On a écouté : “My Wild West” le troisième album retour aux sources de Lissie

Lissie et moi c’est une affaire qui dure, et qui durera encore longtemps, je l’espère. Pour la petite histoire, c’est l’un des premiers concerts où m’a traînée Sabine en 2011, alors que je faisais mes débuts dans les salles parisiennes pour RockNfool. Un coup de foudre puissant, dont je ne me suis toujours pas défaite 5 ans après. À la suite de Catching a Tiger, son excellent premier album indie-folk enregistré à Nashville et sorti en 2010, elle nous avait un peu semés sur la route plus pop-rock qu’avait pris (trop) certaines des compositions de Back To Forever, son deuxième album, un peu trop radio-pensé à mon goût. L’Américaine a finalement décidé de ne pas se précipiter dans l’écriture et la production de son troisième album, qu’elle est partie enregistrer aux côtés de Curt Schneider (qui avait déjà participé à l’écriture de Catching a Tiger).

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I fell in love with California, I fell in love with the dream (…) Hollywood, you break my will like they said you would, Hollywood, you broke my heart, just because you could, Hollywood, you fit my dreams like I knew you would.

My Wild West commence méthodiquement par faire le bilan : un troisième album indé’ (elle n’est plus engagée avec de Sony), un déménagement, un changement de cap, un début de stabilité. Dans « Hollywood », Lissie fait ses adieux à sa Californie idéalisée, cette terre de tous les possibles. Paradoxalement, la (superbe) chanson qui clôture son album en guitare-voix, n’est autre que “Ojai”, sa ville californienne d’adoption qu’elle dit quitter non sans peine :”I don’t want to leave you, but you know that I made up my mind, so goodbye, Ojai…” On l’aura compris, Lissie est tiraillée entre plusieurs émotions antinomiques et confie une nouvelle fois ses doutes, convictions et réflexions, ainsi que ses combats (“Daughters” et son féminisme inspiré du documentaire Pray the Devil Back to Hell sur Leymah Gbowee).

La Californie est vite remplacée par “My Wild West”, un hommage à son Midwest natal, où elle a fini par poser ses valises dans une ferme de l’Iowa  (“I’ve been living live on the edge…but I’m going rogue in the wild Wild West”) même si paradoxalement elle continue à parcourir le monde 2/3 de l’année. Un retour aux sources et à la nature, teinté d’un désenchantement perceptible, qui a néanmoins eu l’avantage de l’a faire revenir vers ses premiers amours de folk roots, que l’on retrouve dans la charmante ballade sentimentale “Together or Apart”, “Stay” ou “Ojai”. À côté de ça, on a beaucoup aimé le côté rock-héroïque de “Daughters”, “Hero” ses cuivres et sa réverb’ de guitare très Sergio Leone,  qui aurait pu très bien se trouver sur son premier album. Suivi de très près par la superbe balade “Sun Keeps Risin'” en hommage à sa tante, décédée d’une sclérose (ALS), et dont les paroles candides (“But the sun keeps rising anyway, I still think of you everyday, I hope that you’re ok…”) et la jolie mélodie toucheront quiconque a déjà perdu un proche.

Why doesn’t anybody stays ? It’s like they all just go away… Nobody stays, everyone just fades away…

L’ensemble est un peu foutraque, on l’avoue, mais on ne peut s’empêcher d’aimer toutes ces petites parcelles, ces bouts de vie ordinaires, presque naïfs qui le constitue : le dernier puissant refrain de “Stay”, avec banjo, violoncelle et percussions, les petits traits aigus de réverb de guitare sur “Together or Apart” qui font un liant entre les couplets, soutenus ensuite par un léger chœur, les quelques touches de percussions très organiques et les lignes de basses très rythmiques qui viennent discrètement ponctuer le tout… On a l’impression, un peu stupide, de retrouver la Lissie des débuts, celle qui avec son timbre de voix légèrement écorché et puissant savait nous émouvoir avec 4 accords et une modulation sur le refrain final. Celle qui se livrait sans concession entre humour et engagement à coup d’harmonieuses mélodies et savait mélanger savamment folk, blues et pop-rock… Il semblerait qu’on l’ait retrouvée. Welcome back Lissie, it’s been a while.

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My Wild West, sortie le 12 février 2016 (Cooking Vinyl)