Dan Owen éclipse Alice Merton sur sa tournée française
LIVE REPORT – On est allé trouver Dan Owen sur la scène de La Laiterie, en première partie d’Alice Merton. 30 minutes chrono pour séduire tout un public.
Sur la seule foi du témoignage d’Emma, qui était déjà passée le voir aux Étoiles il y a quelques mois, je me suis précipitée voir Dan Owen mercredi dernier à Strasbourg. Juste après la Maroquinerie et avant Lyon, il faisait la première partie d’Alice Merton, et j’étais bien prête à supporter une artiste Virgin Radio pour le bonheur de voir un mec seul avec sa guitare.
Dan Owen, jeune génie de la scène
C’est toujours un peu compliqué, de faire la première partie d’une artiste qui monte à ce point en ce moment. Il n’est jamais tout à fait sûr que le public accroche, et entre dans le jeu. Il est encore moins sûr de parvenir à le faire pleinement participer. Mais ça, c’est sans compter l’incroyable et surprenante aisance du jeune anglais. Dan Owen arrive donc seul sur scène, avec sa guitare, et son harmonica pas loin. Et là, sans que je ne comprenne vraiment comment, je me suis retrouvée entourée de gens tapant dans leurs mains et chantant avec lui.
Et oui, la magie, c’est qu’avec une guitare et une poignée de chansons, le jeune Anglais a réussi en quelques minutes à emballer littéralement tout le monde, en présentant un beau mélange de style. De la chanson d’amour pour cette fille qu’il retrouvait quand il rentrait chez lui, au tube radio de son dernier single (essaie seulement de te sortir “Icarus” de la tête une fois entendue), tout fonctionne grâce à la voix grave et rauque doublé d’un sourire franc et contagieux. Mais le trop court set finit surtout en apothéose sur une magistrale reprise de Willie Dixon. Là, on comprend que si Dan Owen maîtrise si bien le changement de styles, c’est qu’il possède une base blues absolument impeccable. À l’harmonica, il propose une version frénétique sur sa stomp box, qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les reprises précédentes des Rolling Stones ou même Howling Wolf. Et quel bonheur, quel bonheur de savoir que la jeune génération présente à ce concert aura eu une belle démonstration de blues pur et dur en venant voir un concert de pop.
Un concert trop calibré
Car le concert d’Alice Merton est tout de même très pop, et malheureusement pas forcément dans le meilleur sens du terme. La Germano-Britannique à l’EP qui a conquis l’Europe avec “No Roots” fait partie de ces artistes qui ne passent pas vraiment par la case petites salles. Et c’est bien dommage, car on aurait aimé la voir dans un cadre plus naturel. Là, tout est trop calibré, tout est trop travaillé et bien trop cliché. Quand elle veut faire sauter le public, elle annonce que la chanson à venir fait toujours danser tout le monde. Quand elle veut chanter une chanson d’amour cheesy, elle demande de sortir les lumières de téléphone portable et les briquets. AU SECOURS. On ne peut pas faire ça.
Devant ce rythme imposé par un set trop huilé, je me sens un peu prise en otage et m’éclipse à l’arrière. Le public réagit bien, mais musicalement, il faut être honnête : c’est fade. Et tellement répétitif. Même “No Roots” tombe un peu à plat tant elle manque de punch… L’intermède solo au piano n’enlève rien de cette impression. Aucune vraie émotion ne ressort de tout cela. Et ce ne sont pas ces intermèdes sur ses relations aux labels (qui ont refusé sa musique en l’état, disant qu’il fallait changer plein de trucs pour que ça marche) ou son producteur (à qui elle a écrit une chanson suite à une prise de bec) qui parviendra à nous faire avaler la pilule de son indépendance à toute épreuve. Oui Alice, tu veux montrer que tu t’es faite seule. C’est très bien. Mais contente-toi peut-être de le prouver par ta musique. Ça sera tellement, tellement plus efficace.
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