On a écouté : Forty Eight Hours de Yan Wagner
Dire “j’écoute du Wagner” n’est désormais plus une expression réservée aux plus 60 ans fans de musique classique. Oui, aujourd’hui, nous aussi on n’a notre Wagner. Prénom : Yan. Belle gueule, une voix à la Ian Curtis et un album qui sort le 1er octobre intitulé Forty Eight Hours. Que dire sur cette galette ? Qu’on l’attendait depuis des lustres et qu’on n’est absolument pas déçu à son écoute. Il flotte sur une ambiance très années 1980, quand Taxi Girl, Depeche Mode et New Order étaient les maitres de l’électro new-wave. D’ailleurs lorsqu’on écoute le single “Forty Eight Hours”, on pense clairement à New Order. Cette influence des Anglais, Yan Wagner ne la cache pas, bien au contraire, mais s’arrêter à cette simple référence serait faire offense au talent de ce garçon.
La première fois qu’on entend parler de Yan Wagner c’est avec “Recession Song”, en 2010. Un titre qui figure sur l’une des compils Kitsuné inspiré par la crise économique, qui colle immédiatement à n’importe quelle oreille, même les plus réfractaires à la musique électronique (je sais de quoi je parle). On le retrouve peu de temps après sur le tribute à Jacno, où il interprète “Les nuits de la pleine lune“. On craque instantanément sur ce timbre de voix caverneux et le je-ne-sais-quoi mystérieux qui entoure sa personne. On sait qu’il ne faudra pas quitter des yeux le parcours de ce franco-américain qui partage sa vie entre New York et Paris. On se renseigne sur le garçon. Il rêvait d’être pianiste dans les bars américains lit-on, finalement c’est plutôt les synthé, consoles et ordinateurs qu’il pianotera et composera sa musique. Avant de se lancer dans un album vraiment à lui, Yan mixe et remixe énormément (Blackstrobe, Étienne Daho, Juveniles, Thieves Like Us, Splash Wave).
Pour son album, Yan travaille avec Arnaud Rebotini, “une évidence” explique-t-il. Il aime l’approche old-school de la production. C’est dans le studio d’Arnaud que l’intégralité du disque sera conçu, en travaillant avec des boites à rythmes et des synthétiseurs vintages, d’où le son très années eighties. “Je ne voulais pas d’un son estampillé 2012 pour que mon disque puisse résister à la patine du temps. Pour le reste, j’ai écrit les paroles en buvant du vin rouge”. La formule magique on dirait, puisque Forty Eight Hours semble tout droit sorti des années 1980. Un son électro, froid, répétitif, des beats entêtants et l’impression de faire un bon en arrière. Dans ce disque au “Spleen de l’officier“, un titre sombre et lancinant, à “Blue Line” et sa ligne mélodique envoutante, “Follower” et ses allures de Depeche Mode te reste en tête des heures en tête. Mention spéciale à “The Only One” featuring Etienne Daho. Le duo est d’une efficacité absolue et on aime ce mariage parfait des deux voix. En somme, c’est en quelque sorte la passation de pouvoir en bonne et due-forme entre le héros culte de la new wave et le surdoué de l’electro.
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