Nothing But Thieves : “On n’est pas assez connus pour être le sujet de rumeurs”

INTERVIEW – Spotted : encore un gros potentiel de l’autre côté de la Manche. Les cinq Anglais de Nothing But Thieves, un jeune groupe de rockeurs biberonnés à ce que l’on fait de meilleur en pop-rock chez nos voisins Britanniques spécialisés dans la naissance de groupes ultra talentueux. Lors de leur tournée européenne, ils ont fait un arrêt au Pop-Up du Label, fin novembre, pour présenter leur premier album éponyme. On en a profité pour parler aux déjà très pragmatiques Joe (guitare) et Phil (basse), de choses sérieux, et de choses un peu plus légères.

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(c) Emma Shindo
Joe et Phil – (c) Emma Shindo

Rocknfool : On ne peut pas ne pas commencer par ça : votre musique est toujours comparée à Muse. Vous avez déjà dit que vous y êtes habitués et que vous ne ressentez pas de pression supplémentaire. Mais est-ce que vous n’êtes pas lassés de cette association ?
Phil : C’est un gros GROS groupe, donc on ne peut pas être lassés de ça. On est ok, plutôt heureux même car on ne fait pas en sorte de sonner comme eux.
Joe : Si c’était la seule comparaison à laquelle on avait le droit ça pourrait aller. Mais on a aussi Radiohead, Jeff Buckley… même Royal Blood, ce que je ne comprends pas vraiment… (sourire) C’est normal en fait, on veut toujours comparer les groupes entre eux. Et on n’a que 12 chansons de sorties c’est pour dire ! Plus longtemps on fera de la musique, plus les gens comprendront et entendront notre propre identité musicale.
Phil : Avec un peu de chance on parviendra à avoir notre propre son ! C’est le but !

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Vous vous êtes rencontrés tôt (au lycée), vous avez tous la vingtaine, votre son est déjà très consistant, très mature. Vous travaillez déjà sur votre second album alors que vous êtes toujours en tournée. Est-ce que vous avez eu le temps de profiter de votre jeunesse ?
Phil : (rires) C’est le travail rêvé, c’est ce qu’on veut faire ! Donc profiter de notre vie à fond c’est exactement ce que l’on réalise en ce moment : on adore être en tournée, on adore être en studio, donc… J’aime aussi voir ma mère, mais ça, ça peut attendre, je la verrai quand je rentrerai à la maison !
Joe : Parce que ce n’est pas vraiment un métier non ? Ce qu’on fait ?! J’étais étudiant, Phil travaillait, quand on a commencé, on avait tous des boulots de merde, et maintenant on s’amuse tellement, que ça nous paraît être le meilleur travail au monde.
Phil : On voyage avec nos amis les plus proches, alors que les gens économisent des années pour réaliser ça normalement. Ça me paraît être un travail plutôt extraordinaire… si tu peux appeler ça un travail. On va plutôt bien pour le moment !

Sur scène vous êtes très dynamiques, vous vous donnez beaucoup physiquement , est-ce que c’est pour vous un moyen de lâcher prise, une sorte d’exutoire ?
Joe : On a passé tellement de temps à écrire ces chansons et les perfectionner, qu’on veut vraiment les présenter comme on l’a voulu… C’est un soulagement je crois. Surtout qu’en ce moment étant donné qu’on reste en groupe, coincés dans un van, 8 h sur la route… [ils étaient à Copenhague la veille de leur venue à Paris ndlr]
Phil : On n’a pas décidé d’être un groupe fou et énergique. Ce n’est pas quelque chose de préparé.
Joe : C’est juste les chansons qui nous font bouger comme ça !

Vous semblez tous les cinq avoir des goûts musicaux très éclectiques. Pourtant votre album est très très rock. Vous vous êtes débarrassés de votre autres compos, ou est-ce qu’écrire des chansons plus douces ne vous intéressait pas ?
Joe : On a quelques chansons plus douces, If I Get High, Graveyard Whistling, Last Orders… Je suppose qu’on voulait albums avec des hauts et des bas, des chansons plus énergiques et rythmées et des chansons plus douces. On voulait les deux. Après, l’album est varié, car on a aussi des sons électroniques, comme sur Hostage… Ce n’est pas quelque chose qu’on a consciemment établi.
Phil : On est de grands fans de Radiohead par exemple, et dans le futur c’est peut-être des pistes que l’on explorera, on ne sait pas…
Joe : Les albums des groupes que l’on admire, comme Radiohead et Arcade Fire sont très diversifiés, c’estla piste qu’on a voulu suivre.

Du coup, comment vous avez déterminé votre tracklist, où vos balades, comme Lover Please Stay, sont encerclées de titres bien rock ? Vous vouliez casser le rythme ?
Phil : Notre setlist d’album est l’un des aspects dont on a beaucoup, beaucoup, discuté. Et nos albums favoris avaient tendance à commencer en trombe, grimper en énergie, jusqu’à un léger creux au milieu, pour finalement reprendre le rythme sur la fin. On a adoré ce format.
Joe : Si on avait trop de titres rock ou trop de balades d’affilée, ou 10 chansons rock puis deux balades sur la fin, on aurait tendance à s’y perdre. On voulait que ça voit un parcours… C’est réfléchi !
Phil : Enfin… nous, on le croit (rires).

Vous avez fait une super reprise de Holding Out For A Hero de Bonnie Tyler pour la série Viking. Vous avez d’autres projets comme ça de B.O ?
Joe : Non aucun, ils sont juste venus nous voir comme ça et nous ont demandé de le faire. Ils aimaient le groupe, ils avaient cette chanson… nous on aimait la série, et on apprécie aussi reprendre et retravailler entièrement une chanson. C’était vraiment fun, mais on ne pensait pas que cette reprise allait autant plaire.
Phil : Le but était vraiment d’en faire quelque chose d’autre. Quand tu l’écoutes au début tu ne sais pas vraiment ce que tu entends, et quand tu arrives au refrain, ton oreille attrape les paroles, et là seulement tu comprends ce que c’est. La version originale est une sorte de classique disco, et on voulait la rendre beaucoup plus sombre, même chose au niveau des paroles, quand elle dit « J’ai besoin d’un homme ! » (rires)…
Joe : Il fallait faire en sorte qu’elle sonne à la manière de Nothing But Thieves, et que les paroles prennent un autre sens.

Vous êtes plutôt prolifiques sur les réseaux sociaux. Est-ce que c’est quelque chose que vous aimez faire, ou est-ce que cela fait juste partie de votre boulot ?
Phil : On n’a jamais convenu d’une démarche à suivre en ligne, mais c’est vrai quon aime bien engager des conversations entre nous.
Joe : C’est plutôt cool je trouve, pour les fans du groupe, de nous suivre comme ça, très directement. J’aime bien parler avec les gens qui nous suivent sur Twitter, ce qu’on ne pouvait pas faire il y a quelques années. Bon, il y a des aspects que j’aime moins cependant. Il ne faut juste pas être non-stop branchés sur les réseaux.
Phil : Ça peut être sympa c’est vrai. J’aime bien avoir plein de notifications avec des questions que les gens peuvent se poser, ou quand tu es dans le van et que tu reçois plein de messages d’anniversaire… Ça prend quelques minutes par jour d’y répondre et ça fait plaisir, donc j’aime bien ce côté là.
Joe : Récemment les gens nous demandait si notre concert à Paris serait maintenu, et c’était si facile et rapide de répondre que oui, on allait jouer, et d’expliquer qu’on allait reverser l’argent de la soirée à l’association pour les victimes des attentats du 13 novembre. Il y a des pour, et des contre !
Phil : On se demande comment les groupes faisaient avant… (sourire)

Votre groupe préféré pour lequel vous avez fait la première partie ?
Joe : On a ouvert pour Arcade Fire une fois au British Summer Time Festival et j’adore ce groupe !
Phil : On a joué au Reading Festival, et Foals faisait un set secret après le groupe qui jouait après nous. Et on est des grands fans de Foals aussi… C’était extraordinairement cool.

Votre festival préféré jusqu’à présent ?
Phil : Reading !
Joe : Reading aussi. C’est un festival où on allait tous les ans quand on était gamins, donc avoir la chance d’y jouer nous-même…
Phil : On a joué le samedi, mais on y était en tant que festivaliers les autres jours… Je jure que je connais mieux ce festival que plein d’endroits où j’ai vécu !

Votre comfort food favorite quand vous êtes en tournée ?
Joe : J’essaye de ne pas manger en tournée… C’est tellement dur de manger sainement car tu vis dans les station-services…
Phil : C’est plus facile quand tu manges chez toi, car en tournée tu as tendance à beaucoup boire de bières, notamment sur scène, et après quelques jours tes vêtements sont trop serrés. On essaye de faire des efforts et ne pas manger partout et tout le temps. Cela étant dit, j’adore les tea cakes (Joe rit), c’est de la guimauve sur des biscuits, recouverte de chocolat. Sinon en Europe vous avez des hot-dogs partout sur les aires d’autoroutes, et pas assez de salades (rires). Je me souviens l’année dernière, j’ai eu ma période où j’étais végétarien, et au bout du quatrième mois en Europe, je me suis rendu compte que c’était impossible de ne pas manger de viande… je ne mangeais que du pain…

Votre meilleur catering ?
Joe : J’espère que ça sera celui du Pop-Up du Label ! Ça sent déjà bon !
Phil : Il y avait ce festival où on a joué au Danemark, et leur zone de backstage était incroyable, la meilleure qu’on n’ait jamais eue. Tu pouvais te faire masser, au milieu il y avait un bar à jus où ils te faisaient tout ce que tu voulais comme mélange avec du gingembre, des fruits, des légumes… Et comme si ce n’était pas suffisant tu avais ce restaurant avec la meilleure nourriture de toute ma vie. Je ne voulais pas partir ! Je faisais jus, nourriture, massage, jus, massage, nourriture… On a aussi fait un concert ! (sourire).

Votre chanson de douche préférée ?
Joe : Je n’écoute pas de musique sous la douche, mais ma chanson préférée de l’année c’est What Went Down de Foals.
Phil : Je ne veux pas faire le copieur, mais je suis d’accord, je l’ai chantée je ne sais pas combien de fois cette chanson. Je l’écoute tous les jours depuis qu’on est repartis en tournée… principalement parce que j’ai perdu toutes les musiques sur mon téléphone (sourire).

La rumeur préférée à votre propos dont vous avez eu vent ?
Phil : Il y en a des terribles… (rires).
Joe : Tu vois qui est Olly Murs ? Il n’a jamais entendu parler du badminton. C’est vraiment bizarre non ?

Et pas de rumeur vous concernant vous ?
Joe : (rires) Je ne crois pas qu’on soit assez connus pour être le sujet de rumeurs.

Je peux en inventer une si vous voulez.
Joe : Oui s’il te plaît ! Mais une bien, et sympa. Dis qu’on est le groupe préféré de Dave Grohl.
Phil : Bonne rumeur ! Tu dis que tu lui as parlé en ligne, et qu’il t’a confié qu’il était fan des cheveux de Joe.
Joe : Et il a ajouté que je pourrais être un mannequin pour cheveux.

Votre mensonge préféré en interview ?
Joe : L’origine de notre nom… à chaque fois ! On a du dire la vérité une seule fois, mais tu ne peux pas savoir laquelle. Si tu fais des recherches je pense que tu pourrais trouver.
Phil : Impossible !

Vous inventez à chaque fois quelque chose de différent ?
Phil : J’ai fait une interview l’autre jour et la journaliste m’a dit : « je sais que vous racontez toujours des mensonges à propos des origines de votre nom, peux-tu m’en inventer un là maintenant ? ».
Joe : Mais souvent on ressort les mêmes histoires inventées.
Phil : Et là, ta prochaine question est : d’où vient votre nom ? (rires).

Votre cliché sur Paris, qui s’avère finalement vrai ?
Phil : (rires) Que vous portez tous des bérêts. En fait ma mère est française, donc je ne crois pas que vous sentiez mauvais !
Joe : La nourriture française est supposée merveilleuse. Et elle l’est.

► Album déjà disponible, sortie physique en janvier 2016 (RCA/Sony Music)

Propos recueillis par Emma Shindo.