On y était : Willis Earl Beal au Point Ephémère
Il est d’usage de faire des tops pour classer un peu tout et n’importe quoi dans la musique, c’est la loi Nick Hornby. Si je devais faire un top 5 des meilleurs concerts 2013, assurément celui de Willis Earl Beal obtiendrait la première place. Haut la main. Il s’est passé un truc étrange pendant cette soirée du 7 octobre. Le point FMR était plein à craquer, la chaleur y était étouffante et Willis complètement bourré. Mais là où une Cat Power ou un Pete Doherty te ruine un concert en trois chansons, avec Willis Earl Beal tu as en pour ton argent. C’est un vrai show, presque une perf’ que le chanteur donne.
C’est déguisé qu’il arrive sur scène. Le masque du Lone Ranger sur les yeux, une cape affublée du smiley ‘nobody knows’ sur les épaules et verre de bière à la main. Première chanson, première claque. La voix puissante impose le silence dans la salle. On entend des filles chuchoter des “wow quelle voix”. La voix des vieux soulman américains, cabossée par la vie, brûlée par les cigarettes et les alcools forts. Une voix rauque et déchirée pleine d’émotions qui peut t’arracher une larme en trente seconde.
Mais Willis Earl Beal, ce n’est pas qu’un voix. C’est un homme, une masse que la vie n’a pas ménagé. L’ancien SDF a frôlé la folie plusieurs fois, la musique l’a sauvé. Alors quand il chante, il ne chante pas vraiment, il convoque les esprits. Lesquels ? On ne sait pas. Ce qui se passe sur scène relève d’un autre monde. L’homme est comme possédé, il est en transe, fait des choses bizarres sur scène : monte sur un tabouret, se roule par terre, fait l’amour au pied de micro, attrape sa jambe, imite Superman, tape des pieds, donne des coups de poings dans le vide, peut-être pas tant dans le vide que ça. Les uppercuts de ses chansons nous frappent directement et nous laissent K.O.
N’importe qui d’autre aurait pu être ridicule. Pas lui. Lui, il captive, en fait peut-être trop, mais son magnétisme naturel, la justesse de sa voix, la précision de ses mots, son univers tout entier subjuguent…et c’est naturellement sous un tonnerre d’applaudissement qu’il quittera la salle. On attend la prochaine date avec impatience.