Fnac Live, le festival au coeur de Paris qui vous fait du bien

LIVE REPORT – Le Fnac Live est terminé pour cette année. Trois jours de concerts gratuits en plein cœur de Paris. Une bouffée d’air frais sous la chaleur écrasante.

Le début du juillet à Paris a toujours quelque chose de déprimant. On voit la première vague de Parisiens partir en vacances, la chaleur est écrasante et se mouvoir dans la ville est une tannée. Et puis, Paris n’a plus sa plage, comme ce fut le cas les dernières années. Le sable n’est pas là, pour des raisons très politiques : il est livré par Lafarge. Tu connais l’histoire. Peu importe.

Paris organise tout de même son Fnac Live, étalé sur trois jours avec une programmation éclectique. Il y a du bien, du moins bien, du français. Beaucoup de Français. Histoire de montrer que la scène française se porte bien. Merci pour elle.

Benjamin Biolay, l’Argentin, Fishbach sauvage

Le jeudi soir commence fort sur le Parvis de l’hôtel de ville. On sait qu’il y Julien Clerc dans le salon, mais on préfère rester sur la grande scène. L’immense scène où se produisent FishbachTémé Tan, Calypso Valois, ou encore Benjamin Biolay. On vague d’un style à l’autre. La jeune femme qui a sorti son premier album est sauvage sur cette grande scène, elle emporte doucement, mais surement dans sa folie douce le public qui arrive doucement. “Mortel”, “Un autre que moi” Fishbach s’autorise même une reprise de Bernard Lavilliers. Pour la première fois, on se dit que c’est bien, en fait, Bernard Lavilliers. Où est-ce que c’est juste le génie et le talent de Fishbach ? 

L’artiste Témé Tan, super copain avec les boys de Francois & The Atlas Mountains, aussi embarque le parvis avec sa musique lumineuse et solaire. Sourire aux lèvres jusqu’aux oreilles, ce garçon est un rayon de soleil, mais à la différence de ceux qui transpercent le ciel, il n’écrase pas, il rend heureux. Heureux comme Biolay, qui a laissé sa noirceur pour la moiteur de l’Argentine le temps de deux albums, Palermo Hollywood et Volver. Pourtant, le chanteur agrémentera beaucoup son set de vieux titres. C’est avec “La Garconnière” qu’il commence. Il y aura aussi “Négatif”, “À l’Origine”. Orgie haut de gamme dans le public, comme souvent quand Biolay chante sur scène.

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Juliette, on t’aime, Loyle Carner, la découverte

Juliette Armanet recevait dans son salon. Le salon de l’Hôtel de Ville, bondé. Seule devant son piano, l’ancienne journaliste n’a que trente minutes pour parcourir une partie de son album. Évidemment, la magie opère dès le premier titre. Avant même puisque lorsqu’elle propose au public de venir s’installer plus près d’elle, c’est un raz-de-marée humain qui se déclenche. Juliette est surprise par l’engouement, mais elle ne s’empêche pas de se re concentrer sur son set. “L’amour en solitaire”, “L’accident”, “Alexandre” la jeune femme livre ses états d’âme et ses déclarations d’amour devant un parterre d’admirateurs conquis. Et puis, la chaleur monte d’un cran quand elle reprend en français “I Feel It Coming” de The Weeknd. Olé, olé. 

Albin de la Simone est le prochain a plongé le salon dans une ambiance intime et intimiste. Les auditeurs sont déjà dans de très bonnes conditions pour recevoir un nouveau shoot de mélancolie. Et si, le grand amour existe. La preuve avec le public et Albin de la Simone. On quitte le salon pour découvrir le rappeur estampillé “attention talent” sur le flyer de la Fnac. Gros talent. Loyle Carner est anglais (il répétera non stop “Fuck Brexit“) et il livre un rap vintage, à l’ancienne, gorgé de soul. Bête de scène, les photographes se massent pour l’immortaliser. Trente minutes, c’est court, mais c’était intense. En revanche quand c’est au tour de Paradis, quarante-cinq minutes, c’est très long, ça dure trois heures dans nos têtes. Et Camille alors ? Fidèle à elle-même.

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La grande messe de The Horrors, le show Doré

Ce samedi était assurément la meilleure affiche du Festival Fnac Live 2017. Des solaires et lumineux François & The Atlas Mountains à The Horrors en passant par Julien Doré. Évidemment, le public (et les pros) étaient là pour le chevelu chanteur inséparable de son panda géant. Sauts, regard ténébreux, sourires à gogo, cris de joie, pas de danse, mini-moto, Julien Doré a proposé le full-show au public parisien, qui assiste à un festival de tubes, de “Kiss Me Forever” à “Coco Câline” en passant par “Les Limites” et “Paris-Seychelles”. On ne lésine par sur l’énergie pour la soirée de clôture du festival !

The Horrors semblaient perdus dans cette programmation et sur le site d’ailleurs, tellement ils ne cadraient pas avec le paysage. Entamant leur set avec l’efficace “Machine”, premier single de leur prochain album (et annonçant une nouvelle ère The Horrors, be prepared fans de la première heure), les flegmatiques Anglais envoient un rock de grande qualité face à un public plus réceptif à la machine de guerre Julien Doré qu’à l’apparente impassibilité de Faris Badwan, le lead-singer. François & The Atlas Mountains eux, sont comme des poissons dans l’eau. Ils se produisent dans le salon, un salon bondé, surchauffé qui leur va comme un gant. Ils ont l’habitude de jouer dans des lieux atypiques et ce grand salon est une bulle de bonheur que l’on ne veut pas éclater, surtout en ses temps de “Grand Dérèglement”. Tim Dup, qui ouvrait la soirée, s’est montré timide et touchant, derrière son clavier et ses machines, seul dans le grand salon de l’Hôtel de ville de Paris.

Entre deux gros sets, le Fnac Live a décidé cette année de mettre en avant les nouveaux “talents”, venant se produire pour un court set sur le devant de la scène, pendant qu’en coulisse, les techniciens s’activent, parfois bruyamment, à la mise en place du prochain concert. Ce sont Eddy de Pretto, Aliocha et Clara Luciani qui jouent le jeu,  étoiles dans les yeux et sourire aux lèvres. Pas besoin de te rappeler combien ces trois jeunes artistes nous ont déjà complètement convaincus ces derniers mois. Un dernier mot pour l’ensorcelante blueswoman Valerie June en habit de lumières, qui s’est heurtée à un public froid, malgré un réel enthousiasme de la part de l’Américaine, dont la voix très particulière divise.

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Texte : Sabine Bouchoul | Photos : Emma Shindo