-témoignage. Gros succès, critiques dithyrambiques, Selma a beau être un projet de longue haleine, il s’inscrit parfaitement dans l’actualité violente et contestataire de la communauté noire-américaine ces derniers mois. Le film se fonde sur la marche pacifique (et historique) entre Selma et Montgomery (Alabama), menée par King et ses fidèles, pour obtenir de nouvelles lois quant au droit de vote des noirs, alors victimes, notamment dans le sud, de stigmatisation raciale les empêchant de s’inscrire sur les listes électorales. Une marche bien difficile à mener à bien. Mais un Voting Rights Act finalement adopté quelques mois après ce mouvement symbolique fort.

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Selma est bel et bien un film qui tourne autour de l’aura de Martin Luther King en tant que talentueux et charismatique orateur. Mais aussi de King comme un homme bouffé par son combat, rongé par les inégalités et les injustices des “negros” (terme employé dans la v.o.). On salut au passage la très (très) bonne performance de David Oleyowo dans le rôle du pasteur, à quelques centimètres de l’imitation pure et dure, sans pourtant jamais tomber de son fil d’équilibriste. On n’a pas grand chose à redire quant au reste des prestations. Les acteurs noirs au second plan proposent, selon nous, des interprétations convaincantes. En revanche on a eu plus de difficulté à percevoir autre chose que de la caricature du côté des personnages blancs. Après on accepte le parti pris totalement manichéen, tellement flagrant qu’on prend ça pour un choix de la production (coucou Oprah !).

Le film débute dans les années 1960, quelques mois après avoir accepté le Prix Nobel de la Paix et quelques jours après l’attentat de Birmingham perpétré par des affiliés au KKK dans une église d’Alabama, tuant 4 fillettes noires. Selma ne parle donc pas de sa jeunesse ni de son assassinat à 39 ans. Selma parle de quelques mois significatifs dans l’acquisition de droits inaliénables pour les afro-américains. Des droits très violemment acquis, en témoignant quelques scènes violentes associées à d’autres carrément plus tragiques.

Sans rentrer dans les détails de l’histoire (et pour vous laisser l’envie d’aller la découvrir par vous-même), le scénario est bien monté, entre scènes de sermons et organisation de la marche. On tombe cependant parfois dans des clichés flatteurs pour King et ses Kingsmen (ses proches, et autres leader de la SCLC) versus le trio de vilains très vilains : l’entêté président Johnson, le brutal shérif Clark et le gouverneur cliché sudiste et segrégationiste Wallace qui ne veulent pas que la marche ait lieu, ni qu’elle soit trop médiatisée. Cela-dit je m’attendais à plus de lourdeurs. Selma reste un film agréable à regarder, alternant entre les courts instants de vie privée sous tension de King, avec ce qui est devenu parallèlement toute sa vie, sa voie, son destin. Pas très gai, mais incisif et plaisant.

Big up également à la b.o. du film, dont l’excellente chanson Glory, récompensée aux Oscars.

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Selma, à partir du 11 mars dans tous les cinémas.