XXX, le sublime triptyque féministe et anti-Trump des Pussy Riot

CHRONIQUE D’ALBUM : Alerte ! Les Pussy Riot sont de retour dans le monde de la musique. Avec XXX, premier EP depuis leur libération en 2013, on tient là le meilleur album politique de ces dernières années ! 

Depuis leur libération en décembre 2013, les Pussy Riot naviguaient entre meetings politiques de Bernie Sanders (entre autres) et tournage TV de House Of Cards. Rares étaient les occasions de les entendre en musique.  À vrai dire, nous ne savions même plus si ce mouvement existait encore, tellement Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina étaient sur le devant de la scène, et avaient délaissé leurs camarades de jeu. Les mois ont passé, les violences faites contre les Pussy Riot ont continué. Les récits que nous pouvions lire sur leur page Facebook étaient souvent édifiants.

Aujourd’hui, presque 3 ans après sa libération, Nadejda Tolokonnikova a pris le leadership du mouvement et vient de publier sous le nom de Pussy Riot un E.P de 3 titres, à écouter de toute urgence. XXX passe au hachoir Donald Trump, Vladimir Poutine et les vagins.

Pussy Riot

“Make America Great Again”, le pied de nez à Trump

À la production Ricky Reed (que vous connaissez peut-être via Robin Thicke, Icona Pop ou Jessie J). À la réalisation du clip Jonas Åkerlund (Lady Gaga, Madonna, Beyoncé ou Rammstein). Sur le papier, l’entourage de Nadejda Tolokonnikova ne laissait rien paraître de bon.

Lors du visionnage du clip, je me sentais manipulé par la chanteuse. Clip simple, qui ne pourrait que victimiser le fou américain. La forme de la vidéo ne mettait pas assez en valeur la chanson. Je me suis alors dirigé vers l’EP, et là… Je me suis pris une claque. Un air de Madonna (“American Life”). Une rythmique qui rentre en tête facilement. Tout est efficace et les paroles deviennent limpides.

Let other people in
Listen to your women
Stop killing black children
Make America Great Again

“Straight Outta Vagina”, le retour aux sources des Pussy Riot

Après un titre pop assez minimaliste, back to  basics : l’esprit punk ! Certes, l’électro a pris le dessus, mais la rythmique des premières années de Pussy Riot est de retour. On retrouve ce sentiment de rage féministe, si peu entendu de nos jours, à cause des diverses manifestations moyenâgeuses qui décident de prendre le contrôle du XXIe siècle.

Plutôt que d’épiloguer et de disserter sur ce titre, je me permets de vous transcrire la description de “Straight Outta Vagina” par les Pussy Riot :

Women were slaves of the world for centuries. Women’s got their right to vote less than 100 years ago. Russia (1917), US (1919), Switzerland (1971). We’re still just about to build another roles, norms, ethics for vaginas owners.

And the owner of vaginas is not some narcissistic stupid orange ape who’d claim that he could easily grab women by their pussies. The owner of vagina is a woman. Who wears her vag as a badge of honour.

“Organs”, sublime et violent

La langue russe avait été si peu utilisée lors des derniers titres des Pussy Riot. J’y trouve, dans cette langue, une violence et en même temps une beauté exceptionnelle. Ce sont les mêmes émotions que je ressens face à ce titre. “Organs” décrit la dictature politique de la Russie, via l’assassinat du Boris Nemtsov (homme politique libéral russe), l’emprisonnement des anti-Poutine, ou bien d’autres faits.

Pour les âmes sensibles, ne craignez rien, la violence n’est que suggérée. À aucun moment, elle n’est montrée. Mais “Organs” est un coup de poing pris en pleine gueule, tant sur le plan visuel, que sur le plan musical, où les deux minutes instrumentales nous immobilisent.

My president replaced his dick with an ICBM
Freedom and bondage is the same shit now
But instead of inserting cocks they insert tanks in my town

I refuse to be just a proton

Au final, XXX est le premier vrai EP des Pussy Riot. Présenté par la plupart des articles de presse comme 3 clips distincts, il n’en est rien. XXX est un objet musical et politique à part entière, que nous devrions tous avoir dans notre discothèque numérique. Et il pourrait même être la B.O officielle du lundi 7 novembre 2016, journée du mouvement baptisé “7 novembre 16h34” pour “faire de l’inégalité salariale, une problématique politique centrale”.

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