Minute mode : Les docus formidables pour voir l’envers du décor
Dans le cadre de son summer of Scandal, Arte a diffusé la semaine dernière le piquant documentaire de Loïc Prigent : Scandales de la mode.
Loïc Prigent, les fans de mode le connaissent déjà depuis un petit bout de temps. Réalisateur, associé de Mademoiselle Agnès, il traîne sa caméra et filme les coulisses des défiles, l’intimité des couturiers et nous rhabille pour l’hiver. Il fait rire aussi la twittosphère en publiant les citations de personnes (dont on ne connaît pas le nom), entendues pendant les différentes Fashion Week. Si vous ne le connaissez pas encore, allez-y immédiatement, c’est le compte Twitter qui t’apportera de la bonne humeur et des fous rires en moins de 140 signes. Revenons à nos chiffons. Dans son documentaire des scandales de la mode, Loïc Prigent s’amuse à énumérer les grosses affaires qui ont secoué la mode. La fourrure, bien sûr, mais aussi les frasques judiciaires de Naomi Campbell, la brouille entre Tom Ford et Yves Saint Laurent (“sortez nous de cette magouille!”), l’arrivée de la mini-jupe, les pénis de Rick Owens, le manque de mannequins black, les publicités de Bennetton (qui reprenaient par exemple les malades du Sida “pour vendre des pulls-over”). On parle aussi du mouvement punk, de cette gueguerre idiote entre les “rockeurs” et les “mods” en Angleterre… etc. Bref, un documentaire à voir absolument. >> http://www.arte.tv/guide/fr/embed/065917-000-A/medium
Karl Lagerfeld Confidential – Rodolphe Marconi : “Une apparition dans la vie des gens”.
Star de la haute-couture, Karl Lagerfeld est arrivé à la tête de la direction de la maison Chanel en 1983 avec un défi de taille : dépoussiérer une maison mourante. En force de coup de génie et de coup de crayon, l’Allemand a largement dépassé les espérances, redonnant ses lettres de noblesse à la griffe aux deux C. On connaît son personnage austère, cette silhouette toujours habillée en noir. Mais en réalité, Karl Lagerfeld est un garçon bien mystérieux qui aime brouiller les pistes sur sa vraie vie. Le réalisateur Rodolphe Marconi a suivi le D.A. dans sa vie pendant deux ans. Dans sa maison, dans ses déplacements entre Paris et New York, dans ses bureaux de la maison Chanel ou encore pendant ses shootings. Il le filme sans lunettes, en train de choisir ses millions de bagues, dans les couloirs de sa maison, pose des questions indiscrètes (sur sa mère, sur sa sexualité) et Karl Lagerfeld répond sans filtre. Parfois abrupt, parfois drôle, parfois cassant, le Kayser se montre tel qu’il est.
Pourquoi on doit le voir : pour le parti pris de la réalisation. Image parfois floue, grain bien visible, c’est comme si cela avait été filmé à l’iPhone, le documentaire façon Périscope avant Périscope. Pas de chronologie, on suit la vie mouvementée de Lagerfeld comme si on était vraiment à ses côtés.
Signé Chanel – Loic Prigent : “Monsieur Karl est là”
On reste dans l’univers Chanel. Loïc Prigent (et oui, toujours lui) a suivi, lui aussi, Karl Lagerfeld pendant la création d’une collection. Des premiers croquis jusqu’au défilé de la collection printemps-été 2004. Cette fois, ce n’est pas Lagerfeld qui est le coeur du sujet mais plutôt les petites mains (de fées) de la maison : les couturières qui passent des heures, des jours et des nuits à confectionner des patrons puis à donner vie aux créations du D.A. On y suit toutes les étapes, tous les métiers de la couture, on regarde travailler tous les artisans qui gravitent autour de Chanel : les demoiselles qui brodent la dentelle, Raymonde Pouzieux (décédée aujourd’hui), la passementière qui travaillait déjà avec Coco Chanel. Cette dernière confectionnait les galons pour les collections haute-couture avec une technique unique. Lagerfeld avait envoyé des stagiaires étudiaient la technique de l’artisane mais personne n’a jamais réussi à percer ses secrets.
Pourquoi on doit le voir : parce qu’on est au cœur du processus de création d’une collection. On est au coeur de la maison Chanel, avec les couturières. On ressent leur stress, leurs peurs, leurs excitations, leurs joies et désillusions. Comme cette Première d’atelier qui doit recommencer une robe après douze jours de travail parce que le tissu choisi au début, ne rend rien.
Dior and I – Fréderic Tcheng
Reprendre au pied levé la direction artistique d’une maison de couture à quelques mois du lancement d’une nouvelle collection, c’est un enfer. Ça été l’enfer de Raf Simmons, nommé directeur après le renvoi de John Galliano (suite aux propos antisémites tenus sur la terrasse d’un restaurant parisien). Le Belge a deux mois pour lancer la nouvelle collection et n’a pas le droit à l’erreur. Pendant toute la création, le réalisateur Frédéric Tcheng suit le directeur artistique et son équipe de couturière. Raf ne dessine pas, il donne des idées qu’il puise à droite et à gauche : dans les mémoires et les croquis de Monsieur Christian Dior, mais aussi dans la peinture puis, il laisse le soin aux stylistes de dessiner les tenues. Pour sa première collection, il modernise le style “New Look” : le fameux tailleur très cintré et la longue jupe évasée. Là aussi, on suit les étapes de la création mais dans un temps record. Le choix des tissus, l’impression des motifs, les coups de sangs de Raf Simmons qui ne comprend pas pourquoi sa Première d’atelier doit partir à New York pour s’occuper d’une cliente alors qu’il y a une collection à lancer, mais aussi le choix d’un lieu pour le défilé. On regrette une chose : les nombreuses interviews qui coupent le rythme du film.
Pourquoi on doit le voir : juste pour le plaisir de pouvoir comparer avec le travail de Karl Lagerfeld et comprendre tous le travail qui est fait par les couturières pour le directeur artistique.
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