Rising Star : à la recherche du nouveau produit NRJ

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Toi, comme moi, comme 3,8 millions de Français curieux, t’as regardé, jeudi soir, le nouveau concours de chant révolutionnaire de M6 : Rising Star. Je ne sais pas ce que tu en as pensé mais perso je ne suis jamais autant fait chier devant un télé-crochet. Pourtant, j’en ai maté pas mal, des télé-crochets. On nous vendait un truc de ouf, ma caille. Genre, un concours de malade mental où cette fois, la voix des Français est entendue ! Oui cette fois, c’est le public qui a vraiment le pouvoir. Il a la parole. C’est lui qui sélectionne les talents de demain, via une application qui marche pas, sur laquelle il faut s’enregistrer et patienter comme à la préfecture. Mais, c’est nous qui décidons et ça, c’est comme MasterCard, ça n’a pas de prix. Mieux, c’est même gratuit.

Ok. Question à un million de dollars : pourquoi y’a un jury ? On aurait dû la sentir l’entourloupe. Cathy Guetta, David Hallyday, Cali et Morgan Serrano (monsieur le chef des programmes de NRJ – celui à qui on doit Tal, Shy’m et le reste) servent de pré-casteurs. Ils choisissent les candidats qui se présenteront devant le mur. Mais les castings à la Nouvelle Star, c’est un peu pareil non ? André et le reste castent pour nous envoyer des artistes en prime-time et on vote pour eux ? Non, non, Rising Star c’est différent parce que ça se passe par une application, t’as rien compris. C’est interactif. Retour au premier paragraphe.

Le pré cast, ça se passe comme un entretien d’embauche : “vas-y présente toi”, “je me présente, je m’appelle Henri et comme Daniel Balavoine, je voudrais bien réussir ma vie et faire tomber le mur avec ma voix tellement bluffante qu’à côté de moi, Michael Jackson et Whitney Houston sont des casseroles. Au bout d’un magnéto qui n’en finit pas on entend donc Henri chanter. Là, on est hyper déçu, parce que merde, on a ouvert nos cadeaux et devant nous, en plus. On découvre la voix du candidat avant qu’il chante pour nous. Effet de surprise zéro. Et puis, on voit Cathy Guetta pleurer, Cali dire tout ce qui lui passe par la tête, Morgan juger si le candidat est apte à être en envoyer sur le marché et… ben David t’es passé ou ? On l’a cherché pendant toute l’émission.

En vrai il n’y avait pas de Henri mais une Séverine au “physique atypique” comme on dirait sur W9, mère de deux enfants, Léo Rispal enfant tête à claque qui avait chanté avec Gary Fico (pur produit NRJ que Morgan connaît bien), Emmanuelle, handicapée depuis sa naissance, Larry le beau gosse à la guitare qui fait du folk mais qui n’est pas sûr de lui, il y a aussi Tarik représenté par sa mère même que Jamel Debbouze à la même si on croit ses spectacles et enfin il y a l’orpheline aux cheveux rouges, qui zozote et chante pour son père. Bref, Rising Star c’est 60% de social et de pathos pour 15% de musique. Le reste, c’est la pub. Bref, Confessions Intimes, version musique. Si t’es heureux et beau et que tu chantes bien… non rien.

Dans Rising Star, on utilise le pathos et les violons pour faire voter les gens. On leur fait de la peine pour forcer le public à voter et à soutenir les candidats. Non mais tu comprends enfin la pauvre quoi, elle veut prouver qu’on peut ne pas avoir le physique de Beyoncé et être quand même chanteuse, il faut l’aider. Et puis on s’en fout qu’elle fasse chante faux. Sauf qu’en fait Susan Boyle l’a déjà prouvée et elle, elle chante juste. On sait que le télé-crochet est une déclinaison de la télé-réalité et que forcément c’est le mélo qui fait voter mais là, les ficelles sont énormes. À côté on penserait presque que “Allo Nabilla” n’est pas scénarisé.

Bref, quand on retire les 120 minutes de social et de publicité, il nous reste les mini-débats faussement enflammés du jury. Cathy Guetta fait des petits bonds sur sa chaise et ne tient jamais en place. Et puis, on écoute en se mordant le poing Morgan Serrano expliquer pourquoi un groupe québécois ne réussira pas : “moi demain je ne le passe pas en radio”. Un autre chanteur (de bal) en revanche, au physique pas trop dégueu et à la voix de comédie musicale des nineties (Le mec chantait comme Patrick Fiori-ture) lui par contre a complètement sa place sur le marché. On comprend que monsieur NRJ ne cherche que des produits à mettre dans ses rayons. Mais des produits auxquels le téléspectateur/auditeur lambda peut s’identifier. Et on se rend de plus en plus compte que la musique est devenue, aux yeux des pros qu’un vulgaire objet de consommation de masse que l’on vend comme de la viande sous cellophane. Enfin ça on le savait déjà mais la c’est flagrant.

 

Mais au fait, ils deviennent quoi après les candidats qui ont fait tomber le mur ?