Quand les labels indépendants du Grand Est fêtent le disque à Strasbourg

ON Y ÉTAIT – Le monde de la musique indépendante du Grand Est a célébré le disque à Strasbourg samedi dernier. Retour sur une journée aux Kawati Studios.

C’est dans le cadre du Festival Contre-Temps que la Fédélab, Fédération des labels & producteurs phonographiques alsaciens, a décidé d’organiser sa première édition de la Fête du Disque. Et si tu te dis qu’il y a déjà le Disquaire Day pour cela, tu te trompes. Qu’on le veuille ou non, il faut bien admettre qu’après 7 éditions françaises, le Disquaire Day a aujourd’hui été pris d’assaut par les majors. Dommage, quand on pense que l’idée originelle était bel et bien de promouvoir le local et l’indépendant, et non d’enrichir les plus gros à coup de rééditions des albums phares du catalogue. Mais devant la fragilité du marché, devant les difficultés de l’indépendance, devant la récupération commerciale, certains résistent. La Fédélab fait face.

Aide au développement et promotion des labels indépendants

Avec 10 labels adhérents, la Fédélab tente de mutualiser, de conseiller, de représenter ces acteurs de la filière musicale au niveau alsacien. Et pour mettre en valeur son travail de longue haleine avait lieu samedi cette Fête du Disque, aux Kawati Studios. L’idée ? Valoriser les productions indépendantes et réunir le public. Les disquaires ont pu sortir leurs bacs à vinyles remplis de trésors. Les labels de la fédération ont pu présenter leurs artistes et leurs produits sur des stands individuels. Quant au public, libre à lui de déambuler parmi tout cela, acheter, écouter des CD, ou s’installer confortablement dans des fauteuils moelleux en sirotant une bière.

Et parce que la musique ne se découvre jamais mieux qu’en live, tout un programme de concerts était prévu. Outre le DJ set extérieur qui a donné aux Kawati Studios des airs de RAW-Gelände berlinois, ce ne sont pas moins de 7 sets qui se sont enchaînés à l’ombre des studios. 7 sets pour 7 des labels présents. Retour sur quelques uns d’entre eux.

Grâce sud américaine avec Violetazul

Duo de l’écurie Momentanea, Violetazul a des origines chiliennes et colombiennes. Devant le manque de leurs pays et le peu de représentation de leur musique par ici, ils forment un groupe de reprises de tous ces rythmes qu’on ignore. Bossa, trova, zamba, joropo… Leur set est un véritable voyage dans les terres de l’Amérique latine. On est embarqué par la voix douce et délicate d’Elisa, pendant que Cristián nous fait onduler de sa guitare. Même leur percée dans l’Amérique du Nord, avec une magnifique reprise de Joni Mitchell, nous convainc totalement. Mais c’est surtout la reprise de “Billie Jean”, de Michael Jackson, revue à la sauce brésilienne par Caetano Veloso, qui détonne. Un très joli moment.

Joy & Glory et Petseleh, la battle inattendue

Une défection au sein du collectif Kim transforme le set qui leur est accordé en face à face inédit. Chacun avec leur guitare, Petseleh et Joy & Glory (en version solo) décident ce jour-là de “s’opposer” dans une battle folk vs pop. Pendant 40 minutes, les deux artistes jouent à tour de rôle leur répertoire. Aucune setlist n’est préparée, ils répondent uniquement au choix de leur compère. Le résultat ? Un dialogue passionnant entre deux artistes qui se connaissent bien. Peut-être a-t-on assisté là à la naissance d’une toute nouvelle idée de concept pour les tournées à venir !

L’électro bleue de Martin Rahin

Nouvellement signé chez October Tones, Martin Rahin peut paraître débarqué de nulle part. Mais c’est loin d’être le cas. Si tu errais déjà dans les salles strasbourgeoises il y a 10 ans, tu te souviendras sûrement des Vietnam Brothers, groupe de Novalis Impulse, influencé par les Yeah Yeah Yeah’s. Exilé à Paris, Martin Rahin développe ensuite un projet solo, avec la sortie d’un EP plutôt pop française. Il est de retour aujourd’hui avec un projet semble-t-il beaucoup plus abouti, et terriblement efficace. En formule solo électro, Martin Rahin fait danser, l’air de rien. L’air de rien, parce que tu te retrouves à te dandiner sans trop te contrôler. L’air de rien, parce qu’il y a quelque chose de très branché, alors que le garçon n’en fait pas des caisses, là, devant toi. Entre chansons d’amour et hymnes au mojitos, le projet n’est pas sans rappeler La Femme, la voix en (beaucoup) mieux, la batterie en moins. Ça tombe bien, c’est ce dont on avait besoin.

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