Neeskens : “La meilleure façon d’être dedans, c’est de se mettre la pression”

Neeskens

Rocknfool a rencontré Neeskens, quelques heures avant de monter sur scène. A cette occasion, on a demandé au chanteur de nous parler de ses premières fois.

Premier souvenir musical ?
La mère qui jouait du piano le dimanche. Elle jouait des trucs classiques qui foutent le bourdon. Je ne sais plus exactement quoi…

Premier concert live ?
J’ai commencé les concerts sur le tard, je n’y allais pas souvent quand j’étais plus jeune. Mon premier concert, c’était Stereophonics, à Lyon, dans un café-concert, pour le premier album, ils ont joué 47,50 minutes, leur disque quoi.

Première grosse claque musicale ?

[silence] La première grosse claque c’était 22 Pistepirkko, un groupe finlandais… et en plus connu on va dire Portishead. C’était un festival à Lyon, sous un chapiteau, il y avait beaucoup de monde, on était arrivés un peu en avance pour être assez proche, on était très serré, il faisait très chaud mais c’était un très beau moment… mais pas mal de monde avait fait des malaises… Mais le concert était vraiment très joli, je m’en rappellerai tout le temps.

Première chanson écrite ?

[silence] Ca s’appelait Fly Like a Eagle, ça parlait d’un mec qui s’évade d’une prison par la pensée. Il restait enfermé mais il voyait des oiseaux et des aigles par la fenêtre de sa cellule. Et il était libre par la pensée. Je devais avoir 16/17 ans avec mon premier groupe qui s’appelait Whistle sounds, on avait commencé avec des reprises des Red Hot et des Smashing Pumpkins et rapidement on a écrit pas mal de compos… je crois que c’est le meilleur groupe dans lequel j’ai évolué parce qu’on était hyper purs. On ne savait pas jouer mais on y croyait vraiment en fantasmant sur plein de gens, on s’imaginait être tous ces groupes qu’on adorait. On imaginait qu’on était des rockstars, mais on jouait jamais.

Première fois sur scène…

Toutes mes premières fois sont tardives… J’avais 20 ans passé, on avait préparé un super show, on avait une première partie vidéos qu’on avait réalisé nous-mêmes et on avait énormément bossé… C’était génial mais je n’avais absolument aucune maîtrise vocale, je m’accompagnais sur quelques titres à la guitare et pareil, je n’avais aucune technique… Mais on avait rempli une petite salle de 300 places tout de même. C’était hyper émouvant et bizarre comme sensation… Surtout avant de monter sur scène, j’avais une énorme boule au ventre et je voulais m’échapper mais je n’avais pas le choix je devais monter… et puis il n’y avait pas d’issue de secours ! C’était en 2001… et finalement tout n’a pas tellement changé aujourd’hui… j’éprouve toujours la même chose aujourd’hui, et heureusement quelque part… Il faut. Parfois, il m’est arrivé de banaliser un peu tout ça, de faire un peu le con, me dire que je m’en fous mais il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il y a des gens qui viennent nous écouter et la meilleure façon d’être dedans, c’est de se mettre un peu de pression… Si ça devient une routine, on ne chante plus nos chansons avec le cœur…

Première grosse déception musicale…

C’était avec ce même groupe… On avait eu une grosse proposition de signer avec Capitol… Le label hésitait entre deux groupes, l’autre groupe en compétition s’appelait Vegastar, il n’existe plus aujourd’hui. La mouvance était très néo-métal à l’époque, nous on était plus pop et il y avait plus de développement à faire chez nous sans doute… Ils ont opté au dernier moment pour Vegastar… On avait reçu les contrats, on était prêt à signer et Capitol Europe avait fait pression pour signer Vegastar alors que la maison française nous voulait nous. On était comme des fous, c’était le label de Radiohead. Mais ça ne s’est pas fait…

Première grosse émotion…

Ah si, c’était un plateau où il y avait sur scène CW Stoneking, un australien avec une tête de facho, les cheveux plaqués en arrière, costume et nœuds papillons, Timber Timbre et Owen Pallett… Les trois pour moi étaient complètement inconnu à l’époque et c’était une soirée magique.

Première chose que tu fais en rentrant en studio…

Je prends le casque, je mets beaucoup de compression, beaucoup de gain, beaucoup de reverb et je chante proche du micro. J’adore cette sensation de tout entendre parfaitement…

Première chose que tu fais en montant sur scène…

Techniquement, je branche ma guitare, j’allume le micro et je chante mais il se passe autre chose en fait entre le moment où je monte sur scène et je commence à chanter ! J’essaie de ne plus analyser parce que ça me mène à pas grand chose mais c’est tellement étrange comme sensation…[silence] Il y a ce moment où tu ne dois plus du tout penser à la technique, lâcher prise, mais sur les conseils de Hugh Coltman, la première chose que je fais c’est regarder mes pieds et de me dire “tout va bien, t’es comme à la maison” et de me mettre à l’aise, me familiariser avec la scène.

Première chose en descendant de scène…

J’essaie de rapidement me faire une photo du moment. Si c’était bien, moyen, mauvais. En descendant de scène, j’ai tous les souvenirs qui remontent. En une minute, je peux tout analyser et me dire j’ai fait une erreur sur telles chansons, ce morceau était génial… J’ai dû mal à arrêter de le faire… il faut que j’apprenne à profiter du moment présent. Descendre de scène et boire un verre avec mes copains, nous féliciter… J’ai tendance à ne pas le faire.

Premier album…

C’était en 2005. Il s’appelait “Aérogare de Barbarie” avec mon groupe Hymn, sorti sur un petit label… et ça n’a pas marché du tout. On avait enregistré tout seul dans un studio à Genève… on peut encore l’écouter sur Deezer…

Première audition à The Voice

A l’aveugle ? C’était une super émotion, un super condensé d’émotion. C’est assez surprenant. Je prenais ça de haut en y allant en me disant c’est rien du tout, ce n’est qu’une émission de télé que tu n’affectionnes pas trop, tu prends ça comme un boulot un peu chiant… et en fin de compte, t’es happé par le truc et en deux minutes tu dois projeter à plein de gens tout ce que tu es sur une chanson qui n’est pas de toi. C’est bizarre, mais par contre c’est géant en terme d’émotion…

Première pensée qui t’ai traversé l’esprit en montant sur le plateau de The Voice ?

D’abord, ne pas me prendre les pieds dans les câbles [rires]. Mais en fait c’était de la concentration assez basique mais pas par rapport à la chanson. Plus par rapport à toutes les indications données par les bonhommes sur le plateau… Je ne pensais pas vraiment à la chanson… Je ne sais pas si j’ai vraiment réussi à rentrer dedans ? [rires] En fait si, j’ai beaucoup de pression sur les épaules, je me mets automatiquement dedans. Sinon, si je gamberge, je pense à la vie, à faire les courses…

Pourquoi “Wicked Game”?

Parce que je la connaissais, ça m’évitait de bosser un truc… Et cette assurance de m’accompagner à la guitare, les accords que je joue sont très simples. Je ne pouvais pas me planter… C’était un peu l’autoroute. Et puis vocalement, ça me permettait de commencer bas et de monter. C’est une chanson que j’aime chanter… Une des plus belles chansons…

Le premier contact avec Zazie…

J’ai plus de contact avec elle après que pendant… Le lendemain de mon élimination, elle m’a envoyé un long mail en m’expliquant qu’elle était désolée pour moi.. Je ne regrette pas du tout d’y avoir participé. C’est un beau coup de projecteur et vu la visibilité que donne un beau passage, je me dis que j’aurais aimé en faire d’autres… Avant de le faire, je m’étais tout de même dit “si je pars au troisième tour avec une belle chanson, ce sera déjà super cool”. J’avais la pression quand même parce que je m’étais bien plantée à la deuxième et j’ai beaucoup aimé ce que j’ai fait sur la troisième…

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