“Semper Femina” : féminité plurielle selon Laura Marling
CHRONIQUE – Laura Marling a sorti son sixième album, Semper Femina. Un album folk d’une femme pour les femmes. De toute beauté.
“Fickle and changeable, semper femina” – Virgil. Cette phrase, que l’on traduit par “volage et changeable, toujours femme”, est tatouée sur la cuisse de Laura Marling. Une phrase gravée depuis qu’elle a 21 ans. C’est le point de départ du sixième album de l’Anglaise. À l’heure où l’on débat (encore) de la question du féminisme, la chanteuse a tenté de redéfinir la féminité et l’expression artistique au féminin dans un album à neuf chansons, étirées, épurées. Cet album, c’est une déclaration d’amour à la femme. Aux femmes. Toutes.
Beauté pour toutes, par toutes
Au départ, elle avait écrit Semper Femina en se mettant dans la peau d’un homme. Comment écrirait-il, décrirait-il la femme ? Puis, au fur et à mesure de son écriture, de sa fabrication, elle s’est rendue compte que c’était bien elle qui écrivait sur les femmes. Avec une proximité, une intimité. Une vérité. Avec une voix plus parlée que chantée, elle raconte des histoires courtes qui les concernent. Les amours perdus, les sentiments, les déboires, les souvenirs, les projections, les envies et les regrets. Elle raconte les femmes abandonnées (I feel her, I hear her weakly scream) “Next Time”, elle clame le besoin d’être libre, forte et indépendante (I don’t want to be the kind, struck by fear to run and hide).
Les ruptures sont aussi abordées. Le besoin de couper tout court, de tourner la page (You can’t come here, you don’t live here, I banish you. With Love – “Soothing”). La violence dans la douceur. La main de fer dans le gant de velours. Le velours, justement, c’est dans cette noble étole que sont enfouies les chansons de ce sixième album. Une guitare sèche ou électrique, des batteries légères, de la reverb’, des ondulations, des harmonies planantes, ce finger picking délicat et des titres qui semblent avoir été capturés sur le vif. Presque brut.
La proximité de la voix donne l’impression de chansons susurrées dans l’oreille. Une voix plus assurée que jamais qui se promène tantôt sur le terrain de la country, du folk pur, qui se balade chez Bob Dylan et Léonard Cohen. Ce sont ses talents de conteuse qui sont révélés dans ce Semper Femina. C’est d’une beauté sans nom. La beauté, d’ailleurs, s’il fallait une raison de la chercher, Laura Marling l’explique : “We Love beauty because it need us to”.
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