On y était : Yodélice au Bataclan
Lundi, Yodélice investissait le Bataclan le temps d’un soir pour y implanter son univers particulier. L’homme à la larme vient de publier son deuxième album, un album hautement salué par la critique, qui se distingue par son côté résolument plus rock. Du coup, on se demande comment Yodélice allait défendre cet album sur scène. Avant que la troupe yodélicienne s’installe, une jolie blonde à la crinière bouclée entre en scène accompagnée d’un bassiste et d’un guitariste… (et oh surprise, le bassiste n’est autre qu’Edouard Polycarpe, le petit frère de Vincent et Xavier des Gush). Le trio se nomme Holly-siz. Un concentré de pop-rock détonnant, avec quelques infimes touches électro. Ça balance très fort ! Le public est séduit au bout de deux titres, par l’énergie du groupe, et par leur rock très eighties. Sautillant, et même carrément dansant, le public applaudit à tout rompre et semble bien plus que chauffé à blanc…ou rouge même. Mission accomplie : la foule est ravie, Yodélice peut entrer en scène.
(retrouvez les photos du concert, sur le blog de LaBlonde)
Oui, mais non. Ce n’est pas Yodélice qui entre en scène. C’est Maxim Nucci, torse nu. Il s’installe au piano et entonne Experience, devant un large rideau noir transparent. Le Bataclan plongé dans le noir, assiste en quelque sorte à la naissance de Yodélice : d’abord seul et nu, il est calme et tranquille derrière son piano. Au fur et à mesure que le titre avance, lui s’enerve un peu plus, tandis qu’on voit apparaître derrière le rideau les visages des autres musiciens, par intermittence. La lumière éclaire tantôt le guitariste, tantôt le violoncelliste, tantôt la jeune femme qui assure les choeurs. Tous demeurent derrière la toile et tous arborent d’étranges costumes. Le morceau touche à sa fin, un homme arrive sur scène pour fournir les accessoires propres à Yodélice : costume noir, chapeau. Yodélice n’étant pas Yodélice sans ce triangle sous l’œil, Maxim peaufine donc son maquillage, sur scène devant les spectateurs. Ça y est. Maxim n’est plus Yodélice est là. Et, dès lors, fini le calme et la tranquilité, le reste du show sera très rock’n’roll. Que ce soit, les titres du premier ou du deuxième album, Yodélice et sa clique ou en effet tout ré-arrangé pour mettre le tout à la sauce rock, parfois bluesy osant même ajouté quelques touches de sonorités orientales.
Ainsi Yodélice revisite “Sunday With The Flu”, imagine un nouveau “OtherSide”, et confie le micro parfois même à Simone (Marion Cotillard), présente de bout en bout du spectacle. La troupe parcourt entièrement Cardioid, dans un décor digne d’un film d’angoisse : tronc d’arbre entortillé, chanteuse à la cape, guitariste masqué. Le jeu de lumière alternant entre le rouge et le bleu viendra ajouter une couche. Vous l’aurez compris, avec Yodélice on n’assiste pas à un simple concert, mais un véritable spectacle. On embarque dans son monde, et on y participe aussi. Le public (quand il ne donne pas l’impression d’être au cinéma, tellement le spectacle donné sur scène dépasse l’entendement) s’époumonnera sur “My Blood Is Burning”, ou encore “More Than Meets The Eyes”. Il écoutera dans un silence quasi religieux d’autres morceaux comme “Monkeys Evolution” ou Simone donnera de la voix.
Yodélice et sa bande ont mis les petits plats dans les grands pour fournir un concert digne de ce nom. Le Bataclan est surchauffé, Maxim lui se donne à fond, en témoigne son visage transpirant.passe de la guitare à la batterie parfois. Mais, au risque de me faire lyncher je ne peux dire que je me suis prise une claque : des morceaux qui tirent trop en longueur (oui je sais, ils sont musiciens, il faut qu’ils se fassent plaisir), des titres trop ré-arrangés, et une mise en scène que j’ai trouvé too much. Oui bien sûr on dira que le spectacle était entier, mais moi j’ai trouvé que par moment c’était un peu distant. Trop de trop, tue le trop…