La Mule : sur la route avec Clint Eastwood

Avec La Mule, en salles depuis le 23 janvier, Clint Eastwood signe un retour majestueux à la fois devant et derrière la caméra. Une première depuis Gran Torino en 2008.

C’est l’histoire vraie de Leo Sharp, homme de 87 ans condamné à trois ans de prison pour avoir été arrêté en possession de 104 kg de cocaïne, qui a inspiré La Mule à Clint Eastwood. L’occasion pour l’acteur de jouer aussi au réalisateur sur un même film, comme avec Gran Torino il y a 11 ans.

Ici, Clint Eastwood incarne Earl Stone, un homme de 80 ans aux abois. Autrefois sacré roi des horticulteurs, il est désormais complètement fauché (foutu Internet !) et commence à faire le passeur de drogue, malgré lui, pour un cartel mexicain.  Impossible (ou presque) de soupçonner un grand-père à ce poste clé. Même Bradley Cooper, alias l’agent Bates, de la Drug Enforcement Agency, aura du mal à mettre la main sur ce transporteur pas comme les autres.

Drôle et émouvant

On est forcément séduit par ce papi, surnommé Tata, qui se retrouve embarqué dans le monde des narco-trafiquants pour réussir à s’en sortir. Un univers dans lequel il aurait pu se sentir complètement perdu et démuni mais où il va pourtant vite trouver ses marques. Comment ? En obéissant à aucune autre règle que les siennes. Quitte à jouer avec les nerfs de ses employeurs.

De voyage en voyage, le héros prend ses aises, fait ami-ami avec les mentors de la drogue, le tout en amassant des liasses de billets de plus en plus grosses. Un moyen pour lui de tenter de se racheter une conduite auprès de sa famille, qu’il a complètement délaissée au profit de sa passion pour les fleurs, et de financer des projets pour ses amis anciens combattants. Derrière ses airs de grand-père nonchalant, le héros apparaît avant tout comme un homme qui comprend un peu trop tard qu’il est passé à côté de l’essentiel.

Ce qui n’empêche pas le film de jouer avec brio la carte de l’humour. On aime voir Clint Eastwood, plus décontracté que jamais,  au volant de son pick-up noir chanter des chansons d’un autre temps, prendre de haut le protégé du chef de cartel ou mépriser tous ceux qui ne peuvent plus se passer de leur téléphone portable (même pour changer un pneu crevé).

Un film autobiographique ?

La Mule est d’autant plus touchant qu’il apparaît à certains égards comme le reflet de la propre histoire de Clint Eastwood. Ou l’acteur/réalisateur qui a dédié sa vie au cinéma et à sa carrière, exemplaire, en laissant de côté sa vie privée. On a parfois l’impression de voir l’artiste faire le bilan, en portant un regard tantôt amusé, tantôt désabusé sur le monde actuel. Clint Eastwood a fêté ses 88 ans le 31 mai 2018, avant le début du tournage de La Mule. On ne sait pas si ce sera son dernier film, mais si c’est le cas, c’est un très joli final.