Mark Daumail : ” je ne pouvais pas me mentir”
Virage à 180° pour la tête de pensante de Cocoon. Mark Daumail s’évade aujourd’hui en solo et en a surpris plus d’un. Loin du folk des débuts, il navigue sur des plaines plus électroniques et trip-hop à découvrir sur l’EP Mistaken, prélude d’un album à paraître ce printemps.
Question toute simple pour commencer : dis-moi comment tu vas ?
En ce moment c’est la grande joie et la grande forme, merci ! Je me suis inscrit à la natation c’est pas mal.
On te retrouve dans un style assez différent, pour ne pas dire radical, est-ce que tu as eu peur de désarçonner tes fans avec ce virage à 180° ?
Non car, ce virage s’est fait de lui-même et je ne pouvais pas mentir au public. J’imagine qu’il y aura peut-être des déçus, alors qui m’aime me suive !
Te lancer tout seul t’effraie-t-il ? Est-ce que c’est quelque chose que tu voulais faire depuis longtemps ?
J’ai toujours voulu faire des disques seul mais Cocoon occupait la plupart de mon temps. Je suis impatient que la tournée démarre, j’ai un peu l’impression de sauter en parachute mais je suis très entouré.
Raconte-nous un peu la genèse de cet E.P ? Comment l’as-tu écrit et composé ?
On a juste choisi trois chansons de l’album qui allaient bien ensemble et qui seraient pas mal pour présenter mon projet. Ensuite on a envoyé les pistes à des remixeurs. Les chansons ont été écrites en même temps que celles de l’album, en 2012/2013.
Un peu à la manière d’un James Vincent McMorrow ou Bon Iver tu as délaissé la guitare acoustique, pourquoi ?
Il y en a des mini-bouts dans le disque, mais je voulais qu’elle prenne une place d’arrangement et pas d’instrument lead. J’adore ma guitare acoustique, mais mes mains étaient attirées par d’autres instruments. Le « délaissement » a été naturel et même très plaisant !
Le folk est-il définitivement enterré pour toi ?
Non pas du tout, j’adore le folk, les années folk que j’ai connu avec Cocoon ont été fantastiques ! Je ne me ferme plus à aucun genre au contraire. Il est possible que je refasse de la folk, d’ailleurs dans mon set live il y a une chanson solo à la guitare acoustique : « Storm », parce que je voulais la faire différemment de sa version sur l’album.
J’ai l’impression que la musique, ou ton univers artistique aujourd’hui est plus transparent, par là je veux dire que tu n’accompagnes pas, ou tu accompagnes moins ta musique d’un monde imaginaire… C’est volontaire ?
Oui tout à fait. Je passais trop de temps à ça dans Cocoon pour le peu de retours que j’en avais (je pense notamment à l’album sur la baleine volante magique). Je voulais un album de pure musique, c’est tout, avec ma photo et point final. Quelque chose de plus adulte aussi. Quand je me mets à rêver et imaginer des univers je redeviens enfant donc j’ai essayé de me retenir ce coup-ci. En revanche il y a une cohérence dans le disque, que j’ai conçu comme une « radio » qui a autant de stations différentes qu’il y a de pistes dans l’album. Mais pas de concept qui me pompe trop d’énergie.
Est-ce que pour les clips, tu as ton mot à dire ? C’est toi qui proposes une idée ?
Oui je lance des idées, on en parle avec mon équipe et on cherche le réalisateur qui pourrait coller à la chanson. Puis le réalisateur lance ses idées, etc. En gros pour Mistaken j’ai dit « bougie » et pour Monsters j’ai dit « femmes nues » et après ils ont brodé autour de ça. Pour les prochains clips j’aimerais essayer quelque chose de lumineux et joyeux, car il y a beaucoup de ça dans le disque aussi.
Il y a une chanson que j’aime beaucoup sur cet E.P, c’est « Tom Cruise », parle-moi un peu de ce titre ?
Lorsque tu rencontres du succès, plein de choses deviennent hors du commun. La notoriété apporte son lot de folie et de démesure, sur le plan sexuel aussi. Je voulais raconter ça, mêlé à ma vision de l’affaire DSK qui m’a beaucoup marquée également. Ce rapport entre le sexe et la notoriété, filles faciles, substances, et le réveil du lendemain qui te fait honte. C’est une période que je suis content d’avoir laissé derrière moi. L’écrire en chanson aide à faire ce travail.
L’album “Speed of light” ne va pas tarder à sortir, peux-tu nous dire quelque chose dessus que tu n’as dit à personne ?
Je l’ai fini depuis le mois de juillet 2013 et il sort au printemps. J’en peux plus d’attendre !
La scène tu y penses déjà ?
Je suis en répétitions cette semaine avec mon groupe, les dates de concerts arrivent, je suis très impatient. Je serai en résidence à Bordeaux toute la fin du mois à Barbey, une salle que j’adore.
Le mot de la fin ?
Vous devriez aller voir le dernier Wes Anderson “The Grand Budapest Hotel”.
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