Discussion autour de la chanson triste : “la beauté de la tristesse”

Des études scientifiques ont montré qu’écouter des chansons tristes étaient bénéfiques, étrangement, pour le moral de ceux qui les écoutent. Pour les musicothérapeutes, c’est une manière de libérer un trop plein d’émotions. Quel est l’avis de ceux qui les composent ?

Tristesse : n.f. État de quelqu’un qui éprouve du chagrin, de la mélancolie. Affliction

Musset disait que “les chants les plus désespérés sont les plus beaux”… Désespérés ? Ou simplement reflet d’un état particulier, en tout cas les chansons dites tristes sont celles qui marquent le plus les mélomanes. Et les autres. Parce que ces chansons-là sont authentiques, elles racontent des sentiments que l’on a tous éprouvés à un moment donné. Qu’on éprouve toujours, à un moment donné. Ce sont vers ces chansons-là que l’on se tourne quand tout va mal. Ces chansons, elles pansent l’âme, soignent les blessures du coeur, de l’esprit. Et puis, étrangement, elles aident à aller mieux. Une étude allemande a prouvé que les chansons tristes rendaient heureux. En est-il de même pour les auteurs de ces ritournelles ? Quel rapport entretiennent-ils  avec la tristesse. Sont-ils “obligés” d’écrire lorsqu’ils se sentent tristes ? Pourquoi aime-t-on tant les chansons tristes ? Est-ce plus facile à écrire ? Se sentent-ils mieux  ? Voici le portrait de la tristesse, vue par les artistes qui ne s’expriment jamais mieux que lorsqu’ils sont tristes.

FRANCOIS MARY :  J’ai une amie qui m’avait écrit cette phrase, il y a quelques années. “Les chants les plus désespérés sont les plus beaux”. Quand j’étais jeune, on s’écrivait beaucoup et je lui avais envoyé une cassette d’un trompettiste que j’aimais bien qui s’appelle Dave Douglas. C’était très hivernal et mélancolique. Et elle me disait que la musique la plus triste, c’est toujours la plus belle. C’est un peu fatal. Personnellement, j’essaie toujours de ne pas être unidirectionnel. C’est pour ça, par exemple, que le blues malien m’intéresse, parce qu’il y a le côté blues mais, en même temps, il y a le soleil et le vivre ensemble. Il y a dans la mélancolie quelque chose qui se raccroche à la solitude, et pour moi la vie terrestre est faite pour être partagée à plusieurs. J’ai un tempérament très mélancolique et solitaire, j’essaie toujours de le contrebalancer et je me force à aller vers les autres.

KEATON HENSON : Je ne saurais dire si écrire des chansons joyeuses est plus simple, je n’ai jamais essayé ! Je pense que c’est surtout une manière d’avoir le contrôle sur les émotions. On crée les chansons à partir d’un excès d’émotion forte, de la tristesse, de la peine. Cela dépend. Je pense avoir de la tristesse en moi que j’ai besoin d’exorciser.J’ai grandi en écoutant des chansons tristes, je suis émerveillé par la beauté de la tristesse. C’est ce que j’ai toujours écouté et aimé….  Et aujourd’hui, je ne pourrais pas écrire autre chose.

JACK SAVORETTI : Je pense que les chansons tristes sortent plus facilement mais ça ne veut pas dire qu’elles sont plus faciles à écrire. En revanche, les chansons heureuses sont vraiment difficiles à écrire. Peu de personne peuvent y parvenir. Je crois qu’il n’y a que Bob Marley qui arrive à faire de très bonnes chansons heureuses. Et encore ! Quand on lit les paroles, elles sont assez tristes… Ecoute, “No Woman, No cry”, “Redemption song” ou encore “Pimpers Paradise”?? C’est une chanson sur une fille qui devient une prostituée pourtant tout le monde pense que c’est une chanson heureuse ! Ca dépend en fait. Ca dépend du rythme…

“Une chanson pop, c’est cool mais il n’y a pas d’honnêteté”

DAMIEN RICE : Les chansons tristes, ce sont comme les déchets que le corps expulse, ce sont les choses qu’on a besoin d’exprimer, de faire sortir de nous. Ce qui est considéré comme de la tristesse, c’est plutôt bénéfique pour moi. Je trouve qu’il y a une sorte de joie dedans. C’est bizarre.

ELLIE GOULDING  : Être triste, c’est quelque chose de très spécifique à la condition humaine et à la condition d’artiste. Les gens se reconnaissent dans ces chansons-là. Et moi, j’écris plus facilement des chansons tristes. Mais surtout, j’aime séparer la musique et les paroles. Pour moi, ce sont deux choses différentes. Mes paroles sont tristes mais j’aime composer de la musique qui fait danser et qui rend heureux !

ASAF AVIDAN : C’est beau et pathétique en même temps mais oui, je pense qu’il y a un mécanisme dans la façon de créer l’art qui se nourrit de la tristesse. Et, il y a de la beauté… Pour moi, d’habitude, une chanson pop est une chanson heureuse, et une chanson artistique sera plus dépressive… Une chanson pop est là pour te divertir, pour te faire échapper de ta journée, de ta réalité, elles sont fun. Et c’est cool, mais il n’y a pas d’honnêteté dedans. Tu vois, quand tu écoutes une chanson de Leonard Cohen, c’est vraiment dépressif, mais il met tellement d’intensité dans ses chansons que tu te sens presque légitime à être déprimé en l’écoutant. C’est assez fascinant, en fait…

BRIAN MOLKO : J’ai le sentiment d’être très en vie en écoutant des chansons tristes car elles provoquent des émotions très fortes, comme avec cette chanson des Beatles, “Yer Blues” écrite par John Lennon. C’est une chanson extrêmement triste, complètement déprimée, mais la musique est assez violente, du blues hard qui laisse échapper plein de frustration et de colère. Ça vient forcément avec la tristesse.

C’est marrant. Associer la chanson à caractère triste à une pièce artistique. Dire d’une chanson heureuse, fun, qu’elle n’est que passagère, qu’elle est un divertissement. Aujourd’hui, on considère de moins en moins la musique comme un art et plus comme un produit de consommation. Les titres que l’on entend à la radio se ressemblent, les clips sont semblables, les artistes sont interchangeables et les reprises se multiplient. La musique, c’est un ornement, aujourd’hui. Un bruit de fond dans la voiture, un truc qu’on entend au supermarché, pour se motiver à faire du sport, un support pour les pubs. Depuis 1950, le nombre de chansons dites tristes n’a cessé de décroître a rapporté une étude de l’université de l’Indiana jusqu’en 2010. Depuis, ce sont les chansons joyeuses qui se multiplient. Reste à savoir si on se rappellera de « Happy » de Pharrell Williams dans 50 ans.  

JAMES VINCENT MCMORROW : J’écris des chansons pour éclairer quelques aspects de la vie que j’aurais peut-être choisi d’ignorer autrement, et c’est sans doute pour ça que mes chansons prennent un ton légèrement tristes et sombres. Signifie-t-il que je ressemble à ça dans la réalité ? Non pas vraiment. Je ne me considère pas comme une personne assez optimiste, enfin je veux dire que je ne suis pas la personne la plus forte du monde ou quoi que ce soit. On dit que je suis toujours l’avis qu’on devrait toujours suivre sérieusement, mais qu’on ne suit jamais !

DOMINIQUE A  : Je peux écrire que dans un état où je suis relativement heureux, mais pas euphorique parce que dans ce cas-là, il n’y a pas grand chose qui vient. J’ai pas le côté cathartique de la chanson qui me vient consciemment. Je pense que faire des chansons en accord d’humeur ça vient de loin, mais ce n’est pas que je contrôle, les chansons arrivent comme ça. Après le timbre de ma voix donne tout de suite un côté plus plaintif, j’essaie de faire en sorte que ce soit recevable et que ce ne soit pas un espèce de bloc noir, un truc imbuvable.

LA MAISON TELLIER : J’écris des chansons en étant angoissé, super content, triste… En fait, les moments où je suis triste ou joyeux, ou peu importe, je ne peux pas écrire. En revanche, un peu plus tard, je vais puiser dans le souvenir de ce moment-là, ou cela va revenir tout seul. Quand je gratte ma guitare, il y a quelque chose qui va se dessiner et va me rappeler ce moment particulier. Je sais maintenant que je vais me servir plus tard des moments tristes ou joyeux. C’est comme planter une graine, et voir si ça pousse ou pas.

ASAF AVIDAN : Ecrire des chansons de rupture est une bonne chose d’un point de vue psychologique et philosophique. Tu t’exprimes sur des gros sujets, comme l’amour ou la mort mais c’est la même chose, c’est personnel, c’est ton interprétation des choses. Pour moi, le point le plus important dans le processus artistique c’est l’honnêteté. Une personne vraiment honnête, celui qui fait face à la réalité de son existence, aura toujours quelque chose de triste… Rien que le fait d’être sur terre pour un jour mourir, c’est nul. Ça craint! (rires). Je ne parle même pas des cœurs brisés, de la maladie, des moments difficiles de la vie…

ELLIOT MAGINOT : Je ne dirais pas que c’est plus simple à écrire… J’aurais tendance à dire qu’on ne choisit pas vraiment le genre de chansons qu’on écrit. Ou peut-être que je dis n’importe quoi. Mais je sais que chaque fois que j’ai tenté d’écrire une chansons’ plus comme ceci ou plus comme cela’ c’était nul et faux… Bien sûr que j’ai un genre d’écriture qui tend vers la mélancolie mais ce n’est pas une fatalité. Et j’avoue qu’en tant que consommateur de musique, j’ai tendance à aller vers les trucs un peu plus sombres ou tristes.

BABX : Dans mon cas il s’avère que oui… Mes chansons légères et joyeuses doivent se compter sur les doigts d’un moignon. En fait je me suis demandé pourquoi je n’écrivais jamais de chansons gaies et guillerettes et j’ai trouvé deux raisons : je n’écoute rien de gai et guilleret, genre Charles Trenet ça m’emmerde pourtant je trouve ça cool les chansons guillerettes mais j’en n’écoute pas, j’ai besoin de retrouver une espèce de recueillement dans la musique. L’autre raison c’est que quand je suis gai c’est que je suis généralement avec mes potes, que je profite de la vie et j’ai pas envie d’écrire une chanson.

“La tristesse, c’est comme la mélancolie, c’est un sentiment assez bourgeois”

JACK SAVORETTI : En vrai, je dirais que le bonheur est pour tout le monde, mais que la tristesse n’appartient qu’à toi. Quand tu fais une chanson heureuse, ça parle au plus grand nombre, mais les chansons tristes touchent plus personnellement.

JOSEPH MOUNT : Attention, je ne suis pas un garçon triste et mélancolique ! C’est juste ma musique qui l’est. C’est la musique que j’aime faire et elle ne reflète pas forcément ma personnalité. L’ambiance est mélancolique mais on peut quand même danser sur les chansons. Parfois en tout cas ! (rires) C’est la preuve que l’on peut danser sur des chansons tristes.

PETER PETER : La tristesse, c’est comme la mélancolie, c’est un sentiment assez bourgeois, si tu vas dans un milieu défavorisé où les gens ne mangent pas à leur faim et tu reviens chez toi, tu vois les choses autrement… En même temps, la tristesse, c’est un concept intéressant. J’ai dédié ma vie à ça, à la tristesse, en faisant des albums de chansons tristes… J’imagine ça comme un exutoire.

JULIEN DORE : La tristesse, ce n’est pas trop loin de la mélancolie, c’est le stade juste après. C’est comme la colère, c’est des vagues : ça va, ça vient. Je ne sais pas trop quoi en penser. Comme tout le monde je la traverse et c’est bon pour mon travail. Je ne crois pas que c’est un sentiment qui nourrit la musique, ça été le cas pour l’album LOVE. Mais, après, ce n’est pas une règle.

LA MAISON TELLIER : On est volontiers mélancolique. En tout cas dans ce qu’on a envie d’exprimer, même si on ne l’est pas dans la vraie vie. C’est une émotion qui est riche et qui me donne beaucoup de briques pour construire des chansons. En tout cas, beaucoup plus que la joie, ou la gaieté. C’est difficile de puiser dans la gaieté pour faire une chanson ou un texte. La mélancolie évoque plus la poésie, la littérature, c’est un champ d’émotions beaucoup plus faciles à exploiter.

BRIAN MOLKO (Placebo) : Les chansons les plus tristes sont les chansons les plus tendres, mais pas toujours. Les plus belles, c’est extrêmement subjectifs et ça dépend de ce qu’on trouve beau. Personnellement, ce sont les chansons tristes et les airs mélancoliques qui me touchent le plus, mais d’une façon très positive.

Laisser parler le côté obscur

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BABX : Quand j’écris, en général, c’est pour parler de ce que je cache sous le tapis, c’est laisser parler le côté obscur que tu n’exploites pas au quotidien avec tes potes. Certains ont besoin de marcher, entrer en communion avec les éléments, moi c’est écrire des chansons. Tristes.

ETIENNE DAHO : Même si l’enregistrement de mon dernier album a été très joyeux, j’ai parfois l’impression d’être dépassé par mes chansons les plus mélancoliques, comme si elles avaient juste utilisé mon corps pour exister. Quand je les écoutes, j’ai l’impression qu’elles ne sont pas de moi.

ALELA DIANE : Je pense qu’en ce qui me concerne, beaucoup des chansons viennent d’une partie de moi nostalgique : qu’il ne faut pas regarder vers le passé. Je ne me laisse pas assombrir par des chansons qui parlent de périodes difficiles de ma vie. Je ne sais pas trop, je crois que je suis capable de faire le show, de ressentir toutes ces émotions sur scène mais de ne pas les laisser repartir avec moi.

TAMINO :  Il est vrai que tu ne peux pas passer mes chansons dans un mariage ! Mais je ne pense pas qu’il n’y ait que de la tristesse dans ma musique, même s’il y en a quand même. Je ne pense pas que ce soit dépressif non plus. C’est sombre oui, mais il y a tout de même un peu de lumière quelque part. C’est ce que disait Elliott Smith je crois.

DAMIEN RICE : Si on n’a pas une part d’ombre on ne voit jamais la lumière. L’obscurité, la partie sombre, tout ça, c’est quelque chose de très subjectif, ça dépend de chaque personne. Je ne suis pas contre le fait d’être au fond du trou, juste assez pour me sentir perdu. Parfois de belles chansons sont sorties quand j’étais au plus mal.

TAMINO : Pour moi, toute part d’ombre rend la lumière meilleure.

ADRIEN GALLO : J’imagine que tout le monde possède un côté sombre, ça peut être l’angoisse, la peur, la dépression, le burn-out…Ce sont des sentiments que j’ai ressenti. La musique a un côté cathartique, comme le théâtre, le cinéma. C’est une façon positive de sortir la violence que l’on a en soi, le stress, la nostalgie. Oui, c’est une vertu.

ANNA CALVI : Pour moi la musique doit être connectée à mes émotions, c’est le résultat d’un combat entre mes moments de solitude et mes moments lumineux… Ce sont des sentiments très différents coexistent
très bien ensemble. Dans la vie, on ne peut pas contrôler les choses qui nous arrivent. En musique, on peut explorer les parties les plus sombres que l’on a en nous et c’est quelque chose d’assez sécurisant puisqu’on le fait avec ses propres mots. Dans un sens oui, c’est une thérapie qu’on exerce sur soi-même.

ALEX BEAUPAIN : Je crois qu’il y a un passage obligé quand on est chanteur, c’est écrire “sa grande chanson triste”. La ballade, quoi. Tous les chanteurs ont ce truc-là, même ceux qui chantent des trucs joyeux, Trenet, Daho… Et pour l’avoir, cette chanson triste, pour qu’elle soit sincère, il faut l’avoir vécue. Donc, les chanteurs ne sont pas tous dépressifs mais ils ont été très tristes à un moment de leur vie. Plus que les autres….

Alex Beaupain par Emma Shindo, 2016
Alex Beaupain par Emma Shindo, 2016

CONNER MOLANDER : C’est dur de dire d’où vient la mélancolie qui se dégage de nos chansons parce que ce n’est pas intentionnel, le son final est le fruit de nos accords, de nos arrangements, c’est juste le fruit de la musique que l’on fait au moment où on l’a écrite. Mais c’est vrai que notre musique a une atmosphère particulière… j’imagine qu’elle est un peu relaxante. J’aime croire que la musique mélancolique agit comme une thérapie.

DOMINIQUE A : C’est à mon corps défendant. Ca fait écho à tout ce que je lis, ce que j’écoute. C’est ce qui m’attire artistiquement.Ce n’est pas un truc auquel je réfléchis, c’est un truc que j’évacue en tant qu’écrivain, du moins. Et comme beaucoup de gens, je peux tomber dans des états de tristesse sans raison, mais la musique permet de me préserver de ça. Les personnages de mes chansons sont plus tristes que moi en tout cas.

NOVO AMOR : Les peines de cœurs sont de grosses motivations pour écrire. Et pour moi, c’est la raison pour laquelle j’ai commencé ce projet. Je trouvais ça difficile d’être motivé à écrire. Je sentais que j’avais atteint un but personnel en mettant des mots sur le papier à propos de ma « douleur ». Comme si je la posais. Je pense que beaucoup de mes nouvelles chansons sont un peu plus festives, ce qui est une progression naturelle par rapport à ce que j’écrivais avant.

CIGARETTES AFTER SEX : La tristesse marche avec l’amour, je crois. Mes chansons préférées sont des chansons tristes, d’ailleurs… Écrire des chansons tristes, c’est probablement plus automatique à écrire, pas plus facile par contre. En revanche, les expériences les plus difficiles que j’ai eu en musique, c’est quand il fallait tenter d’écrire une chanson gaie. Rien de gai ne sortait. Écrire « Walkin’ on Sunshine », n’a pas dû être facile, j’aurais aimé pouvoir l’écrire.

FISHBACHLes moments tristes ou durs font partie de la vie. Parfois, je me dis, heureusement que ce mec-là m’a quittée comme une merde, parce que du coup, ça a fait de moi ce que je suis maintenant et depuis j’ai appris des choses sur moi. Et finalement, même si j’en ai chié, je sublime celle que j’étais à ce moment-là. Je me dis « putain, t’as été forte ».

JULIEN DORE : Peut-être qu’un jour, je ferai un album super heureux. J’espère ne pas croiser cette vague trop souvent, et j’espère que ce ne sera pas toujours une source pour créer quoique ce soit. Je ne veux pas y croire.

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