On y était : Har Mar Superstar au Saint des seins à Toulouse

Parfois, traîner sur internet n’est pas une perte de temps, surtout quand on tombe sur le concert d’un artiste découvert récemment, et qu’on ne pensait pas qu’il se produirait dans sa ville. On oublie alors ses plans du soir et on part voir le chanteur de soul et de funk, Har Mar Superstar (un nom qui fait plaisir à dire, essayez !).

À ne se fier qu’à nos préjugés, on ne pourrait pas croire que le chanteur soit capable de nous faire bouger les pieds en cadence dès les premières notes jouées par son groupe. Petit, dodu, joufflu, les cheveux longs mais rares, habillé sans accord particulier : à le croiser dans la rue, on aura tendance à croire qu’il est le pilier du PMU du coin, celui sur lequel repose les recettes du Ricard tomate et des jeux à gratter. Nouvelle preuve qu’il ne faut jamais se fier aux apparences.

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Har Mar Superstar, de son vrai nom Sean Matthew Tillmann, est né le 6 février 1978, à Marshall, petite ville du Minnesota. Très tôt il écoute les disques de Michael Jackson et ceux de son voisin de Minneapolis, Prince : ces deux influences s’entendent encore dans ses chansons et dans ses concerts. Très tôt, il crée ses premiers groupes, 12 ans, et très tôt il crée des personnages pour monter sur scène : Calvin Krime pour le rock, Sean Na Na pour l’indie-pop et notre préféré, Har Mar Superstar (Har Mar était le nom d’un centre commercial…) pour la soul et le funk. Avec ce dernier personnage, il a livré en ce dernier jour de mai une prestation qui a su ravir ses fans et captiver les curieux.

Bar où il fait bon boire et petite scène toulousaine qui continue de monter, le « Saint des seins » est un lieu certainement plus intimiste que les endroits dans lesquels, Har Mar Superstar est généralement habitué à tourner. Cinquante personnes sont dans la salle. Aucune affiche ne dévoile son visage, aucun tract ne l’annonce. Si l’on n’avait pas payé les 20 euros du billet à l’entrée, on pourrait croire que l’installation sur le podium allait servir à quelques étudiants toulousains, apprentis musiciens, tentant de se convaincre de leur talent grâce à la scène ouverte. L’ambiance est celle d’un bar, lumières fortes et bières à la main. Et puis l’obscurité se fait dans la salle, le plateau bleuit lentement, un, deux, trois… sept musiciens descendent l’escalier menant directement des loges à la scène. Ils commencent à jouer, et ça commence à faire du bien. La pression monte lentement, gentiment, et Har Mar Superstar descend à son tour : legging coloré, débardeur noir et blouson de baseball qu’il changera pour un poncho bolivien au bout de deux chansons, puis, au bout de deux autres, pour une tunique turquoise, pour finir torse (gros ventre) nu pour la fin du concert…

Le spectacle peut donc commencer. Il va alors enchaîner pendant une heure les morceaux funk où les cuivres rythmeront et ponctueront à merveille son chant (“Prisoner”), ceux d’inspiration Motown (“Restless Leg” ; “Lady, you shot me”), des titres où une pointe d’électro est distillée et les slows soul qui nous font croire qu’on pourrait souffrir avec lui (“Haircut”). Sa voix puissante et douce à la fois surprend tant il est loin des standards physiques des classiques R’N’B. Mais surtout elle accroche. Ses musiques sont parfaitement arrangées, sans ces excès presque baroques que l’on trouve de nos jours : chaque ligne n’est qu’au service de la musique, et non à celui des musiciens. Pur plaisir pour les oreilles, mais aussi pur plaisir pour les yeux : Har Mar Supertar ne fait pas le spectacle, il est le spectacle du soir. On a donc eu droit à de multiples changements de tenue, un strip-tease, un passage pour 5 chansons loin de ses musiciens, bien assis sur le bar, où entre deux morceaux il demandait un “shot de tequila, please”, tout cela sans jamais faire ombrage à sa musique. Pour Shaima, la manager des lieux qui ne le connaissait pas du tout, c’est le meilleur concert qu’elle ait fait ici. Vous l’aurez compris, s’il aimait ses disques, l’auteur est devenu fan de Har Mar Superstar grâce au concert !