On a écouté : “Cautionary Tale” de Dylan LeBlanc
L’histoire du jeune songwriter accro à l’alcool et tourmenté par ses démons intérieurs, on la connaît. Le folk en a des centaines, à toutes les époques. Parmi ces hobos, ces gamblers, ces âmes tordues, ces esprits torturés il y a Dylan LeBlanc. Le jeune natif de Nashville a suivi, sans le vouloir, le même chemin que ces illustres modèles folk aux tendances auto-destructives. Sans doute a-t-il éclos un peu trop tôt, emmené dans un tourbillon qu’il ne contrôlait pas. À 20 ans, il sort son premier album, dans la pure tradition folk américaine. Au-dessus flottait le fantôme de Nick Drake et de Neil Young qu’il chérit par-dessus tout. Un album qui lui a permis de tourner avec les plus grands : de Calexico à Bruce Springsteen. Peut-être n’avait-il pas les épaules (pourtant larges) assez solides pour résister à la vie de musicien.
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Il succombe à l’alcool, la tête n’est plus très fraîche, son contrat avec Rough Trade est rompu. Le jeune homme est au fond du trou. Quand on est tout en bas, deux options : on y reste ou on se fout un coup de pied au cul. LeBlanc a choisi la deuxième option. Pour façonner son troisième album, Cautionary Tale, le songwriter s’est concentré sur lui-même. Retranché même. Pendant plus d’un an, il n’avait rien écrit. “J’avais beaucoup de choses à réapprendre”, expliquait-il dans une interview. “J’ai regardé mon compte en banque, j’ai réalisé que j’étais fauché et j’ai recommencé à écrire. J’ai aimé le processus mais mon esprit s’éparpillait, je devais me concentrer très fort pour trouver des sujets”. Il en résulte un album dans la pure tradition americana où se croise folk, country et soul. Sans doute l’influence de Muscle Shoals, berceau de la country et de la musique américaine.
Dans Cautionary Tale, le jeune homme se raconte, il raconte ses problèmes, c’est dans son esprit torturé qu’il nous plonge. Il parle de ses démons et de ceux des autres hommes de sa famille. Dans “Man Like Me”, il évoque son grand-père. “The pardon never comes before the plea”, chante-t-il. Une phrase qu’il prononçait. Ivrogne, mais un homme bon selon ses dires, décédé quelques temps avant la sortie de son album. LeBlanc parle aussi de sa propre transformation dans un “I’m Moving On”, titre où les percussions viennent rompre les tortueuses chansons qui forment ce troisième album. En pur folksinger, Dylan Leblanc se lance aussi sur le chemin de la protest song, avec “Beyond the Veil”. Sur ce titre aux accents délicieusement blues, il parle des mensonges des politiciens et de la manipulation des médias. Il joue aussi les lonesome cowboys, sur “Balance or Fall”. Plus lumineux que les albums précédents, Cautionary Tale semble être l’album carthasis pour ce jeune songwriter anxieux dont le seul objectif est de faire des albums. Les critiques américains l’appelaient, à ses débuts “le nouveau Neil Young”. Un surnom qui le terrorise. “La réalité c’est que j’essaie simplement de vivre… Je me fous d’être célèbre, ça m’effraie… Être surnommé “le nouveau Neil Young” me fait peur. Il n’y a qu’un seul Neil Young et ce n’est pas moi. Je suis juste un motherfucker”.
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