On a écouté : “Mona” d’Emily Loizeau

Mona, c’est le nom du spectacle musical imaginé par la très créative Emily Loizeau, toujours à la quête d’idées lumineuses et artistiques. Lire les lignes de William Blake, chanter dans des salles éclairées uniquement à la bougie. Mona évoque la mort. Oui, ce n’est pas joyeux comme thème. C’est bouleversant mais d’une beauté sans nom. Mona c’est aussi le nom du nouvel album de la prolifique chanteuse, sorti ce 27 mai. Une œuvre bouleversante. Écrit en français et anglais, parce qu’Emily est à l’aise aussi dans la langue de Bob Dylan que dans celle de Barbara. Barbara, j’ai pensé à elle en écoutant le titre “Sombre printemps”.

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Mona est un récit, un journal intime dans lequel elle raconte la mort de sa mère, disparue des suites d’une longue maladie psychiatrique. Elle parle aussi du naufrage du bateau de son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale. L’épouse du monsieur, sa grand-mère, était alors enceinte de la maman d’Emily. À travers Mona, la chanteuse mêle les deux histoires, à la fois proches et différentes. Mais il s’agit dans les deux cas, d’un naufrage. Au sens littéral, celui du bateau et au sens un peu plus imagé, celui de la psyché. Le thème abordé n’est pas heureux et cette mélancolie triste se ressent dans les mélodies des chansons jouées au piano auxquelles se greffent quelques arpèges délicats de guitares sèches où quelques notes de violoncelles.

Au fil des textes et des chansons, Emily Loizeau raconte la descente, l’enfer des hôpitaux, les conversations téléphoniques absurdes. La chanteuse se raconte à cœur ouvert, elle se livre et se confie à l’auditoire avec une intimité, une proximité désarmante. Désarmant, c’est l’adjectif qui collerait le mieux à ce Mona, tant on est happé, touché par les chansons d’Emily Loizeau. Elle parle, chante, parfois elle se tait et laisse uniquement parler les instruments comme sur “Ondes”. Bouleversant. Parfois, la musique exprime plus que les mots. Parfois une mélodie suffit et dans le silence, on comprend tout… L’album n’est pas le plus simple d’accès, mais Emily n’a jamais été tentée par la simplicité. Elle signe le plus bel hommage à sa mère, à son grand-père. Jamais, nager en eaux sombres, en eaux troubles n’a été si beau. Mona est triste, Mona est froid, Mona est mystérieux, mais Mona est dangereusement addictif. Merci Emily.

En concert le 17 juillet aux Francofolies de la Rochelle, et le 10 novembre à La Cigale.

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