En apnée avec la pop fiévreuse et rêveuse de Klangstof

NEWCOMERS – Ils sont le premier groupe hollandais à avoir joué à Coachella. Plein zoom sur Klangstof, ces Radiohead venus du nord.

C’est vrai qu’on a plutôt tendance à parler de groupes anglo-saxons sur Rocknfool. Il n’empêche que parfois, on tombe sur des pépites d’autres pays auxquelles on accroche immédiatement. C’est le cas du groupe mi-néerlandais, mi-norvégien, Klangstof. Si tu t’amuses à taper leur nom sur Google, tu verras qu’ils sont le premier groupe hollandais à avoir jouer à Coachella. C’était l’année dernière, et après un passage au Pitchfork avant-garde grâce à leur premier album Close Eyes To Exit, le groupe a sorti il y a quelques jours un nouvel EP intitulé Everest.

Formé de Koen (voix-guitare), Jobo (guitare), Wannes (synthé) et Jun (batterie), Klangstof est l’un de ces groupes pour qui le chant n’est pas une priorité. Après s’être rencontré en Norvège, le trio devenu quatuor s’est développé à Amsterdam. Il aime se retrouver dans un chalet norvégien, petite cabane isolée au fin fond d’une forêt, où les garçons travaillent et composent leurs titres d’indie-pop électronique. Souvent, il s’agit de longues chansons, quasiment instrumentales, extrêmement planantes. À première vue, on pourrait imaginer Radiohead qui aurait fusionné avec alt-J, Jagwar Ma et Tame Impala. Dans les faits, il s’agit d’une voix apaisante, de quelques harmonies, de grosses nappes électroniques, de brisures rythmiques, d’une batterie feutrée et de guitares tourmentées.

Klang signifie “écho” en norvégien, tandis que stof veut dire “poussière” en néerlandais. C’est ce nom composé qu’a pris le groupe qui s’est très vite retrouvé en tête d’affiche du Paradiso d’Amsterdam. Pourtant, quand Koen est parti s’installer avec ses parents en campagne norvégienne, rien ne le prédestinait à devenir compositeur de musique. Face à la solitude, le jeune homme écrit et expérimente, “plus il y a de gens qui écoutent ma musique, moins je me sens seul” dit le jeune homme qui a dû recommencer sa vie dans un autre pays. Il y fera la rencontre de Jobo et Jun. Un mal pour un bien.

Le titre qui les a fait connaître, c’est “Hostage”, cette ballade qui t’amène tout doucement sur le bord d’un précipice, avant de te pousser brusquement vers l’avant. Ta chute inattendue se fait au ralenti, avec cette sensation de bonheur absolu, avant de te réveiller, le souffle coupé par ce rêve étrange. Il est tiré de leur premier album, Close Eyes To Exit sorti chez Mind of a Genius. Cependant, pour moi, le titre le plus marquant de cet album c’est “Island”. Une guitare ouatée qui suit le chant de la voix (“We need to stay calm, there is no space on my island”), et au fond, une nappe de synthé en apnée qui finit à partir de la 4e minute par te faire dresser les poils des avant-bras grâce à l’apparition d’une ligne de basse jouissive. Tout ce qui avait été intelligemment retenu se déverse enfin dans un final instrumental prudent qui ne cesse de s’étoffer toutes les quatre mesures.

Il y a moins d’une semaine, Klangstof a sorti Everest, leur nouvel EP, sur lequel on écoute en boucle “Resume” (sans jeu de mot) ou la sensuelle et indolente “The Lows Will Keep You High Enough” qui ne se finit pas comme on s’y attendait… Et comme pour leur premier album, Klangstof nous offre une bouffée d’air, mélancolique à souhait, qui nous transporte dans les strates fiévreuses de nos esprits embrumés.

En concert le 22 novembre au Pop-Up du Label.

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