The Tallest Man On Earth ou les lettres de noblesse du concert en solo

LIVE REPORT – Une date en solo de The Tallest Man On Earth au MTelus, c’est un rendez-vous incontournable pour les passionnés de folk. Retour sur un concert magique.

Quand je faisais le calendrier mensuel des concerts à ne pas manquer en novembre à Montréal, j’écrivais que les amateurs de folk (anglophone) seraient comblés. Je parlais en partie pour moi, tu l’auras compris. Après Roo Panes et Gregory Alan Isakov, c’est The Tallest Man On Earth qui venait jouer au Québec en solo. EN SOLO.

Le MTelus est donc installé en configuration cabaret pour l’occasion. Sur le billboard à l’extérieur, on ne peut pas se tromper, il est bien annoncé “Une soirée avec The Tallest Man On Earth”. Pas de première partie, Kristian Matsson, de son vrai nom, n’en a guère besoin. Il propose ce soir-là une version solo de sa tournée “When the bird sees the solid ground”.

Frêle silhouette virevoltante

Tout de blanc vêtu, il déboule sur scène tel un petit farfadet, peu-farouche. Toisant le MTelus alors plongé dans le noir, on voit sa silhouette se découper dans les volutes de la fumée, éclairées par deux lumières. L’ombre et la lumière. L’ombre et The Tallest Man On Earth, capable à lui-seul, frêle silhouette face à la foule, de prendre possession d’une des plus grandes (et plus belles) salles de Montréal en quelques regards.

Derrière lui, une installation lumineuse en néons vibre au son de sa musique, en intensité et en couleurs. Parfois, tout s’éteint, et un spot venu du dessus suffit à instaurer une ambiance plus intimiste, presque théâtrale. Néanmoins, si le travail des lumière joue une part importante pour l’ambiance, 99% du travail est fait par The Tallest Man On Earth. Ses chansons, ses interprétations.

Rire sur des chansons tristes

Virevoltant avec ses guitares (acoustique et électrique), ou derrière un piano, le Suédois est comme un poisson dans l’eau sur cette bien vaste scène. Il prend souvent la parole souvent entre deux titres, et s’amuse de la tristesse de ses textes. Sa mission ? Nous faire rire entre deux, car “on est là pour rire en écoutant des chansons tristes” ajoute-t-il. Il explique avoir débuté cette tournée en fanfare, très excité, courant et chantant pendant 2h d’affilée. Puis, la fatigue s’est fait sentir, notamment dans la voix. On l’entend un peu cette fatigue, seulement quand il discute avec nous. Jamais quand il chante.

Je m’émeus sur “All I Can Keep Is Now”, “cette chanson triste, presque optimiste”. Je raffole de la parenthèse banjo/voix sur “Time Of The Blue” et “Somewhere in the Mountains”, où la rugosité de l’instrument finit par apporter une profondeur inhabituelle à ces balades habituellement plus lyriques.

Dès que les premières suites d’accords de “Love Is All” ou “The Dreamer” se font entendre, le public ne cache pas sa joie. Pareil lorsque ce-dernier chante enfin “Thrown Right At Me”, sa seule chanson joyeuse, “qui parle de mon ex-femme”. Rire général. Le Suédois, blagueur se lance même dans une tonique interprétation de “King of Spain” suite à une demande du public. “Tu crois que je réponds aux demandes spéciales ?… Et bien tu as raison !”

En rappel, The Tallest Man On Earth se lance dans “The Wild Hunt”, tiré de son deuxième album, et on l’écoute chanter “and I plan to be forgotten when I’m gone”, les yeux bien humides. Non, impossible d’oublier cette performance, impossible d’oublier The Tallest Man On Earth. Après une petite reprise très tragique de “The Winner Takes It All”, le concert se termine sur “Kids on the Run” au piano. Résultat, une deuxième standing ovation, trop vite interrompue par le retour de la musique d’ambiance dans la salle.

Photos : Emma Shindo