On a pris l’apéro avec Feu! Chatterton

WITH THE BAND – Lundi soir, une poignée de blogueurs a été invitée à infiltrer les premières répétitions à cinq de Feu! Chatterton. 

Lundi soir. Il pleut, il neige. Il fait froid. Le ciel est bas, il oscille entre le gris et le blanc. Paris s’enfonce dans l’hiver. Histoire d’oublier ce blue monday et le blues du monday, on a été invité à infiltrer le studio de Feu! Chatterton. Direction le Luna Rosa, dans le 13e arrondissement. Je ne vais quasiment plus dans ce quartier. Seulement, pour le ciné et parfois la bibliothèque François Mitterrand. Mais Feu! Chatterton mérite que l’on traverse Paris, même enneigée et gelée.

19h. Local 8. C’est la fournaise. Le studio de répétition sent l’effort, le travail dur. C’est un peu comme rentrer dans un vestiaire, quand les sportifs ont fini l’entraînement. Les visages sont un peu tirés. Ils travaillent depuis le matin. C’est la première fois qu’ils répètent tous les cinq ensemble. Ils nous présenteront trois titres en live. Ils disent que ce n’est pas parfait, que ce n’est pas encore en place. “Soyez indulgents”, nous demandent-ils.

Chapelle sacrée

Le studio n’est pas très grand, on n’est beaucoup dedans. J’essaie de me déplacer sans me prendre les pieds dans les nombreux fils. Avec mon côté Pierre Richard, c’est possible que je me retrouve les quatre fers en l’air. Je n’ai pas très envie de refaire un remake (rock’n’roll) d’Anastasia Steele tombant à genoux devant Christian Grey en rentrant dans son bureau. Il n’en sera rien. Appareil photo à la main, assise dans un coin, j’observe et j’écoute. J’ose à peine parler, j’ai même presque peur de respirer. C’est étrange de se retrouver dans un studio. J’ai toujours l’impression de rentrer dans une chapelle sacrée, un endroit un peu interdit, là où se construit les morceaux, là où la magie se produit, où les recettes se préparent. C’est comme la cuisine d’un grand chef. On ne rentre pas comme ça dans une cuisine, on ne découvre que le plat une fois qu’il est devant nous, sur la table. Magnifique, forcément.

Feu! Chatterton a beau dire que c’est loin d’être parfait, on est déjà bluffé parce qu’on entend où on voit. Certes, par moments, il y a une ligne de guitare qui s’entend trop, la basse qui n’est pas assez forte, certes, certains arrangements ne sont pas encore en place. Mais c’est déjà, vraiment, très bon. Les sourires sont sur les visages des cinq garçons. La bonne humeur et les blagues aussi : “on joue Pigeon“, lance Arthur pour parler de “L’Oiseau”. “Souvenir” est déjà un petit bijou qui fait passer nos petits cœurs par toutes les émotions. Au moment de jouer le troisième titre, ils hésitent. “Ginger” ou pas “Ginger”. Ils ne sont pas sûrs. Ils ne sont pas encore sûrs du morceau en live. On propose de jouer une chanson du premier album. “Non, on les a déjà joués 200 fois”, “et puis je m’en rappelle plus”, “on va faire Ginger, au moins la moitié”. Finalement, ce sera le morceau entier. Et on se dit que l’on a bien hâte de découvrir la suite en live, avec les jeux de lumières et la scénographie. On se rappelle qu’en concert, Feu! Chatterton c’est un peu comme une messe chamanique.

Amours solitaires

Après l’effort, place au réconfort, comme on dit. Blogueurs et Feu! Chatterton se retrouvent au Frog. Une éternité que je n’y étais pas allée. Je crois que je devais être à la fac, la dernière fois. Il y a dix ans, je fais remarquer.  “Quand il y avait encore des grues ?”, plaisante l’un des garçons. Devant des pintes de Ginger (bien sûr), des onions, quesadillas et autres chicken wings bien grasses, on discute autour d’une longue table de quinze. La serveuse a dû en perdre la tête, la pauvre. Elle ne parlait pas français, nous, on parlait dans un dialecte mi-français, mi-anglais dans un brouhaha infernal. Ambiance pub. Normal.

Ça parle de séries télévisées, de voyages, ça sort des photos dossiers, de La Boétie, l’album aussi, du travail qui reste à accomplir dont une résidence à Clermont-Ferrand qui arrive, ça s’esclaffe devant le compte Instagram “Amours Solitaires”. Je ne sais pas si tu connais. En gros, des gens font des captures d’écrans de mots d’amour envoyés… par SMS. C’est du gros LOL. De l’amour un peu en mode “canard”, parfois bien écrit, souvent lourd et avec des approximations niveau syntaxe. Ça vaut le coup d’œil. L’un des textos est lu à haute-voix par Arthur et Emma. Ils lisent une phrase sur deux, façons slam. Je suis certaine qu’avec un bon beat et quelques synthés, ça peut faire un futur tube. Éclat de rire, je crois que j’en ai pleuré. De rire. On les savait déjà fortement ces garçons. Autour de cette table, on avait envie d’être vraiment copains avec eux. Se raconter des blagues idiotes, jouer les poètes torturés, se bourrer le ventre avec des cochonneries, rien de très healthy.

Il est temps de rentrer. En attendant de les retrouver le 9 avril. Au Bataclan. Il va falloir faire un effort pour y aller. Je n’y ai toujours pas remis les pieds depuis sa réouverture. Peut-être que c’est le moment de tourner la page, peut-être que Feu! Chatterton aidera à le faire. L’album, quant à lui, L’Oiseleur prend son envol le 9 mars.

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Ce soir-là, j’étais en compagnie des blogueurs très cools. Je te conseille d’aller les lire, d’ailleurs :
Popnshot, le PoteCast et la Vague Parallèle.