Cinq choses à savoir sur “Love Will Tear Us Apart” de Joy Division

CHANSONS CULTES – Continuons de fouiller le passé pour s’intéresser à l’un des titres les plus connus de Joy Division, “Love Will Tear Us Apart”.

“Love Will Tear Us Apart”. L’une des chansons les plus, voire la plus, emblématique de la courte discographie de Joy Division. Groupe comète qui s’éteint après le suicide, à l’âge de 23 ans, de son charismatique et torturé chanteur, Ian Curtis. Deux albums et puis s’est fini. Mais, deux albums qui ont eu une influence considérable sur l’histoire du rock. On ne compte plus le nombre de groupe qui revendique l’influence de Joy Division. Rocknfool s’intéresse à “Love Will Tear Us Apart”.

Un droit de réponse

En 1975, Captain & Tennille sort la chanson “Love Will Keep Us Together”. Ian Curtis, n’étant pas d’accord avec la mièvrerie enrobée de sucre et de miel de la chanson, décide d’écrire une chanson, façon droit de réponse, et reprend son titre de manière ironique et cynique ? Non, l’amour ne nous lie pas, il nous déchire. Reste à savoir, dans quel camp l’auditeur se positionne.

Chronique d’un amour qui s’étiole

Écrite au cœur de l’été 1979, “Love Will Tear Us Apart” raconte ses propres déboires conjugaux et c’est sa rencontre avec Annick Honoré qui le pousse à raconter ses malheurs dans cette chanson devenue culte. Évidemment, vous avez vu le film Control, vous savez donc que la chanson est autobiographique et qu’elle relate la détérioration d’une relation amoureuse.

Ce mois d’août 1979, la route de Joy Division croise celle de cette secrétaire à l’ambassade de Belgique à Londres. Elle est aussi journaliste/programmatrice. Sous le charme du groupe, elle demande à le rencontrer pour une interview. Le courant passe très vite entre le chanteur et la jeune femme. Entre eux se nouent une relation qu’elle a toujours décrite comme “platonique”. On ne saura jamais si c’est vrai où s’il y avait autre chose entre eux. Les deux sont décédés aujourd’hui. Cela leur appartient.

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Un enregistrement compliqué

Après un premier enregistrement foireux au studio Pennine, le groupe décide de tout recommencer à Strawberry à Stockport. C’est Martin Hannett qui se charge de la production. “L’enregistrement a été un vrai marathon. On a passé la nuit sur ces sessions, tout le monde était épuisé et ce n’était toujours pas fini, on a dû terminer à Britannia Row, pendant l’enregistrement de Closer. Il y a eu un tas de mixes différents aussi. Martin n’arrêtait pas de le remixer, il s’y est remis à quinze fois”.

Un clip “brut, sale, arty”.

Avril 1980. Après une première tentative de suicide, Ian est mis au repos forcé. Mais évidemment, le groupe et Ian Curtis en tête font exactement le contraire. La maladie du chanteur empire, le jeune homme est épuisé mais il a envie d’enregistrer le clip de “Love Will Tear Us Apart”. Après avoir dit adieu à Annick (qui partait en vacances en Égypte), Ian et les garçons décident de filmer la vidéo au TJ Davidson’s rehearsal room (à Manchester), un studio où Joy Division a l’habitude de répéter. Ils n’y vont plus depuis un bout de temps, mais ils voulaient que ça se passe là. Ils voulaient aussi jouer le titre en live, ne pas passer de bande-son sur des images, pas de play-back. “Qu’est ce qu’on se sent cons à faire semblant comme ça”, raconte Peter Hook.

Les gars louent une sono, une table de mixage et enregistrent la prise pendant qu’on les filme de sorte que le clip soit une version live de la chanson. Le son est épouvantable. “Ça ne fonctionnait pas, le résultat était trop précipité et de mauvaise qualité”. Malgré tout, ils valident le clip et le son dégueulasse. “C’était brut, sale, arty… c’était nous tout craché. Il ne nous est jamais venu à l’esprit que ça puisse gêner quelqu’un, si c’était le cas, c’était son problème“. Des punks, des vrais.

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Ian C is a bastard…

Le clip de “Love Will Tear Us Apart” est diffusé pour la première fois dans l’émission Fun Factory le 26 juin 1980, soit après le suicide de Ian Curtis. Dans la vidéo, on peut apercevoir une porte sur laquelle est gravé “Ian C”, le reste de la phrase a été grattée. Peter Hook raconte qu’originellement, il était écrit “Ian C is a bastard“. Une fille “éconduite” par le chanteur avait gravé cette phrase pour se venger lorsque le groupe commençait à répéter chez T.J. Davidson.

Pour aller plus loin :

  • “Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur” de Peter Hook.
  • “Joy Division, paroles et carnets de notes – So This is Permanence”, Ian Curtis.