Johnny Flynn polyphonique et harmonique pour son “dernier” concert !
LIVE REPORT – Johnny Flynn & The Sussex Wit revenaient enfin à Paris, pour présenter leur dernier album, “Sillion”. Une soirée épique.
C’est un de ces concerts, où tu te souviens de la date quatre mois avant. Oui, Johnny Flynn est à Paris le 3 novembre au Café de la Danse. Oui, j’ai bloqué cette date depuis belle lurette. Oui, nous étions là, dès 19h30, pour voir Holly Holden et son palmier gonflable, ainsi que Cosmo Sheldrake, ce magicien des sons. Mais, nous étions surtout là pour Johnny Flynn.
“C’est notre dernier concert de la tournée, c’est aussi notre dernier concert de l’année… peut-être que ça sera notre dernier concert tout court” s’amuse Johnny Flynn en entrée de jeu. Le public, venu en masse, n’est pas du même avis. Le dernier concert de Johnny Flynn dans la capitale date de l’année de sortie de son dernier album Country Mile. En 2013 donc. Et depuis, peu de choses ont changé. À part, peut-être, la sortie de Sillion un nouvel album bien fourni et tout plein de projets cinématographiques. Il a enregistré cet album en plusieurs bouts, entre deux obligations professionnelles et familiale, puisqu’en plus d’être un acteur et un chanteur reconnu, Johnny Flynn est papa de deux enfants. Autant dire que l’Anglais n’a pas chômé.
C’est avec “Raising the Dead” que commence la belle soirée. Comme d’habitude au Café de la Danse, il fait vite une chaleur à crever dans la fosse. Johnny Flynn débarque avec les cinq musiciens de The Sussex Wit quelques minutes avant 21h. Je ne compte pas moins de 14 instruments sur scène, hors accessoires de percussion. Mandoline, flûte traversière, contrebasse, trompette, violoncelle, banjo, harmonium… C’est le grand orchestre, jamais une chanson n’est jouée dans la même configuration que la précédente. En prime de cette polyphonie sonore enjouée, on retrouve forcement de superbes harmonies, assurées au minimum par Johnny et Lilly Flynn, si ce n’est par les six musiciens tous ensemble.
La cadence du concert est élevée, les titres s’enchaînent, le concert durera plus d’1h30. Le groupe explore Sillion, leur dernier album sorti en mars dernier, mais n’hésite pas à piocher parmi les titres énergiques des anciens albums : de “Country Mile” à “Brown Trout Blues” en passant par “Hard Road”. Sans oublier l’une des plus belles chansons de l’univers, “The Water”. Les versions live de ces titres nous donnent l’impression d’avoir été arrangées de façon encore plus dense et fournie.
Lors d’un changement de poste et d’un ré-accordage, Johnny Flynn nous confie qu’il n’est pas spécialement très doué pour tout ce qui est pet talk entre deux titres. Jusque-là, il ne parlait presque pas. Il demande alors au public un sujet de discussion. Le hip-hop et le football sont proposés spontanément par le public. L’Anglais, moyennement emballé mais amusé, enchaîne alors sur un point météo, assurant qu’en Angleterre, c’est le point de départ de n’importe quelle conversation. On rit, forcément.
Le seul passage acoustique, pour les amateurs de guitare-voix aura lieu pendant le rappel. Johnny Flynn revient seul pour la sublime “Heart Sunk Hank”, puis la courte “Detectorists”. Sincèrement, c’est superbe. Tu sais ces moments hors du temps ? Ces deux premières chansons de rappel en sont un. On entend à peine une mouche voler. La joyeuse bande revient pour un final en beauté : la dansante “Fol-de-Rol” et la fameuse “Eyeless in Holloway”. Le sourire est sur toutes les lèvres, sur scène et dans la salle. Une soirée magique.
Setlist : Raising the Dead / Lost and Found / In The Deepest / The Night My Piano Upped and Died / Barleycorn / Howl / Murmuration / Brown Trout Blues / Country Mile / Hard Road / Wandering Aengus / Jefferson’s Torch / The Landlord / Cold Bread / The Wrote and the Writ / The Water / Tinckle Me Pink / The Box / rappel : Heart Sunk Hank / Detectorists / Fol-de-rol / Eyeless in Holloway
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Texte : Emma Shindo / Photos : Sabine Bouchoul