6 bonnes raisons de regarder “13 Reasons Why”

SÉRIE – Après Riverdale, Netflix continue à exploiter le teen drama en diffusant 13 Reasons Why, inspiré du roman jeune adulte de Jay Asher, publié en 2007. Le thème ? Le harcèlement scolaire qui mène à la tragédie.

1. L’histoire d’un suicide sur cassettes

La première saison contient 13 épisodes. Treize, le chiffre clé de 13 Reasons Why. En effet, il correspond aux 13 personnes liées de façon directe ou indirecte au suicide de Hannah Baker, lycéenne lambda à Liberty High. Avant de se suicider, elle a enregistré 7 cassettes audio, face A, face B, qui vont circuler entre différents protagonistes : du beau gosse basketteur à la cheerleader en passant par le geek photographe, la meilleure amie et la déléguée de la classe. Ils ont été choisis par Hannah pour une raison.

Chaque épisode correspond donc à une face de cassette. Une face qui incrimine le comportement, anecdotique ou non, de chacun de ces lycéens : des actes, ou juste des mots qui blessent affreusement. En jeu, la banalisation du harcèlement scolaire, cause principale du suicide de Hannah.

2. Un drame, une enquête et des révélations

La série suit chronologiquement l’arrivée de Hannah à Liberty High, et parallèlement, l’écoute des cassettes par son ami Clay, le deuxième personnage principal, épris de la jolie jeune femme. On suit les derniers mois qui ont précédé son suicide : de sa première fête à son premier baiser, en passant par le bal de fin d’année, son job dans un cinéma de la ville (là où elle rencontre Clay), les photos volées, les amitiés rompues, le sentiment de ne plus en pouvoir…

Clay parallèlement donc, découvre petit à petit les dessous du quotidien de Hannah, walkman en poche. Un quotidien auquel il a assisté, impuissant et muet, comme 99% de ses camarades. Un quotidien dont il fait largement partie. Car s’il écoute à son tour ces cassettes, c’est qu’il fait partie des 13 personnes à qui Hannah a souhaité raconter son histoire. Le spectateur qui se prend d’affection pour ce jeune ado, trépigne d’impatience, et d’angoisse à l’idée d’enfin savoir pour quelles raisons Clay figure dans la liste des 13.

3. Des ados pas si clichés que ça

Parmi les 13 lycéens figurent tous ceux qui ont côtoyé Hannah de près, qu’ils aient été des amis, des connaissances, ou des ennemis. Ils ne sont finalement pas nombreux, mais ils ont tous eu un rôle à jouer dans le suicide de Hannah. Il y a Justin, le beau gosse basketteur pour qui Hannah a craqué dès les premiers jours. Justin dont la vie familiale est un chaos, tourmenté par une mère absente et irresponsable. Il y a aussi Tyler, le loser de Liberty High, le geek en marge qui prend des photos de ses camarades, stalker de Hannah à ses heures perdues. Amoureux incompris. Et Courtney, asiatique bonne élève, déléguée de classe, qui n’ose pas avouer son homosexualité par peur des représailles.

Que des ados perdus, des jeunes qui se cherchent une place dans la hiérarchie bien stratifiée du lycée, avec l’espoir de s’en sortir. Ce petit monde où l’apparence, la réputation et la bande d’amis sont toute ta vie. Une vie qui peut très vite basculer dès lors que tu perds l’un des trois.

4. Une série pédagogique pour parents désarmés ?

Le lycée sert de cadre pour illustrer les violences verbales et physiques quotidiennes dont est victime une partie des élèves. Il y a ceux qui encaissent et ceux qui essayent de résister, tant bien que mal. En dehors du lycée et des amis, pas grand-chose à part les parents. Issus de toutes sortes de milieux sociaux, mais une même incompréhension et aveuglement sur les pratiques de leur progéniture. L’adulte tente de comprendre, pose des questions, menace, mais par peur des répercussions, l’adolescent coupe court. Prendre sur soi paraît être une bien meilleure solution à court terme. Mais à long terme ?

Le conseiller du lycée, plutôt compétent, ne parvient pas à établir une relation de confiance avec les élèves qui refusent de se confier totalement à lui. La hiérarchie de l’établissement de son côté ferme les yeux. Liberty High se dédouane, et sous couvert de protéger le plus d’élèves possible décide d’en sacrifier quelques-uns pour l’exemple afin de ne pas souffrir d’une mauvaise réputation.
À côté de ça, on est plongés dans l’abîme d’incompréhension des parents de Hannah, qui cherchent à saisir ce qui a poussé leur fille unique à s’ôter la vie. Ceux qui pensaient connaître Hannah sont finalement bien loin du terrible mal-être quotidien vécu par leur fille. Les adultes ne semblent pas pouvoir comprendre, ils vivent dans une autre réalité, où en sont absents.

5. Critique d’une jeunesse aisée inconsciente

Sous ses airs de teen drama simplet, 13 Reasons Why fait réfléchir. C’est un réel drame social : viol, accident, remords, mort… La série remet largement en question le système scolaire nord-américain, où la stigmatisation est reine et le harcèlement roi. Les parents sont impuissants, les professionnels indifférents. Le lycée est une terre sauvage pour celui ou celle qui n’a pas réussi à s’intégrer, pour celui qui est différent.

La narration de Hannah décrit puis tente d’analyser subjectivement 13 raisons pour lesquelles elle s’est donné la mort. On est tour à tour outré, apeuré et écœurée par cette incursion dans la vie de tous ces lycéens dont la violence verbale est généralisée et banalisée par les encadrants qui ne mesurent pas la fragilité morale des adolescents. Qu’aurait-il fallu faire pour éviter ça ? Le lycée est-il responsable ? Les enseignants n’auraient-ils pas pu le signaler ? Quelles sont les solutions quand on est victime de harcèlement ? Ont-il des remords ? Clay aurait-il pu sauver Hannah ? Quels mystères ont été enterrés ? Que s’est-il passé ? Pourquoi Hannah mentirait ?

6. Une BO intelligente

Parenthèse musique. Si Selena Gomez signe la chanson officielle (elle est également productrice), 13 Reasons Why n’est pas une série aux mélodies NRJesques. Loin de là. Dès les premiers épisodes, c’est du Joy Division, du Vance Joy, du Woodkid, du The Cure ou des Kills qui résonnent dans notre casque à nous.

Dès que la voix de Hannah, en tant que narratrice, se fait entendre, une musique vient s’ajouter en fond, avant de progressivement prendre le dessus. Ces chansons ont été précisément choisies pour leur texte, et on ne saurait que trop vous conseiller de mettre les sous-titres en anglais et de vous rendre compte de la symbiose entre images et paroles. C’est redoutable ! On pense notamment à “The Night We Met”, à “Thirteen” de Big Star, à “A 1000 times” de Hamilton Leithauser, ou encore à “The Great Longing” de LUH… On ne le dira jamais assez, mais qu’est-ce qu’une bonne bande-originale peut tout changer…

https://youtu.be/6ILJ7IqoSIU

13 Reasons Why, saison 1 disponible sur Netflix, réalisée par Brian Yorkey avec Dylan Minnette, Katherine Langford…

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