On a vu : “Polina” de Angelin Preljocaj et Valérie Müller

CINÉMA – On l’attendait avec impatience ce film et on a été récompensés. Polina, le film, parvient à transcrire sur grand écran l’élégance et la majestuosité de Polina, le roman graphique de Bastien Vivès.

Réalisé par le danseur et chorégraphe Angelin Preljocaj et la scénariste Valérie Müller, Polina, danser sa vie est l’histoire d’une danseuse russe en quête de la danse, la vraie, la belle, la sincère : la danse par laquelle elle parviendrait à s’exprimer. Toute jeune, elle fait ses premiers entrechats dans une école renommée de Russie, apprenant mécaniquement la technique classique afin d’espérer entrer au Bolchoï, la reconnaissance suprême, poussée par ses parents qui se sacrifient pour son avenir. Son professeur sévère, ne la considère pas, et elle en souffre.
Elle se rend rapidement compte que la danse classique n’est pas son langage. Adolescente, elle part sur un coup-de-tête pour Aix-en-Provence, intégrer une école d’apprentissage plus moderne : elle y apprend la danse contemporaine. Mais trop de sévérité envers elle-même et envers ses collègues la font se refermer et perdre le contrôle de ses pas. Au fil de temps et de pérégrinations – notamment un détour par Anvers synonyme de descente aux Enfers -, sa quête se précise et ses nouvelles rencontres lui sont finalement bénéfiques.

polina

L’évolution d’un personnage

On suit la progression de Polina sur une trentaine d’années, d’abord petite fille sage, puis femme sûre d’elle et danseuse reconnue, en passant par ado ambitieuse et jeune femme paumée. L’actrice russe, Anastasia Shevtsova, embrasse à merveille ce rôle complexe et évolutif. Certes le personnage véhicule majoritairement une froideur figée, mais (et c’est là tout le talent de l’actrice) son masque de sévérité se fissure parfois, ne laissant qu’entrevoir fugacement l’appel à l’aide d’une jeune danseuse effrayée.

Une caméra chorégraphiée

Toute la mise en scène est à la hauteur du sujet : magnifique. La caméra capte les jeux d’ombre et de lumière, elle cadre les plans élégamment structurés, et se déplace à l’instar d’une danseuse, avec surprise et solennité. Les scènes de danse sont évidemment elles aussi splendides. Filmées avec originalité, du dessus ou en cadre américain, ces scènes sont comme de petites touches tantôt angoissantes tantôt apaisantes, selon ce que ressent Polina à cet instant. On parvient ainsi, et c’est une sensation surprenante, à entrer dans la peau de Polina, on prend avec elle conscience du corps et de l’influence du mental sur la réussite. Et attention spoilers, le final, amené progressivement par ces rapides chorégraphies (que l’on peut parfois juger répétitives) est tout bonnement fantastique !

Une BD à lire, un film à voir !
Attention risque d’arabesque et de demi-plié en sortant de la séance.

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