Benjamin Francis Leftwich et Travis Is A Tourist : l’art de faire pleurer et rire

LIVE-REPORT – Lundi soir, le Point Éphémère accueillait Benjamin Francis Leftwich et Travis Is A Tourist pour un concert intimiste durant lequel les spectateurs sont passés du rire au larmes. Ou des larmes au rire.
Quoi de mieux pour commencer une semaine qu’un concert posé. Tranquille. Non, pas un truc remuant où tu ressors content mais lessivé. Au Point Éphémère, avec Benjamin Francis Leftwich on a eu ce qu’on cherchait : de la douceur, des envies de couvertures chaudes, de tisane au coin du feu. Le jeune homme est venu seul. Avec sa guitare pour seul compagnon. Parfait. C’est tout ce qu’il lui faut. Même le micro est superflu, puisque la plupart du temps, il s’en éloigne pour chanter au plus près du public, sans aucune amplification.

Benjamin Francis Leftwich

Benjamin Francis Leftwich est un étrange personnage. Il a cette façon de parler propre aux sales gosses du nord de l’Angleterre. Il converse avec un débit rapide et un ton monotone. Avale la moitié des syllabes, jure parfois entre deux gorgées de bières. Et, quand il chante, il est bouleversant. Sa chaude voix remplit la salle d’une douceur exquise. Les yeux fermés, il raconte ses histoires à lui. Il raconte son deuil, ses amours perdues, sa vie fantasmée, son Angleterre qu’il aime mais qu’il ne pardonne pas. “Fucking England” qui a décidé de quitter l’Europe. Il n’a pas digéré le Brexit. Pour lui, c’est une honte. Lui, l’Européen qui revient d’un festival à Hambourg. Il raconte avoir été, un peu, choqué de trouver un sexshop accolé à un McDo. J’imagine que tu vois très bien de quelle rue, il parle, Benjamin. Quand il ne performe pas sur scène, c’est au milieu de la foule qu’il s’époumone. Guitare en bandoulière, il chante littéralement pour chaque spectateur, déambulant au milieu d’eux, regardant certain droit dans les yeux. Déroutant, Benjamin Francis Leftwich l’est. Assurément.

Sa première partie l’était tout autant. C’est un ami à lui qui est invité à se produire. Lui aussi, en tête-à-tête avec sa guitare. Électrique cette fois. Travis Is A Tourist. C’est le nom du joyeux luron irlandais qui enchaîne verres de whisky et lampée de bière. Travis est irlandais. Comme tout Irlandais qui se respecte, il maîtrise l’art de faire passer son public du rire aux larmes. Quand il chante, c’est d’une beauté déchirante, quand il meuble les interludes, c’est hilarant. Il promet qu’il reviendra bientôt. On l’attend. On le promet aussi.

Texte : Sabine Bouchoul | Photos : Emma Shindo