On a vu le pilote de Vinyl, la série de Martin Scorsese et Mick Jagger
Vinyl, c’est la série qu’on attendait depuis des années sans le savoir. Aujourd’hui, plus besoin de regarder Almost Famous chaque mois pour se plonger dans l’univers rock’n’roll des seventies ou faire le plein d’adrénaline en regardant Les Affranchis pour suivre les aventures d’un groupe d’amis, d’une famille, qui ne suivent aucune règle.
Martin Scorsese et Mick Jagger réfléchissent à ce projet depuis 15 ans. Et ça se sent. Vinyl devait initialement être divisé en quatre films. C’est finalement du côté des séries que le duo s’est tourné. Mais ce pilote de deux heures prouve une chose : HBO tisse une simple toile qui devrait grossir au fil des années. La multitude de personnages, de situations et d’intrigues laisse présager une très longue aventure, et tant mieux.
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Les personnages
De nombreux personnages certes, mais tous gravitent autour de Richie Finestra, patron d’American Century Records, une maison de disques en déclin. Ce héros sensible, amoureux de rock (et des drogues) est joué par l’exceptionnel Bobby Cannavale. Difficile de comprendre pourquoi cet acteur déjà vu dans Sex and the City, Nurse Jackie ou Modern Family n’a pas explosé avant. Pourtant, on ne s’étonne pas du choix de Scorsese : Bobby Cannavale a tout d’un anti-héros qu’affectionne le réalisateur. Autour de son personnage gravitent sa femme (sublime Olivia Wilde) en ex-muse d’Andy Warhol reconvertie en mère au foyer, des managers ou groupes en devenir. Au milieu de cette agitation, on retrouve des musiciens qui ont marqué l’histoire du rock, Led Zeppelin notamment. On regrette cependant ce personnage de Robert Plant surexcité.
Les personnages s’apprêtent à affronter les grands changements de l’époque qu’ils soient sociaux (l’émancipation des femmes semble être un sujet bientôt abordé) ou musicaux. Après tout, comment réussir à remonter la pente en signant des groupes de rock quand le hip-hop et le disco sont sur le point d’exploser ? En ces temps troubles, Richie Finestra découvre un tout nouveau genre de musique, où la rythmique est primordiale et semble descendre du bluzz et du jazz qu’il affectionne tant. En même temps, il se mord les doigts de ne pas avoir signé un groupe appelé Abba, que beaucoup dénigrent mais qui pourrait être un carton selon son instinct.
La musique, héroïne de Vinyl
La musique, finalement le personnage principal de la série. Ici nous sommes plongés en 1973, une période charnière pour le rock qui pousse son chant du signe. Le punk, le disco, le hip-hop… beaucoup de nouveaux style sont sur le point d’émerger. L’occasion de découvrir le groupe fictif des Nasty Bits, à mi-chemin entre les Sex Pistols et The New York Dolls. Le chanteur allumé Kip Stevens est joué par James Jagger, fils du leader des Stones ! Scorsese filme New York comme il sait le faire, nous plongeant au coeur des années 70. Mais surtout, le réalisateur filme l’énergie de la musique comme peu de personnes peuvent le faire. La passion, ce moment où on découvre un groupe en concert et que tout explose en nous.
Le rock, Martin Scorsese connaît bien. A travers différents documentaires, il s’est glissé dans ce monde qui l’a toujours fasciné. No Direction Home : Bob Dylan (2005), Shine a Light (2008) sur l’enregistrement d’un concert new-yorkais des Rolling Stones ou George Harrison : Living in the material world (2011). Aujourd’hui Martin Scorsese prouve une fois de plus qu’il est un pionnier en s’attaquant au rock… en série.
Vinyl, diffusé sur HBO à partir du dimanche 14 février 2016 et sur OCS dès le lundi 15 février 2016 à 20:55.