The Voice : l’émission aux gros sabots

RECETTE THE VOICE – Deuxième soirée d’auditions à l’aveugle pour le jury de The Voice. Une émission dans laquelle on voit de plus en plus les ficelles et défauts d’un programme qui s’essouffle.

Pour ce deuxième épisode, on en vient à se dire que ce n’est plus possible, de jouer toujours sur les mêmes ficelles. On ne comprend pas que certains se fassent encore recaler. Parce que nous, on a trouvé le secret. Voici les trucs à retenir de The Voice, si tu veux avoir une chance. (Attention, un peu de cynisme se cache à droite à gauche).

La recette magique

1 – Jette ta vie en pâture et fais pleurer tes yeux. Par contre, oublie les émotions pendant la chanson.
Tu demanderas à Alliel et ses problèmes de père, ça a bien marché pour lui. Zéro émotion et zéro proposition dans sa reprise de Vianney. Mais pour les larmes dans sa présentation, là on était bon. Bon par contre, une mère qui retrouve son fils pour lui montrer comment c’est The Voice, c’est pas suffisant. Surtout quand elle reprend du MC Solaar. Pas assez mainstream ptèt.

2 – Si tu es une fille, viens avec des yeux verts et des manières.
Alors ça, ça marche à tous les coups. Surtout les manières. Et ce soir, les exemples n’ont pas manqué. Il y eu le trio féminin JAT. Les nouvelles LEJ. Tu remplaces le violoncelle par un clavier, tu fous une reprise de Diam’s, et c’est la même. C’est même pire. Parce que se dire que LEJ existe et que, si si, on va quand même retenter le coup, pour moi ça ressemble au pire cauchemar possible tu vois. Même seule, les manières ça marche aussi. Queen Clairie massacre Britney et son “Toxic” en voulant faire un petit effet trip hop, et puis soul, et puis bien pop avec une voix dégueulasse dans les aigus… Et pourtant ça passe ! Laura défonce les Fugees. Mais les yeux verts ont dû parler, Mika, Zazie et Florent Pagny ont trouvé qu’elle savait rapper. Et puis Kelly sur “Zombie”, on était au top de la voix maniérée et des effets inutiles. Qu’on nettoie tout ça, et je te parie qu’il ne restera rien d’autre qu’une coquilles vide… Pascal Obispo a essayé de faire chanter Kelly en français, pour voir. Même sans accent, elle en a fait des caisses sur “Le vent nous portera”. Oué. Bah loin, s’il-te-plaît.

3 – Si tu es un mec, viens avec une barbe et des manières.
Et oué, les manières ça marche aussi chez les garçons ! Coucou Hobbs et ta reprise des “Paradis Perdus” de Christine & The Queens. On est désolé de le dire, mais on va aller à contre-courant des quatre jurés. Zéro émotion dans ce numéro vocal. Alors il répond bien au concept de l’émission hein. Il a une voix et il la montre. Il est beau gosse et des choses à prouver à sa famille (voir point 1). D’ailleurs, il pleure à la fin. Il a l’air d’avoir le tampon gagnant sur son front, déjà.
Pour la barbe, franchement, ça aide. Suffit de voir Winael. Il ne l’avait pas. Mais il avait tout le reste. Bah il n’a pas été pris. Alors qu’Abel Marta, si. Et lui, il est passé avec son petit “Compay Segundo”. CQFD.


4 – Si tu es “issu de la diversité”, donne tout dans ce registre.
Mennel te le dira. Là aussi, c’est sûr, on est à contre courant. Tant pis. On le dit. On a eu zéro frisson. “Hallelujah”, on arrête d’y toucher. STOP. Ce n’est plus possible de chanter ses mots juste parce que tu sais que ça passe bien à la télé et que tout le monde aime. “Hallelujah”, c’est soit tu joues ta life dessus ma poule, soit tu choisis autre chose. Et non, faire The Voice, ce n’est pas jouer sa vie. Alors Zazie dégaine plus vite que son ombre, à tel point qu’on se demande si elle a vraiment entendu un truc ou si c’est un pur réflexe. Les autres finiront par suivre et la demoiselle toute fragile finira sa chanson en arabe, en rappel à ses origines syriennes. Ah bah ué, “Hallelujah” avec caution diversité et yeux verts de biche effarouchée (voir point 2), ça c’est sûr, fallait pas laisser passer. (Oui, oui, je suis cynique, j’assume). Elle finit chez Mika.

Et soudain, trois bonnes surprises

Bon au milieu de tout ça, il y a eu Jorge et son “Personal Jesus” en one-man band. Franchement, c’était pas brillantissime sur toute la ligne, mais il y a eu quelque chose sur ce titre. Surtout le début. Oufti, cette voix basse et sensuelle, je crois qu’elle a donné chaud à tout le monde. Pascal Obispo est le seul à avoir misé là-dessus et on l’en remercie. Les vraies sensations sont trop rares dans cette émission pour être mises de côté.

Il y a aussi eu Luca. Je tiens à saluer son choix de chanson, déjà. “That’s Alright Mama”, c’est pas la plus facile à réinterpréter. Il navigue entre un côté séducteur à la voix sensuelle, lui aussi, et un autre complètement garage et grunge. Et quand la guitare s’arrête, il est d’un calme olympien et semble hors système. Il avoue ne jamais avoir chanté devant des gens. Il vient là parce que ça l’éclate. Bah voilà. Allez, toi, on t’aime totalement.

Et puis on va parler de Frédéric Longbois et sa reprise complètement tarée de Bécassine. Mika s’est retourné. C’est un peu une surprise. Un OVNI. On n’aurait pas misé un koppeck sur lui, tellement il est hors de son époque. Mais après tout, pourquoi pas. Pour une fois que The Voice a fait une sortie de route, ça méritait d’être souligné.

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