On y était : Neeskens et Delacroix à l’International
Janvier est un mois propice à écouter du bon folk. Depuis le début de l’année, quelques pépites régalent nos oreilles (James Vincent McMorrow, Damien Jurado, William Fiztsimmons…). Cette fois, c’est en live que l’on s’en va en écouter avec Neeskens.
Neeskens, ça fait un moment que je suis son parcours. Ça a commencé à une fête de la Musique, à Denfert-Rochereau en 2009. Je l’avais entendu sans avoir vu noté le nom. Je me rappelle juste du frisson que j’avais ressenti en entendant cette voix particulière. Quelques mois plus tard, mon chemin recroise le sien. Je traîne des pieds. Ce soir-là je n’avais pas particulièrement envie d’aller à un concert, mais c’est pour le travail, j’y suis obligée. Décembre 2009. Ed Laurie. Café de la Danse. Je me rappelle qu’il pleuvait et que mon ami m’avait lâchement abandonné. J’étais toute seule avec mon humeur de chien pour seule compagnie et mon envie d’être partout sauf ici. La première partie, Neeskens, est un illustre inconnu. Il débarque sur scène avec sa guitare en bandoulière, le pas mal assuré. Il est seul au milieu d’une scène faiblement éclairée. Première chanson et première uppercut. Je fais la connexion immédiatement : Neeskens, c’est le chanteur de Denfert-Rochereau. Ma mauvaise humeur a pris congé. L’âme apaisée, j’écoute alors avec attention les quelques chansons en guitare-voix que le garçon propose. Dépouillés, simples. Une collection de chansons sans âges qui me font penser à Damien Rice et je sors de la salle en estimant que son set était bien meilleur que celui de la tête d’affiche. Quatre ans plus tard, Neeskens continue à tracer sa route : un E.P, quelques concours gagnés, la sortie d’un album auto-produit imminent, quelques concerts. Des concerts trop rares à Paris, alors quand il s’y produit, on ne se pose pas trop de question et on y va.
Ce mardi 21 janvier, il est à l’International. La salle n’est pas la plus adaptée pour sa musique aux intonations folk, mais c’est mieux que rien dira-t-on. Pour cette date-là, il ne produit plus seul mais accompagné de deux musiciens : un batteur (Cyrille) et un bassiste/claviériste (Anis). Je le dis souvent, je ne suis pas très fan du passage formation “guitare-voix” à celle “groupe”. Souvent, je trouve que la musique initiale perd de son charme. J’éprouve un peu d’appréhension, d’autant plus que la dernière fois que Neeskens avait tenté l’expérience trio (au Scopitone) j’avais justement trouvé que les chansons avaient dénaturées. Je ne reconnaissais rien de ce qui me plaisait tant dans la musique du Savoyard. Cette fois, c’est le contraire.
Neeskens commence en solo. La salle est quasiment plongée dans l’obscurité. Atmosphère étrange et très intimiste. Imaginez la scène. Dans la pénombre, une voix haut-perchée posée sur quelques arpèges vient vous susurrer à l’oreille : pour une mise en bouche, c’est plutôt réussi. Le chanteur est vite rejoint par ses nouveaux compères, on change de registre, les chansons se font plus rythmées sans pour autant perdre de leurs charmes. On découvre les nouveaux-nés comme “Mont-Royal”. Mont-Royal : un clin d’oeil à Montréal mais surtout c’est le nom du premier album dont on vous parlera plus en détail. On retrouve les anciens morceaux : “Apeldoorn”, “Falling Down”, “Jesus is A Horse”, “Where Bridges End”, “Lucy”. Ils sont réarrangés, ils ont adopté une nouvelle forme mais l’essence demeure inchangée. Intemporelles, je reste persuadée que certains songwriters du siècle précédent n’aurait certainement pas renié la paternité de certaines de ses chansons. Une chose en revanche a changé : la voix. Fragile quelques années auparavant, aujourd’hui elle se libère, elle est assurée, elle ose, tutoie les aiguës comme les graves.
Enfin, ce soir-là, on découvre surtout trois musiciens qui semblent s’être très bien trouvés. L’alchimie est parfaite. La batterie est délicatement dosée, la basse sait se fait entendre comme elle sait se faire oublier, quant au clavier discret lui-aussi apporte une dimension plus profonde à la mélancolie de Neeskens. Tout n’était pas encore parfait, cela fait peu de temps que les trois garçons travaillent ensemble, mais ce premier aperçu est plus que plaisant. Malheureusement, on ne pourra pas en profiter assez. Le concert ne dure que trente minutes. C’est court. Trop court. Il est tant de changer de plateau.
C’est Delacroix qui enchaîne.
Et Delacroix. Ben voilà quoi.
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