Artiste à découvrir : Grindi Manberg
Difficile de parler d’une nouvelle tête. D’un nouvel artiste qu’on aimerait vous faire écouter, mais dont on ne sait guère comment présenter pour que le coup de foudre soit réciproque. On recherche les mots justes, les adjectifs qui se rapprocheraient le plus des sons et des sentiments que l’on ressent. Alors on fait comme on peut, on essaye, on tente. L’artiste en question ? Grindi Manberg, un nom qui ne s’oublie pas comme ça.
Lorsque l’on a découvert Fantasized Lumberton, le dernier et premier EP de Grindi Manberg on a d’abord eu cette sensation d’être happé par la présence mi-intempestive, mi-entêtante des synthés (« Marine has the key ») et des manipulations électro, omniprésents dans le background sonore de l’artiste rémois. En plus de cette sensation dissonnante inconfortable, il faut réussir à se faire aux couches successives contrastées qui se chevauchent pour mieux se différencier et tiquer dans nos oreilles. Ce n’est pas du Agnès Obel ou du Bach, les notes ne se succèdent pas dans une suite logique, agréable et reposante. Le rythme est brisé constamment, volontairement, comme dans « Say Goodbye », ternaire, binaire. On est plongé dans une noirceur abondante et éparse, on n’a pas le choix, il faut s’y plonger à corps perdu, c’est la direction qu’à visiblement prise Grindi. Pas de problème, on s’y engouffre avec lui. Et puis parfois on récupère, sur « Lisbon » plus pop et linéaire ainsi que sur « Mimosa Cure », plus accessibles.
On est suspendu à chaque variation, chaque brusque revirement, on se perd parfois, on se noie, mais on se raccroche toujours à quelque chose de différent : une rythmique, un trait de guitare, un souffle de voix. On essaye aussi (bêtement) mécaniquement de comprendre et de deviner les structures, en vain. Et puis à un moment on arrête d’essayer, on stoppe notre quête d’adjectif qualificatif parfait. On se laisse aller et on commence enfin à apprécier. C’est en partie cette noirceur capricieuse et fuyante qui fait l’identité de cet artiste. Le Grindi Manberg est à la fois rétro et futuriste, mais surtout tourmenté et indomptable. Il est complètement dérangeant et addictif. Il est lui.
Si je n’ai pas réussi à vous donner envie d’écouter Grindi Manberg avec ma tentative de description mystique, je vous conseillerais, si vous le voulez bien, de cliquer sur le lecteur ci-dessous qui vous permettra de vous faire votre propre opinion.
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Grindi Manberg est aussi l’un des 15 lauréats du Fair 2015 !