Fabrizio Cammarata, la douceur folk d’Italie

NOUVELLE TÊTE : Novembre est maussade. Il pleut. Donald Trump est président. Besoin d’une douceur à écouter en position latérale de sécurité ? Rocknfool te propose Fabrizio Cammarata.

Il arrive d’avoir des passages à vide, que rien ne nous plaise, que l’on traverse des zones de turbulences. En général, quand je suis dans ces périodes-là, je me réfugie dans la musique, et dans de la musique acquise. Que je connais, que j’aime. D’ordinaire,  O de Damien Rice fait l’affaire.

Mais pas ce mois-ci. Damien Rice et novembre vont ensemble pourtant. Mais, je ne sais pas pourquoi, cette fois, il ne parvient pas à calmer mes crises de mélancolie automnale. Mes oreilles ont besoin de quelque chose de nouveau, d’inédit, elles n’en pouvaient plus d’écouter en boucle des titres que je connais déjà que trop bien. L’autre problème avec novembre, en plus de la mélancolie qui va de pair, du froid qui s’empare de tes os et de la pluie qui s’abat trop souvent sur tes vitres, c’est la lassitude, la blase. Et mon dieu, qu’elle est chiante cette blase qui te donne l’impression d’être une vieille peau irritée et irritable. Mes oreilles et ma blase doivent leur salut à Fabrizio Cammarata. Une rencontre au hasard des Internets. L’homme est italien, comme son prénom et son nom l’indiquent. C’est un songwriter qui s’épanouit dans le pop-folk d’orfèvres à la manière d’un Piers Faccini. Fabrizio est un pur produit italien. Il le dit sur Twitter et Instagram : Born and raised in Palermo. “Un endroit avec beaucoup de beauté, de poésie, de décadence, tragédie et pouvoir. C’est une ville avec beaucoup d’histoire de cultures qui se sont mélangées au fil des siècles“. Si Palerme est son ancre. Il se considère comme un gypsy. S’il écrit en anglais, il dit qu’il est influencé par toutes les musiques du monde : aussi bien la musique des Touaregs que le Sufi du Pakistan en passant par le flamenco.

Le jeune homme s’apprête à sortir un E.P intitulé In Your Hands. Ça arrive le 18 novembre. Pile au moment où les crises de mélancolie se font plus intenses. Bien sûr, il ne la soignera pas. Il l’a nourrira sans doute, l’accentuera. Mais il l’a rendra plus belle avant de sortir un album début 2017. L’EP, c’est trois chansons. Trois titres qu’il décrit comme “très différentes les unes des autres. Elles représentent mes styles de songwriting, mais je les vois comme trois phases d’une odyssée”. L’homme est poète. Ça s’entend. Ça se lit. Ses chansons parlent d’amour, pour la plupart, même si elles sont souvent dotées de double sens. “J’aime l’idée qu’une chanson peut être utilisée comme une sérénade ou comme une berceuse“.

La musique et les arts contemporains

Et comme il est attaché à la musique autant qu’à l’image, chacune des chansons s’accompagnent d’un clip. Il y a déjà eu “Hold and Stay”. Une chanson qui parle de la distance dans une relation. Une idée retranscrite dans un clip en noir et blanc, par deux personnages côte à côte, qui ne se voient pas. Le deuxième clip, “In Your Hand”, très contemporain, la vidéo s’intéresse à une main, “un être à part entière. Voir une main comme une unité à part, oublier à qui elle appartient, montrer que les mains ont leur propre vie car elles ont leur propre substance, elles peuvent exprimer la joie, la tragédie, l’anxiété“. Fabrizio Camarata est un poète, je te l’ai déjà dit.

La troisième chanson de l’odyssée musicale ? Je ne l’ai pas oubliée. C’est “La Llorona”. Tu la connais forcément si, comme moi, Joan Baez fait partie de ta culture musicale. “La Llorona”, une chanson traditionnelle mexicaine mainte fois reprise. Pour Fabrizio Cammarata, cette chanson, c’était une obsession. “Cette chanson est si magique et hantée que parfois elle me semblait dangereuse pour moi. L’amour et la mort sont synonymes ici. Depuis que je l’ai découverte, je la chante à chacun de mes concerts. Je sais que cela semble fou, mais pour moi, ce n’est pas juste une reprise. J’ai l’impression que c’est celle qui m’appartient le plus dans les chansons que je chante“. On lui a dit que cette chanson a été écrite par un démon. Au Mexique, on ne plaisante pas avec les traditions et les légendes. Le Mexique, pays dont Fabrizio Cammarata est tombé amoureux.  Son album sera teinté des sonorités mexicaines et d’influences mexicaines. Un roman intitulé Un mondo raro accompagnera cette sortie. On y croisera le fantôme de Chavela Vargas, la “Billie Holliday mexicaine”. On en reparlera en temps voulu.

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