Plan Cœur : Sous le soleil version Paris 2018

SÉRIE – On a regardé d’un trait “Plan Cœur”, la nouvelle série française diffusée par Netflix. On a trouvé ça mignon, mais encore trop superficiel.

Une série française contemporaine diffusée par Netflix ? Les déboires amoureux d’un trio de jeunes trentenaires parisiennes ? Sur le papier, Plan Cœur nous a tout de suite fait de l’œil. Dans les faits, on a trouvé les huit épisodes de 25 minutes divertissants, mais encore trop superficiels. Une tentative franchouillarde de The Bold Type qui se rapproche plus franchement de Sous le soleil.

Elsa (Zita Hanrot) employée à la Mairie de Paris peine terriblement à se remettre de sa rupture avec son ex Maxime. Le premier épisode commence sur des flashback d’une soirée arrosée, tandis que le lendemain, Maxime, travaillant lui aussi à la mairie, demande à Elsa d’arrêter de lui envoyer des sms, bourrée. Oui, il a une nouvelle meuf, il faut qu’elle tourne la page. Soyons honnêtes, qui n’a jamais texté un ex ou un crush dans un moment d’inhibition exacerbée ?

Un pute post-rupture

Charlotte (Sabrina Ouazani) et Émilie (Joséphine Drai), ses meilleures amies, n’en peuvent plus de la voir déprimer à cause de sa rupture. Sur un coup de tête, Charlotte décide donc d’embaucher pour deux dates, “un pute” comme dit dans le film, un escort comme on peut entendre plus couramment. Sans l’accord d’Émilie, outrée d’une telle manigance dans le dos de leur amie. Du moins, pour les débuts. C’est donc Jules (Marc Ruchmann) qui doit séduire Elsa, tel que scénarisé point par point, et très romantiquement par Charlotte. Le but ? Qu’Elsa baise et reprenne confiance en soi. Bien sûr, cela ne va pas se passer tout à fait comme prévu. Même sans imagination débordante, on sait déjà comment l’histoire va se développer et qu’Elsa va finir par découvrir le pot aux roses.

Contradictions et clichés

Comme dans beaucoup de séries françaises, le premier point faible, ce sont les dialogues qui sont loin d’être réalistes. Mais seulement par moments, ce qui est franchement dérangeant. Résultat, on décroche quand le niveau de langue ne correspond plus à ce que les personnages nous avaient habitués oralement. Ou quand les tirades “On n’est pas dans une comédie romantique là !” sont contredites un peu plus loin, dans des scènes d’un cliché mortel qui sont pour le coup très “rom com”. À titre d’exemple, le “je t’attendrai toute la soirée dans ce bar-là, dans une semaine”, le “on se met à chanter tous les deux une chansons que personne ne connaît dans un restaurant rempli”, le “je retrouve mon crush comme par hasard dans la rue après avoir essayé de le rendre jaloux en rigolant à gorge déployée avec un autre gars”… Tu vois le deal.

Deuxième point faible plutôt agaçant : l’accumulation d’apparition de personnages clichés qui gravitent dans le fond, sans intérêt. Le père noir psy et amateur de yoga qui laisse sa fille coucher sur son canapé de travail, la collègue de bureau lesbienne  maternelle et protectrice, le meilleur ami séducteur de pacotille, la grande sœur mannequin qui a réussi sa vie et travaille à Singapour… Néanmoins, passés ces deux gros défauts, les huit épisodes de Plan cœur se regardent facilement et visent le grand public TF1/France 3.

Sympathique brochette

La relation Elsa/Émilie/Charlotte est sans aucun doute le point fort de la série bien que leur personnages soient aussi une accumulation de généralités de la parisienne contemporaine. Elsa la douce rêveuse-amoureuse fleur bleue qui n’a pas confiance en elle, Émilie la future maman au caractère de feu qui préfère aller travailler sur son chantier plutôt qu’assister à ses cours de yoga prénatal et Charlotte le maillon libre et fougueux de la bande, qui vit au-dessus de l’appartement de son frère (le conjoint d’Émilie) et couche en secret avec le meilleur ami dudit frère. Une sympathique brochette qui se tient les coudes et se soutient dans les misères de leur vie amoureuse à coup de pizzas partagées, de soirées déguisées ratées et d’études approfondies et dissections philosophiques de textos et de comportements.

Pas la série du siècle malheureusement, mais une mignonne distraction de fin d’année à apprécier en fond sonore en faisant autre chose en même temps. Une saison deux devrait normalement être signée, c’est en discussion. On espère que les scénaristes s’attelleront à développer ces trop nombreux sujets survolés dans la saison 1.

Disponible sur Netflix.