The Slow Show, le gros choc

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On se regarde. On ne sait pas quoi se dire. On est toutes un peu chamboulées, je crois. Les yeux sont rougis, la gorge est serrée, les mains parlent à la place de nos bouches car les mots manquent. On est toutes d’accord. On vient de subir un gros choc émotionnel, là au beau milieu du Point Ephémère. C’est la faute à The Slow Show.

Rewind.

Une heure avant, on attendait patiemment l’arrivée sur scène de Roscoe. Mais en bonnes quiches, on n’avait pas compris que les Belges jouaient en derniers et avant eux, il y a un groupe qu’on ne connaissait pas. The Slow Show. Des Anglais. Sur l’event qui annonce le groupe, on avait lu un petit mot des Inrocks. Un truc dithyrambique avec des phrases longues, des mots pompeux qui ne disent pas grand chose et tout en même temps : “A Manchester, on s’y connaît en emphase et en mélancolie – ce sont même sans doute des matières enseignées dès l’école primaire. D’Elbow aux Chameleons, le rock épique local a souvent ainsi joué au bord du gouffre, au bord de la grandiloquence, sans jamais – trop fier, trop teigneux – s’abandonner aux larmes de crocodile. C’est cette retenue, cette sophistication en crescendo qui affolent les poils d’échine sur le nouveau single du Slow Club, chanté d’une voix assez sidérante de crooner des ténèbres.” Les Inrocks quoi. On est perplexe, on sait qu’une fois sur deux, on n’est pas sur la même longueur d’onde. Mais il a fallu deux secondes et demi pour qu’on soit totalement en phase. C’est rare, ces groupes qui te scotchent en deux secondes, qui te font fermer ta gueule, écarquiller les  yeux et ouvrir grand les oreilles. Une intro crépusculaire et une voix caverneuse qui sortent de nulle part. On s’attendait à un espèce de rockband anglais qui se la raconte. On était si loin du compte. Ils font du rock oui, mais le mélange à des millions d’autres choses. On les pense petits frères de National. D’ailleurs, ils ne nient pas le lien de parenté puisque le nom du groupe fait référence à une chanson des New-yorkais (Slow Show sur l’album Boxer). Un peu à Lou Reed pour la nonchalance. Et surtout, surtout : on craque sur la voix d’outre-tombe, comme abîmée par le temps, l’alcool, la cigarette de Rob Goodwin, le chanteur. Lui, il nous fait furieusement penser à Tom Smith d’Editors. A partir de là, plus personne dans la salle ne parlent. Chose rare à Paris. Le set de Slow Show durera une heure. Une heure d’une rare intensité où aucune chanson n’est en dessous de l’autre. Les titres s’installent avec lenteur, douceur, minimalisme. Elles prennent leurs temps,  jouent avec la mélancolie, invitent à se rencontrer le folk et le rock. Amoureux de Paris, Rob avouera qu’il a toujours rêvé jouer dans la ville lumière. Il a même écrit une chanson qui en parle, de Paris, et d’une ancienne petite amie. L’occasion lui est offerte enfin de pouvoir la chanter, dans cette ville qu’il idéalise malgré les événements tragiques qu’elle vient de vivre. “I’ve seen Paris at the back of my mind, and the back of a bus, and a cigarette sign”. A partir de là, il ne restera que quatre chansons avant la fin du set.

FORWARD

On se regarde. On ne sait pas quoi se dire. On est toutes un peu chamboulées, je crois. Les yeux sont rougis, la gorge est serrée, les mains parlent à la place de nos bouches car les mots manquent. On est toutes d’accord. On vient de subir un gros choc émotionnel, là au beau milieu du Point Ephémère. C’est la faute à The Slow Show.

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