Pas assez “Villains”, le nouveau Queens Of The Stone Age
CHRONIQUE – Les Queens Of The Stone Age ont sorti le 25 août le très annoncé, attendu, promu Villains. Aïe. Pas convaincus.
Inutile de redire ici à quel point l’ensemble de l’équipe Rocknfool, ou presque, est fan de Josh Homme et sa bande. Les différents albums de QOTSA (Queens of The Stone Age, ndlr), les collaborations très réussies notamment auprès d’Iggy Pop… Tout ce qui s’approche de près ou de loin du géant roux nous séduit à chaque fois. Bon, et bien on va dire que Villains sera l’exception qui confirme la règle. Car on s’ennuie ferme depuis la première écoute hier… Hélas…
Nous avions pourtant été très enthousiastes à la sortie du premier extrait, “The Way You Used to Do”, et on s’imaginait donc un album dans la veine de ce titre ultra-nerveux, au fox-trot vintage mais pourtant estampillé QOTSA à des kilomètres. La guitare y était grinçante comme on aime, le phrasé de Josh cinglant et nerveux, on se léchait déjà les babines de bonheur en espérant la suite.
À qui s’adresse cet album ?
Eh bien elle est là, la suite, et nous voilà bien perplexes. À qui s’adresse cet album ? Pas aux fans de la première heure, qui devraient tourner les talons en lisant que Mark Ronson est derrière les manettes. Pas non plus aux fans post …Like Clockwork, car ils ne retrouveront pas le stupre, la sexualité, la mélancolie sombre et envoûtante de ce précédent génial album. Et pas non plus à des fans disons plus commerciaux, plus “Mark Ronsonien” d’ailleurs, car les morceaux, sans être vraiment stoner, ne sont pas non plus réellement accessibles au quidam radiophonique. La griffe de Ronson est assez difficilement reconnaissable ou identifiable.
Nous avons donc là un album de neuf titres, composé par des légendes absolues du rock actuel et qui nous fait pourtant l’effet d’une pizza à l’odeur délicieusement intenable depuis le four à bois, mais sur laquelle, une fois amenée sur la table, on aurait oublié toute garniture, ni mozza, ni jambon, ni olive, ni… RIEN. Un peu insipide l’affaire, non ? Et puis malgré la pâte, on reste forcément sur sa faim…
La déception est double car il faut dire que les QOTSA sont devenus maîtres ès marketing. Du faux interrogatoire/sketch délirant où les membres mentent de manière éhontée au polygraphe en bons “Villains” qu’ils sont, aux clips disponibles en exclusivité sur l’Apple TV, où Josh Homme donne dans le déhanché à la Travolta pour nous affoler comme des midinettes, en passant par la récupération de l’imagerie de l’éclipse totale de soleil aux USA ces derniers jours : le produit Villains nous avait été fort bien vendu. Mais à trop faire monter la mayonnaise, on finit peut-être par la faire tourner avant même de l’avoir servie.
Villains, un album de faces B
On ne va pas répertorier un à un chaque titre mais se contenter de retranscrire le ressenti global. La voix d’Homme est particulièrement bien mise en valeur, ce qui est un régal pour les amateurs de son timbre aussi délicieusement grave que falsetto. Les effets, la réverb’, tout est fait pour la sublimer. Les synthés sont très présents, créant une atmosphère de fin du monde si typique du groupe. Mais finalement, ils le sont peut-être un peu trop (la faute à Ronson ?), ne s’effaçant pas au fur-et-à-mesure du titre pour laisser la place aux guitares, comme on en a l’habitude chez QOTSA.
Une fois passé “The Way You Used To Do”, qui n’est que le deuxième titre de l’album (ouch), et bien il ne se passe plus grand chose. À la limite, un léger soubresaut sur la fin avec “The Evil Has Landed”, deuxième extrait de l’album. Pas de refrain catchy qui nous rentre dans le crâne en une écoute. Des intros qui ne décollent jamais. Cette sensation de commencer à partir, on dandine, on tapote du pied, mais non, rien à faire, les quatre minutes moyennes de chaque titre se déroulent sans explosion, climax, feu d’artifice, eargasme. On a affaire à un recueil de faces B, lisses et oubliables, méritant de rester des faces B comme dans 95% des cas des faces B. Bref, on radote mais on s’ennuie ferme. Re-référence culinaire : la mayonnaise ne prend pas.
En live, le groupe demeure une bande de tueurs, donc on ira quand même donner sa chance aux produits. Et en attendant on reprend une louche de “The Way You Used To Do” qui, elle, restera dans nos futures playlists bonne humeur…
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