On y était: Jack White au Transbo à Lyon !
Mister Jack White ne fait plus partie du commun des mortels. Cela est dit sans ironie aucune, ou tentative d’humour quelconque, c’est un fait. Il fait partie des dieux du rock, peu importe ce qu’il écrit, compose, produit, pour les autres, en groupe ou en solo, tout y est frappé du sceau du génie. Si on aime le rock, il faut voir Jack White sur scène une fois dans sa vie.
Cette année nous avons été gâtés en France, car il fut présent sur plusieurs scènes, et votre serviteuse eut le plaisir d’assister par 2 fois à sa grande messe. Privilège extrême : je peux dorénavant afficher sur mon CV que j’ai vu une fois Jack White avec le groupe de filles et une fois avec les garçons. Et résultat ? Match nul, je fus par 2 fois touchée par la grâce, différemment mais aussi intensément.
Hier soir le Transbordeur à Lyon accueillait Jack White pour sa seule date en province. Le concert était bien évidemment sold-out et la taille de la salle laissa de nombreux fans sur le carreau. C’est parfaitement égoïste mais je suis sûre que le public présent, lui, ne pouvait que s’en réjouir, le Transbo est une salle à taille humaine et nous allions donc tous pouvoir « toucher » Mr White ! Et surtout se prendre une avalanche de riffs avec une bonne accoustique et le tout sans se faire sauter dessus par des fans pogotant (trop de monde dans la fosse, il n’y avait pas la place de remuer de 20 cm !).
Ce sont donc les garçons qui jouaient avec lui hier soir et dès la première chanson ce fut peut-être un choix décevant. Les filles aux Eurocks étaient toutes lookées en bleu White (!) créant un décor quasi cinématographique autour du chef d’orchestre Jack. Elles ont toutes joué admirablement, lui volant parfois la vedette de manière complice, une certaine sensualité découlait de leur interaction sur scène, on était dès leur arrivée happé dans l’univers étrange Jack White. Ici, d’un seul coup on craint un trop plein de testostérone, une certaine compétitivité entre Jack et ses boys, lui tentant de ne pas se faire voler la vedette, jouant les divas. La déception fut de courte durée car en fait après quelques morceaux la même alchimie se met en place. Ce concert est celui d’un artiste solo mais dans la pratique il n’en est rien. Jack prend du plaisir avec chacun, les pousse à se dépasser, joue du piano à quatre mains, se vautre sur la batterie dans un grand élan rock, on sent bien que tout cela est mené d’une main de maître et que le boss c’est lui, mais on a bien à faire à un groupe, pas à des figurants. Seul regret, “Love Interruption” ne peut pas être aussi réussie et envoûtante sans une femme pour la 2e voix. Mais sinon l’atmosphère devient tout aussi chaude et électrique, peut-être plus même qu’avec le girls’ band finalement, mais excusez-moi, je suis une femme et face à autant de virilité, la chair est faible…
Les titres joués ce soir balayèrent l’intégralité de l’immense carrière du fantasque bonhomme, même Rome de Daniel Luppi et Danger Mouse sur lequel il coopéra, exemple type des morceaux procurant de la chaleur dans les reins, “Two Against One” en live, mmmmmm soupir… On peut néanmoins regretter l’absence de “Steady as She Goes”. Les bouchons d’oreille étaient totalement obligatoires, qu’on pu apprécier les spectacteurs qui n’en avaient pas ?! Parce que la machine White développe des décibels et maltraite les instruments jusqu’à saturation mais miraculeusement le Transbo réussit à restituer clairement le son de chacun. Sauf peut-être pour les premiers rangs trop proche de la scène. En tout cas notre vieille ville de Lyon s’en est pris plein les oreilles ce soir là, c’est ce pour quoi elle avait signé et s’en souviendra longtemps !
Aujourd’hui pourtant les avis divergent complètement sur le site du Transbordeur quand à l’appréciation de ce concert, et c’est à s’en demander si nous avons tous assisté au même ? Il faut reconnaitre que le mécontentement de certains peut être compréhensible. Tout d’abord avertissement du programmateur avant le concert demandant “aucune photo ce soir“(d’où ma photo des Eurocks ci-dessus). Un Jack qui enchaina frénétiquement un très (trop) grand nombre de morceaux avant de lâcher enfin un « How are you Lyon ? ». Puis qui avant d’entamer « Seven Nation Army » nous prévint « no encore tonight » et s’excusa donc à la fin du morceau d’un « we wish we could stay longer but we can’t, I guess that’s just the way things are, thank you all and God bless you » et effectivement on rallume les lumières et on évacue la salle. Après un set d’1h30… Aïe, on ne passa pas très loin de l’émeute !
On assistait au concert d’un immense artiste (ah l’arrrivée sur scène la clope au bec: rock’n roll !) qui fit une performance tout à fait à la hauteur de son statut, et de plus à Lyon, pas à Paris, dans une salle de petite capacité, c’est inestimable ! Mon avis sur la question est alimenté par quelques années de concerts, de grosses pointures, parfois compatriotes américaines de White, qui démontrèrent un boulard, une grossierèté et condescendance envers leur public français, inversement comparable à l’échelle de leur notoriété. Muse, pour ne pas les citer, avaient choisi en 2009 la Halle Tony Garnier, salle à l’accoustique catastrophique, l’avait remplie jusqu’à la gueule, et assura son set sans un mot pour le public et sans quasi aucune impro par rapport aux albums et ce en 1h15 de concert. Inacceptable.
Donc pour toutes les raisons évoquées un peu plus haut, la prestation de Jack White fut excellente, habitée, d’une énergie communicative et chose absolument essentielle: il prit VISIBLEMENT un méchant pied à être là et à envoyer du lourd. Entendre et voir “Seven Nation Army” en live, merde ???!!! Alors Merci Mister White, tout simplement.