Cigarettes After Sex, un concert entre émotions et confusion

LIVE REPORT – On attendait ce concert avec impatience, mais on en est sorti avec une impression bizarre. On te dit tout sur Cigarettes After Sex en concert à Strasbourg.

Cigarettes After Sex, c’est ce groupe qui met en musique l’instant le plus insaisissable de ta vie. L’exact moment où tu navigues dans une sorte de pénombre atmosphérique, entre le sommeil et l’éveil. Instant fugace qui s’échappe dès que tu tentes de t’y accrocher. Une vraie bulle de savon emplie de fumée dès qu’on appuie sur play. Un concert de Cigarettes After Sex, c’est exactement ça.

Parfait. Trop parfait.

Il y a quelque chose de très positif à savoir recréer cette ambiance particulière en concert. Au fur et à mesure des chansons, les 4 musiciens de Cigarettes After Sex ont su retranscrire cette impression délicate. Parfaitement. Trop parfaitement. Tellement parfaitement qu’il y avait quelque chose de dérangeant dans ce set. Et je ne parle pas (que) de l’excès de fumée. Je parle musique. Identique aux enregistrements. Au poil près.

La voix parfaite de Greg Gonzalès ne peut compenser cette impression rémanente d’être en train de s’écouter un de leur disque. Oui, la basse est parfaite. Oui, la batterie est parfaite. Oui, le clavier est parfait. Oui, la guitare est parfaite. Mais tellement sans surprise. “Firefighter”, “K.”, “Each Time You Fall In Love”, “Sweet”, “Affection”… On aime, beaucoup, on ondule même avec bonheur, mais enfin, il n’y a rien qu’on ne connaisse déjà. Si ce n’est la vidéo-projection, à l’arrière. Quoique… En noir et blanc, on y voit le ciel, on y voit des nuques, on y voit… Stop, ça me perturbe. Je m’adosse dans un coin pour ne pas voir les images. Cigarettes After Sex s’écoute mais ne se regarde pas vraiment.

“As long as you’re with me, you’ll be just fine”

Parce que sur la scène, tout est statique. Le clavier semble ne pas savoir quoi faire de son corps quand il ne pose pas ses mains sur son instrument. Le bassiste regarde vaguement le public. Au chant, on alterne deux-trois pas loin du micro, pas beaucoup plus. Mais le public accroche, le public suit, le public applaudit fort. Et moi aussi. J’ai le sourire aux lèvres et souvent les yeux fermés. Une fois habitué, on finit par apprécier de ne retrouver que la douce torpeur habituelle du groupe. Mais quand retentissent les premières notes de “Nothing’s Gonna Hurt You Baby”, étrangement pas la plus plébiscitée par le public, j’attends plus. Le petit frisson monte, mais je parviens à me retenir. Jusqu’à “Apocalypse” qui enchaîne. Il y a eu quelque chose d’étrange dans cet enchaînement. La magie que j’attendais, là, logée entre deux titres très différents que j’adore. Enfin. Enfin, on est bien.

Mais frustration, le concert finira très vite après ça. 1h de set puis un rappel avec “Please Don’t Cry” et “Dreaming Of You”. 1h15 tout compris. Court, non ? Le public aura le droit à une séance de dédicace au merch’. À l’image du concert : une ligne bien organisée, 4 chaises qui attendent, et une belle queue pour faire signer son vinyle. Sans surprise. De quoi rendre heureux les plus fidèles. Pour les autres, il y aura toujours les disques.

 

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