On y était : Grant Lee Phillips au Point Éphémère
T’as des chansons comme ça qui t’ont causé comme un électrochoc à un moment de ta vie. Des chansons que tu réécoutes très souvent, à différents moments, différents âges. Toi, tu as vieilli, la chanson elle, est intacte. Figée à tout jamais. Elle te rappelle une époque que t’aimais bien. “Fuzzy” de Grant Lee Buffalo en fait partie. Je n’avais jamais vu le groupe. Je ne le verrai probablement jamais. Ils ont joué, un jour à la Cigale. C’était il y a 20 ans. J’avais 10 ans, je mangeais encore mes céréales Chocapic en regardant les dessins-animés. Deux décennies plus tard, Grant Lee Phillips vient chanter une poignée de chansons à une poignée de fans qui eux, ont encore quatorze ans dans leur tête et des étoiles dans les yeux.
Le chanteur est venu tout seul avec sa guitare. Feu d’artifice dans mon cœur. Tu sais combien j’aime ces concerts intimistes qui se déroule en tête-à-tête. L’impression qu’on ne chante que pour toi, même si on est une centaine. Grant Lee Phillips ne chantera pas très longtemps. Pas assez longtemps. Une heure. Peut être un peu moins, mais pendant ce moment-là, il a repris avec des nouveaux arrangements ses vieux titres nineties habillés d’une beauté exquise. “The Hook”, “Stars’n’Stripes”, “Mona Lisa” et bien sûr, bien sûr, “Fuzzy”. Moi, j’ai 18 ans de nouveau. C’est à peu près à cette époque qu’un ancien petit-ami m’a fait découvrir cette chanson. Le petit-ami est parti depuis longtemps mais la chanson figure dans le Top 10 de mes chansons préférées de tous les temps. Je ne pensais jamais l’entendre en live, en vrai, en guitare-voix, dans cette petite salle qu’est le Point Éphémère. Je ne pensais jamais voir Grant Lee Phillips en vrai, me tenir face à un mec drôle et bavard, taquin quand il parle, intense quand il chante.
Ce soir-là, il jouait en co-plateau avec Laura Gibson. Le set de l’éthérée chanteuse m’a paru bien fade après Grant Lee Phillips. D’ailleurs, qu’elle nous pardonne. Nous ne sommes pas restées jusqu’au bout.