Gaspard Royant : les sixties, Sun Records et Marty McFly

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(c) JB Ambrosini

Gaspard et moi. C’est une suite de rendez-vous manqués. Oui je l’appelle Gaspard. J’arrive dans une ville, il est déjà parti. Quand je pars, il arrive. A croire que le destin ne veut pas que j’aille le voir en concert. En même temps, ces histoires de destin, destinée, j’y crois pas trop. Et heureusement pour moi, j’ai son album dans mon iPod pour m’accompagner dans mes trajets matinaux et son vinyle sur ma platine pour me détendre le soir, après une journée de boulot horrible. Et crois-moi en ce moment, j’en ai beaucoup. Parce que  j’ai un vrai boulot la journée et non je ne suis pas qu’une connasse de bloggeuse (enfin un peu quand même) qui passe son temps à se faire inviter à des soirées et à quémander des albums, même que ça fait un moment que j’ai plus rien quémandé.

La crise (musicale), ma bonne dame.

Fany Boucaud

Et, en période de crise on se réfugie toujours dans un cocon. En sophrologie, on appelle ça l’endroit refuge. En résumé express ça donne ça : quand on est hyper stressé, il faut se visualiser en esprit un refuge, un endroit qui nous détend. Tu prends ce que tu veux hein, ça ne me regarde pas. T’as même le droit de penser aux bras de ton amant. Moi, par exemple, j’écoute Elvis et je m’imagine dans une caravane égarée au beau milieu de l’Alaska. Je sais ce que tu penses : j’ai beaucoup trop regardé Into The Wild et tu n’as pas tort. Mais la forêt, l’isolement et Elvis sont mes endroits refuges en période de crise intérieure et/ou passagère. Alors quand je tombe sur Gaspard Royant et son 10 Hits Wonder, instantanément mes oreilles font un bond dans une époque qu’elles n’ont pas connue mais qu’elles ont toujours adorée : les sixties. Ma musique refuge. Mon retour vers le futur. C’est avec la chanson « Marty McFly » qu’il a attiré mon attention, le garçon. Enfant des nineties, j’ai bouffé les films jusqu’à l’overdose, alors quand Gaspard chante les louanges du héros qui ne veut pas “qu’on le traite de mauviette”, forcément, il parle à l’enfant qui sommeille en moi. Et, lui et moi, on aime.

 

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Gaspard, c’est surtout un amoureux des vieilleries et des trucs démodés, donc forcément à la mode aujourd’hui, puisque le vintage est tendance. Son album est une vraie pièce vintage, enregistré à l’ancienne, tout à l’analogique au studio Toe Rag avec Liam Watson, l’ingénieur son des White Stripes. A l’heure du « tout électronique », c’est presque un acte rebelle et militant. Le 10 Hits Wonder de Gaspard, il ne s’écoute pas, il se savoure. On retire le vinyle de sa pochette délicatement avec des gestes hyper précautionneux. Ecouter un vinyle, c’est tout un art, un cérémonial qui ne se partage pas. Assis(e) dans un fauteuil, les pieds sur la table basse. On en profite, le-la chéri(e) n’est pas là pour gueuler que ce ne sont pas des manières. On écoute les histoires de meurtres de Gaspard (« The Woods »), ses ritournelles d’homme au cœur brisé (« Break-Up Bar »… toi aussi tu penses à « Heartbreak Hotel » en souriant niaisement ?), son histoire à lui aussi (« MonkeyTown », « Back to where we aim »). Les titres s’enchaînent à une vitesse folle. On s’accorde seulement une pause : le moment où l’on retourne le vinyle en twistant pour remonter dans la Dolorean et repartir aussi vite que possible en 1963. La grande époque de Sun Records.

Il y a deux ans, l’esthète Chris Isaak rendait hommage, justement, à Elvis Presley, Roy Orbison et Jerry Lee Lewis en ressuscitant, certes avec panache mais sans surprise, l’esprit de Sun Records. Aujourd’hui, en réécoutant Beyond The Sun, on se dirait presque « merde, Chris a oublié de reprendre Gaspard Royant ».

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