Rock en Seine : nos concerts préférés de l’édition 2016

Un soleil de plombs. Des hommes torses nus, des femmes en maillot de bain. Rock en Seine a des airs de Coachella. Rock en Seine avait mis l’accent sur le fun, la danse, la chaleur et le rock. Tout ça, rassemblé sous un slogan : Let’s Dance.

Let’s Dance. Comme la chanson de David Bowie, qui nous a quittés quelques mois plus tôt, un dimanche du mois de décembre. Rock en Seine c’est trois jours de concerts. Trois jours de rock avant la rentrée. Le dernier festival d’été. Et, on a été gâté. Rocknfool te raconte cette édition via les concerts qu’on a préféré.

Rock en Seine, Jour 1

The Brian Jonestown Massacre
On aurait voulu arriver plus tôt et voir Slaves mais les aléas des accréditations ont fait qu’on est arrivé sur le site quand BJM avait déjà bien entamé son set.  Ils sont légendaires, on le sait. Guitares nonchalantes et l’attitude qui va avec. Anton Newcombe et ses comparses ne sont pas bavards, on le savait, mais ce jour-là, ils ont simplement donné le strict minimum syndical. Etre sur scène, balancer les titres cultes (“Anemone”, “The Devil May Care”, “Yeah Yeah”) et attendre que la musique fasse le reste. Ils ont de la chance, parce que la plupart du public semble s’en contenter.

Two Door Cinema Club
C’est au soleil couchant que les Irlandais montent sur scène. Le ciel s’assombrit donnant encore plus de cachet à la scénographie : des écrans et des projections partout. Two Doors Cinéma Club va livrer un set explosif et dansant, s’affirmant un peu plus comme l’un des grands groupes électro-pop de notre époque. Le groupe profitera de ce concert pour livrer quelques titres de son nouvel album attendu en octobre prochain, Gameshow. On est déjà sous le charme de “Bad Decision”. Et comme toujours, on ne résiste pas aux anciens titres (“What You Know”) et à la voix d’Alex Trimble. Prestation survoltée et ovationnée.

Royal Republic
On dit qu’ils sont les petits frères de Black Keys. Le son crade en moins, le sens du spectacle en plus. Royal Republic a soufflé un vent de rock testostéronné sur le scène Pression Live devant un public complètement chauffé à blanc dès les premières minutes du set.

The Last Shadow Puppets
On était allé jusqu’à Clermont-Ferrand, au Festival Europavox pour voir les deux enfants terribles du rock anglais. C’était moite, sexy. Terriblement sexy. Ce soir-là à Rock en Seine, c’était un peu différent. Un set alcoolisé (oui, on a remarqué qu’Alex n’a pas bu que de l’eau avant de monter sur la Grande Scène), un peu désorganisé mais tout de même de très haute facture. Le concert joue sur la guerre des egos entre Turner et Kane. Les deux prennent énormément de place et rendent invisibles les autres membres du groupe. Pendant une heure, les garçons parcourent leurs deux albums et agrémentent leur set de deux reprises : “Les Cactus” de Jacques Dutronc (c’était une blague au début) et “Moonage Daydream” de David Bowie. Ce dernier aurait été touché d’un tel hommage.

Rock en Seine, Jour 2

Wolfmother
Soleil de plomb et belle ambiance à la Grande Scène pour le concert de Wolfmother, alors qu’une partie de la foule compacte se déhanche en plein cagnard. Le trio australien en est bien conscient. Riff sur riff, ils balancent leur rock énergique et brut très British. Leur son sec te prend aux tripes : ça gigote dans ton corps et tu te sens posséder petit à petit par le démon du rock.  Ça vibre aussi à l’intérieur du corps du bassiste-claviériste qui ne tient pas en place, il transpire chaque note en tabassant son clavier. Derrière, le batteur envoie la patate, tandis qu’au premier plan, Andrew Stockdale, le chanteur-guitariste chevelu attire tous les regards, avec son timbre de voix haut-perché (“Victorious”) et ses riffs sulfureux (“How Many Times”). On adore.
Wolfmother

Beau
Il fait chaud entend-t-on dans un français teinté d’accent anglo-saxon alors que l’on s’approche de la scène Pression Live. On trouve un petit coin d’ombre et l’on observe Beau. Contrairement à ce que leur nom peut faire croire, les deux jeunes femmes sur scène ne sont pas françaises, mais new-yorlaises. Heather et Emma Rose sont plutôt à l’aise sur scène, accompagnée simplement d’un batteur et d’un bassiste. Leur premier albumThat Thing Really (2015) repéré par Kistuné contient de jolis morceaux pop-rock ingénument rétro, “C’mon Please”, “Jane Hotel”, que les filles interprètent avec énergie et bonne humeur. On adore leur reprise des Ronettes, “Be My Baby”, et on finit d’être séduit par “She’s A Cat”, une nouvelle chanson que Beau présente au public parisien non sans humour. Belle découverte.
Beau

La Femme
On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde. La scène de la Cascade débordait de toute part et c’était compliqué d’apercevoir la scène. Voire même les écrans. On a tout de même réussi à se faufiler pour aller au plus près et apprécier le concert complètement fou de La Femme. On sait qu’ils sont plusieurs dans les têtes de chaque membre du groupe. Un peu de  folie ça fait du bien. La Femme est là pour présenter en avant-première les titres de son nouvel album, et on se dit qu’à l’écoute de certains titres, ils ont décidé de ne se pas prendre au sérieux. Enfin, encore plus. C’est la pensée qui nous a traversé l’esprit quand on a écouté “Mycose”. Évidemment, ils ont aussi interprété les titres du premier album, de “Sur La Planche” à “Nous étions deux”.

Edward Sharpe & The Magnetic Zeros
Comment parler d’Edward Sharpe & The Magnetic Zeros ? Pour être honnêtes avec vous, une partie de l’équipe a décroché avec Person A leur dernier album… Mais bon, on ne se démonte pas, et on se rend à la Grande Scène pour assister à un spectacle magistral de pure folie. Les 9 membres du groupes sont rassemblés au milieu de la scène, fournissant un cocon musical nourri de sons composites, allant de la clarinette au tambourin-caxixis, en passant par un tuba jazz. Mais le héros du jour, celui qui attire tous les regards avec sa voix addictive, c’est le divin gourou Alex Ebert bien sûr. Bain de foule dès la première chanson, le frontman du groupe californien enchaîne clope sur clope, avant de se rafraîchir le gosier de vin rouge. Il a le regard possédé en arpentant l’avant scène, incapable de s’immobiliser plus d’une seconde. Alors que le collectif s’est lancé dans “I Don’t Wanna Pray”, il tend le micro à une jeune femme téméraire (et amoureuse) qu’il fait chanter (et qu’il finira par faire monter sur scène, pour son anniversaire). “Wake Up The Sun” nous fait furieusement penser à une démonstration de foi, tandis que “Day Dream” nous fait chalouper comme jamais, on a l’impression d’appartenir à cette sympathique secte d’exaltés. Pour finir, c’est “Truth” et “Home” qui achèvent de nous fasciner (et de ravir le public). C’est décidé, on lâche tout et on adhère au Sharpisme direct.
Edward Sharpe & The Magnetic Zeros

Half Moon Run
On ne compte plus le nombre de fois où on les a vus cette année. Mais quand on aime on ne compte pas. Et, avec Half Moon Run, on a cessé de compter. Annoncé en dernière minute pour remplacer un groupe qui avait déclaré forfait, le groupe canadien n’a pas caché sa joie sur scène. Des sourires, de la complicité entre les membres et avec le public. Une set-list un peu bancale mais un final complètement fou qui s’est terminé avec des guitares balancées au sol. Ils étaient plus rock que pop ce soir-là, Half Moon Run, et ce n’était pas pour nous déplaire.

 Rock en Seine, Jour 3

Iggy Pop
Il n’y avait qu’un mec à voir ce dernier jour, c’était la légende Iggy Pop qui est visiblement sorti de sa dépression. Pas de Josh Homme ni de Matt Helders sur scène, on comprend que ce n’est pas le dernier album qu’il mettra en avant. En fait, Iggy a plutôt donné un concert best-of en distillant ses plus gros tubes. C’est intelligent dans la mesure où les fans absolus peuvent écouter en live les “I Wanna Be Your Dog”, “I’m a Passenger” ou autre “Lust for Life” et “Sixteen”. On regrette un band un peu vieillot et lourdingue par moment mais on pardonne. C’est Iggy Fucking Pop qui est sur scène.

Aurora
On s’est fait un petit extra avant de partir en faisant un détour au show de la petit fée Aurora.  19 ans et un talent monstrueux. On le savait déjà, on l’avait aperçue à l’Eurosonic et, à Rock en Seine elle nous a hypnotisés à coups de prouesse vocale et de chants presque mystiques. Aurora a tout d’une prêtresse et au milieu des arbres qui cachent la scène Pression Live, on a l’impression d’être ailleurs. Au beau milieu d’un bois enchanté. Et enchanteur.

Pour revoir les concerts comme si tu y étais, va donc faire un tour sur CultureBox par ici.

Texte et photos : Sabine Bouchoul & Emma Shindo